Corse Net Infos - Pure player corse

Nouvelle promotion de l'IRA : ces élèves qui ont choisi Bastia


Laurent Hérin le Samedi 2 Mars 2024 à 19:28

L’Institut Régional d’Administration de Bastia recevait, ce vendredi 1er mars, dans ses locaux du quai des Martyrs à Bastia, les 115 élèves de sa 48e promotion. CNI est allé à la rencontre de son directeur, Gérard Clerissi et de trois élèves très motivés par leur arrivée en Corse.



C'est tout sourire que les élèves de cette promotion sont arrivés à l'IRA de Bastia © LH
C'est tout sourire que les élèves de cette promotion sont arrivés à l'IRA de Bastia © LH
Aymeric, 26 ans, a travaillé deux ans en préfecture puis, pendant 14 mois, comme assistant de justice, en juridiction administrative. Il a obtenu, cette année, l’oral du concours de l’IRA. Originaire de Bourgogne, il a migré dans le sud de la France il y a trois ans : « Je voulais venir à Bastia, encore plus au sud, surtout pour bénéficier d’une bonne formation de cadre de l’État. »
Marie, 46 ans, fonctionnaire depuis 13 ans, a passé le concours de catégorie B de la fonction publique. Inscrite en même temps au concours de l’IRA, elle a dû renoncer à son poste au ministère des armées. Bastia était pour elle un choix évident en raison de ses origines : « Je suis installé à Toulon, mais ma famille vit ici. La réputation de l'IRA de Bastia a également fait pencher la balance. »
Mamadou, 43 ans, a été policier à Marseille pendant 10 ans. Après un passage dans les services de la douane, en Guyane française, il a passé le concours de l'IRA. « J'ai choisi Bastia parce que j'ai grandi à Marseille, que je connais bien l'île, surtout la région de Porto-Vecchio, et que je voulais suivre une formation de qualité. »

En effet, tous trois attendent d’être bien formés afin de se sentir plus légitimes dans leurs futures fonctions. « On veut pouvoir intégrer un poste qu’on aura choisi, si on obtient un bon classement évidemment ! » Ils sont là aussi pour élargir le champ de leurs compétences et développer des responsabilités accrues dans la fonction publique. Enfin, la découverte de la Corse a compté dans leur choix, tout comme l'envie d'apprendre de ce territoire, des intervenants et des camarades qu'ils vont côtoyer pendant six mois. « L'objectif est de devenir un bon attaché d'administration pour mieux administrer plus tard » précisent-ils en chœur. Ils ont jusqu'à fin juillet pour faire leurs preuves et obtenir un bon classement.

Gérard Clerissi : « Transmettre au mieux les outils de base du cadre administratif »

Gérard Clerissi est directeur de l'IRA de Bastia depuis 2019 © LH
Gérard Clerissi est directeur de l'IRA de Bastia depuis 2019 © LH
- Depuis quand êtes-vous directeur de l’IRA de Bastia ?
- Je suis arrivé en septembre 2019 au moment où la réforme se mettait en place. J’attaque donc ma 5e année et ma dixième rentrée puisque nous vivions, jusqu’à présent, au rythme de deux promotions par an. À partir de janvier 2025, la formation durera 8 mois et non plus 6. Le stage d'un mois et demi est réintroduit, il avait été supprimé durant ces cinq années. Après, le principe reste la même : leur transmettre au mieux les outils de base du cadre administratif.
 
- C’est donc une rentrée un peu particulière ?
- Chaque rentrée est un moment fort, donc, imaginez quand il y en avait deux par an. Ça impliquait une dynamique particulière. Les équipes des cinq instituts régionaux d'administration de France – à Bastia, Lille, Lyon, Metz et Nantes – étaient sur la brèche en permanence. Un maelström constant qui demandait une énergie supplémentaire. Le fait de revenir à une promotion par an devrait nous permettre, à travers des phases un peu plus calmes, de réintroduire la formation continue. On pourra réinterroger nos pratiques, faire de l’ingénierie pédagogique et travailler plus à froid.
 
- Et pour les élèves, l’occasion de mieux découvrir le territoire ?
- Bien évidemment, surtout ceux qui feront leur stage ici. Ils vont découvrir le monde professionnel insulaire et les spécificités du territoire. Les autres auront plus de temps dans leurs allers-retours sur le continent. C’est une période privilégiée de pouvoir consacrer dans sa vie, six mois aujourd’hui et bientôt huit à une formation aussi lourde. À moins qu’ils choisissent de prolonger dans d’autres écoles du service public comme l’Institut national du service public (INSP, ancien ENA) et de repartir sur un cycle de formation.
 
- Quel est le profil de ces élèves ?
- Il n’y a pas de limites d’âge ! C’est une très grande valeur du service public. Trois types de population : des externes, souvent en fin d’études, des internes, fonctionnaires de catégorie C ou B, ils sont là pour franchir un cap, ils connaissent déjà l’administration et enfin, tout le reste qui peuvent venir du privé, du milieu associatif ou même des élus. Ça leur permet d’intégrer la fonction publique d’état. Ils représentent environ 10 % de la promotion, les internes 40 % et les externes 50 %.
 
- Ils vont rencontrer le Préfet Michel Prosic très bientôt ?
- Oui, on a cœur d’organiser ces rendez-vous. Le Préfet leur consacre toute une soirée, un échange enrichissant. Il y a un lien très fort entre l’IRA et la Préfecture, nous sommes partenaires sur pas mal d’opérations. Le Maire de Bastia est l’autre personnalité qu’ils rencontrent. Également un moment sympa et très apprécié de nos élèves.
 
- Comment évoluent ces promotions ?
- Déjà, les élèves de l’IRA sont des personnes de leur temps, en phase avec les grands enjeux qui traversent notre société. On sent chez eux une forte fibre écologique. La défense de l’environnement et la transition écologique sont au cœur de leurs préoccupations. Ça fait partie de nos domaines de formation qui prennent de plus en plus d’importance. Nous les formons dans ce sens et faisons en sorte, ici, à l’IRA, d’être exemplaire dans le domaine. La transition écologique n’est pas uniquement un thème de conférence, nous agissons dans ce sens avec les actes du quotidien. Nous avons aussi cette génération Y qui veut concilier vie privée, vie familiale et vie professionnelle. Parce qu’il n’y a pas que le travail dans la vie ! Il y a moins de profils carriéristes qu’il y a quelques années. Sans rien sacrifier, ils cherchent un équilibre. Ce paramètre pèse dans leurs choix de postes.
 
- Combien d’élèves ?
- On est passé de 80 à 115 cette année. Il y a un effet masse qu’on avait plus l’habitude de voir. C’est la première marche d’une massification qui va monter en puissance. Nous attendons 192 élèves en janvier 2025. L’état est confronté à des besoins de recrutement importants pour une raison démographique. Des départs à la retraite massifs vont laisser de la place. Avant la réforme de 2019, il nous arrivait d’accueillir 130, 140 élèves, mais jamais autant. Nous allons pousser les murs et surtout organiser des réaménagements internes. Nous allons réaménager l’espace grâce à des travaux légers. Nous prenons également en compte les problématiques de sécurité liée au bâtiment, pour être en règle. C’est un minimum pour une école qui forme les futurs cadres de l’administration. Nous serons prêts à la rentrée prochaine.

115 élèves sur les bancs de l'IRA de Bastia © LH
115 élèves sur les bancs de l'IRA de Bastia © LH