Nanette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse. Photo CNI.
C’est sur deux questions de fonds – les droits des femmes et le processus d’autonomie -, que la présidente de l’Assemblée de Corse, Nanette Maupertuis, a consacré son allocution d’ouverture de la session de mars. « La journée internationale des droits des femmes, qui se tenait hier, revêt un caractère particulier cette année dans un contexte international particulièrement préoccupant dans ce domaine » débute-t-elle. Avant de rappeler « la décision de la Cour suprême américaine du 24 juin dernier relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), les conséquences de la guerre pour les femmes en Ukraine, les répercussions de la crise sanitaire sur le quotidien de milliers de femmes ». Et d’affirmer qu’en Corse comme ailleurs, « les violences sexistes et sexuelles sont un fléau. Les droits des femmes sont sans cesse en péril. Notre territoire n’est en aucun cas épargné ». C’est pour ces raisons, précise-t-elle, qu’elle a signé, le 8 mars, avec près de 50 autres élues, un appel pour demander un plan d’urgence en faveur de l’égalité femmes-hommes dans les territoires. « Sur ce terrain comme sur d’autres, le compte n’y est pas et les moyens restent trop faibles pour affronter de manière efficace le problème ».
La capacité réelle
Evoquant le rapport sur l’égalité hommes-femmes et les politiques publiques, qui sera présenté l’après-midi par Lauda Guidicelli, elle pose la question du rôle politique des femmes et de leur « réelle capacité politique à impulser le changement, le conduire et œuvrer à la transformation de ce pays ». Même avec Simone Veil, première femme présidente du Parlement, rapporteur notamment de la loi sur l’IVG, elle estime qu’il s’est toujours agi « d’une action politique réactive au sort réservé aux femmes. Nous sommes toujours dans cette posture réactive car, il faut bien le dire, rien n’est totalement acquis malgré la parité, notamment en matière d’égalité salariale, sociale et ou de pouvoir économique ». La présidente Maupertuis prend appui sur les propos d’Edmond Simeoni qui « en 2008, considérait que l’avenir de la Corse résidait dans le potentiel économique et politique des femmes insuffisamment mis en valeur dans les démocraties modernes. Il n’est donc pas seulement question de symboles, d’égalitarisme, de féminisme, non ! Il s’agit, à un moment précis de la trajectoire séculaire d’un peuple, de mobiliser toutes les capacités de ses composantes au-delà des différences et notamment celles de genre, pour écrire une nouvelle page de son histoire, garantir ses droits individuels et collectifs comme les conditions matérielles et immatérielles de sa survie. Et dans ce projet, les femmes doivent avoir toutes leur place ». Aussi, pour elle, répondre aujourd’hui aux défis auxquels la Corse est confrontée « passe inévitablement par une réflexion sur le transfert de moyens en faveur de l’égalité de genre ».
Une opportunité à saisir
Concernant la troisième réunion de Beauvau le 24 février dernier sur le processus d’autonomie, Nanette Maupertuis se veut positive : « Avec la prudence et la conscience qui doivent guider notre chemin, une fenêtre d’opportunité unique semble s’être ouverte avec la présence du Président Macron. Son intention d’intégrer la Corse dans son projet de révision constitutionnelle nous offre une perspective concrète et il convient dès lors de nous mobiliser ». Revenant sur « l’exigence de travailler sur les défis sectoriels et thématiques - foncier, social et d’autres à venir », elle ajoute qu’il faut désormais « décrire le cadre autonomique dans lequel nous souhaitons évoluer. Ouvrir le champ des possibles d’une révision constitutionnelle dans un calendrier particulièrement contraint nous oblige à travailler, dès à présent, sur les mots et termes qui devront traduire notre projet dans le texte fondamental ». Se référant au modèle des Açores, présenté lors de la réunion et qui a sa préférence, elle cite deux passages du statut, « dont le préambule se révèle particulièrement inspirant pour l’autonomiste que je suis », et qui, selon elle, méritent attention. D’abord l’article 3 : « La Région poursuit, par l’action de ses organes de gouvernement propres, les objectifs suivants : le renforcement de l’unité nationale et des liens de solidarité entre tous les Portugais, la défense et la promotion de l’identité, des valeurs et intérêts des Açoriens et de leur patrimoine historique, le développement économique et social de la Région, le bien-être et la qualité de vie des populations, fondés sur la cohésion économique, sociale et territoriale, ainsi que la convergence avec le reste du territoire nationale et de l’UE. L’atténuation des effets défavorables de l’insularité ». Ainsi que l’article 10 : « La Région assume les fonctions qu’elle peut accomplir de manière plus efficace et plus adaptée que l’Etat ».
Un projet innovant
Pour la présidente de l’Assemblée de Corse, ces deux articles démontrent « qu’il est possible de traduire juridiquement et constitutionnellement le projet d’une île qui, dans le respect de sa spécificité et du principe de subsidiarité, n’aspire in fine qu’à pouvoir concrètement agir au plus près de ses citoyens, pour ses citoyens. Le temps des travaux techniques à ce sujet viendra, tout comme les échanges sur les mesures concrètes sur le foncier et autres domaines, mais la question de fond reste bien celle du projet d’autonomie ». Avant de conclure in lingua nustrale sur le rappel des évènements de mars 2022 après l’agression mortelle d’Yvan Colonna et la nécessité d’offrir à la Corse un projet neuf et innovant : « Per compie, avvemu tutti à mente chi un annu fà, eramu tutti in carrughju, stumacati da l’agressione d’Yvan Colonna. E c’eranu donne, ghjuvanotte quante omi è ghjuvanotti ! A risposta pupulare tandu facia pensà à a nascita di un veranu per a corsica. E se u ricordu è u traumatisimu so’ sempre acuti, oghje tocca à noi à fà sbuccià u fiore di a speranza. Allora, cù cuscienza è impegnu mettimuci inseme à travaglià pè esse all’altezza di un prugettu novu e innuvativu pè a nostra isula. Emu poche settimane pè scrive ciò che no vulemu pè a Corsica d’oghje è quella di dumane. Mà simu, donne è omi, l’Assemblea di Corsica, u populu corsu, è a pudemu fà ! ».
