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Nicolas Lerner, spécialiste de la sécurité intérieure française passé par la Corse, prend la tête de la DGSE


CNI avec AFP le Mardi 26 Décembre 2023 à 18:09

Le préfet Nicolas Lerner, qui était depuis cinq ans le patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), a été nommé ce mercredi 20 décembre à la tête de la DGSE, le renseignement extérieur. C'est ce qu'a annoncé ce mercredi sur X le ministre des Armées Sébastien Lecornu. C'est la première fois que le dirigeant d'un service de renseignement intérieur prend la tête du renseignement extérieur du pays.



Nicolas Lerner, énarque, issu de la même promotion qu’Emmanuel Macron dont il est proche, avait été nommé directeur général de la sécurité intérieure en octobre 2018.
Unanimement salué comme un travailleur acharné, un « pro », ce haut fonctionnaire discret de 45 ans a fait toute sa carrière au sein du ministère de l’Intérieur, essentiellement sur les questions de sécurité.
Affecté au secrétariat général de la place Beauvau en 2004 à sa sortie de l’ENA, il est directeur cabinet du préfet de l’Hérault de 2006 à 2008. Il travaille ensuite au cabinet du préfet de police de Paris, avant d’être nommé en 2014 sous-préfet de Béziers.
Coordonnateur pour la sécurité en Corse-du-Sud de 2015 à 2017, il devient en 2018 directeur adjoint du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. En début d'année 2023 le, déjà, directeur de la DGSI, Nicolas Lerner avait été entendu à huis clos par la commission d'enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur l'assassinat d'Yvan Colonna à la centrale d'Arles.


« Un très, très gros bosseur »
« C’est un gros bosseur, un taiseux », dit à l’AFP l’ex-ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui l’a nommé à la tête de la DGSI et vante son « réseau unique ».
« Nicolas est très proche de ses collaborateurs. C’est un très, très gros bosseur, il a un énorme potentiel », le décrit aussi auprès de l’AFP Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, qui est un de ses très proches.
À la demande du président Macron, il a fait de la DGSI la cheffe de file incontestée de la lutte antiterroriste. Nicolas Lerner a « réalisé un énorme travail d’investissement à l’international donnant à la DGSI une crédibilité renforcée » et une visibilité qui « n’existait pas auparavant », complète un spécialiste du secteur.
Côté syndicats de police, on salue un homme « accessible et, en plus, sympa », selon Grégory Joron, chef d’Unité SGP Police-FO. « Je n’ai jamais entendu personne s’en plaindre », ajoute Patrice Ribeiro, d’Alliance.
Comme depuis les attentats de 2015 et dans un contexte de menace terroriste toujours présent, les moyens de la DGSI ont été accrus lors de son mandat. Fin 2023, la direction comprendra un total de 5 000 agents, contre 4 200 fin 2018.


La DGSE critiquée pour un certain nombre d’échecs

Depuis 2017, 43 projets d’attentats islamistes ont été déjoués et 10 projets d’attentats inspirés par la mouvance d’ultra-droite. Plusieurs attentats ont cependant touché le pays, dont deux ces dernières semaines, à Arras et Paris. Dans les deux cas, leurs auteurs étaient suivis par la DGSI.
Toujours soutenu par le pouvoir politique, Lerner avait balayé les accusations d’échec, tout en reconnaissant, dans une interview au Monde, que « chaque passage à l’acte constitue pour nous une amère frustration et une immense tristesse ».
La nomination de Nicolas Lerner met fin au mandat de Bernard Emié, diplomate de formation, à la DGSE pendant plus de six ans.
Rigoureux, parfois sec, évidemment discret, il a notamment mis en œuvre une vaste et complexe réforme de la DGSE, tout en bénéficiant d’une augmentation importante de son budget dans le cadre de deux lois de programmation militaire (LPM) successives.

(Photo Ludovic MARIN / AFP)
(Photo Ludovic MARIN / AFP)