N.M.
La capacité réelle
Evoquant le rapport sur l’égalité hommes-femmes et les politiques publiques, qui sera présenté l’après-midi par Lauda Guidicelli, elle pose la question du rôle politique des femmes et de leur « réelle capacité politique à impulser le changement, le conduire et œuvrer à la transformation de ce pays ». Même avec Simone Veil, première femme présidente du Parlement, rapporteur notamment de la loi sur l’IVG, elle estime qu’il s’est toujours agi « d’une action politique réactive au sort réservé aux femmes. Nous sommes toujours dans cette posture réactive car, il faut bien le dire, rien n’est totalement acquis malgré la parité, notamment en matière d’égalité salariale, sociale et ou de pouvoir économique ». La présidente Maupertuis prend appui sur les propos d’Edmond Simeoni qui « en 2008, considérait que l’avenir de la Corse résidait dans le potentiel économique et politique des femmes insuffisamment mis en valeur dans les démocraties modernes. Il n’est donc pas seulement question de symboles, d’égalitarisme, de féminisme, non ! Il s’agit, à un moment précis de la trajectoire séculaire d’un peuple, de mobiliser toutes les capacités de ses composantes au-delà des différences et notamment celles de genre, pour écrire une nouvelle page de son histoire, garantir ses droits individuels et collectifs comme les conditions matérielles et immatérielles de sa survie. Et dans ce projet, les femmes doivent avoir toutes leur place ». Aussi, pour elle, répondre aujourd’hui aux défis auxquels la Corse est confrontée « passe inévitablement par une réflexion sur le transfert de moyens en faveur de l’égalité de genre ».
Une opportunité à saisir
Concernant la troisième réunion de Beauvau le 24 février dernier sur le processus d’autonomie, Nanette Maupertuis se veut positive : « Avec la prudence et la conscience qui doivent guider notre chemin, une fenêtre d’opportunité unique semble s’être ouverte avec la présence du Président Macron. Son intention d’intégrer la Corse dans son projet de révision constitutionnelle nous offre une perspective concrète et il convient dès lors de nous mobiliser ». Revenant sur « l’exigence de travailler sur les défis sectoriels et thématiques - foncier, social et d’autres à venir », elle ajoute qu’il faut désormais « décrire le cadre autonomique dans lequel nous souhaitons évoluer. Ouvrir le champ des possibles d’une révision constitutionnelle dans un calendrier particulièrement contraint nous oblige à travailler, dès à présent, sur les mots et termes qui devront traduire notre projet dans le texte fondamental ». Se référant au modèle des Açores, présenté lors de la réunion et qui a sa préférence, elle cite deux passages du statut, « dont le préambule se révèle particulièrement inspirant pour l’autonomiste que je suis », et qui, selon elle, méritent attention. D’abord l’article 3 : « La Région poursuit, par l’action de ses organes de gouvernement propres, les objectifs suivants : le renforcement de l’unité nationale et des liens de solidarité entre tous les Portugais, la défense et la promotion de l’identité, des valeurs et intérêts des Açoriens et de leur patrimoine historique, le développement économique et social de la Région, le bien-être et la qualité de vie des populations, fondés sur la cohésion économique, sociale et territoriale, ainsi que la convergence avec le reste du territoire nationale et de l’UE. L’atténuation des effets défavorables de l’insularité ». Ainsi que l’article 10 : « La Région assume les fonctions qu’elle peut accomplir de manière plus efficace et plus adaptée que l’Etat ».
Un projet innovant
Pour la présidente de l’Assemblée de Corse, ces deux articles démontrent « qu’il est possible de traduire juridiquement et constitutionnellement le projet d’une île qui, dans le respect de sa spécificité et du principe de subsidiarité, n’aspire in fine qu’à pouvoir concrètement agir au plus près de ses citoyens, pour ses citoyens. Le temps des travaux techniques à ce sujet viendra, tout comme les échanges sur les mesures concrètes sur le foncier et autres domaines, mais la question de fond reste bien celle du projet d’autonomie ». Avant de conclure in lingua nustrale sur le rappel des évènements de mars 2022 après l’agression mortelle d’Yvan Colonna et la nécessité d’offrir à la Corse un projet neuf et innovant : « Per compie, avvemu tutti à mente chi un annu fà, eramu tutti in carrughju, stumacati da l’agressione d’Yvan Colonna. E c’eranu donne, ghjuvanotte quante omi è ghjuvanotti ! A risposta pupulare tandu facia pensà à a nascita di un veranu per a corsica. E se u ricordu è u traumatisimu so’ sempre acuti, oghje tocca à noi à fà sbuccià u fiore di a speranza. Allora, cù cuscienza è impegnu mettimuci inseme à travaglià pè esse all’altezza di un prugettu novu e innuvativu pè a nostra isula. Emu poche settimane pè scrive ciò che no vulemu pè a Corsica d’oghje è quella di dumane. Mà simu, donne è omi, l’Assemblea di Corsica, u populu corsu, è a pudemu fà ! ».
N.M.