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Municipales à Bastia : Pierre Savelli tire son épingle du jeu, mais l'heure n'est pas à la fête


Livia Santana le Dimanche 15 Mars 2020 à 22:19

Un taux d'abstention historique avec seulement 44,36% de votants. Le maire sortant, Pierre Savelli, qui recueille 30,43 % des suffrages, arrive largement en tête. Le nouveau-venu en politique, Jean-Sébastien De Casalta, réussit une belle performance avec 20,02% des suffrages. Suivi par Jean Zuccarelli qui ne totalise que 13,83 % des voix, alors que Julien Morganti crée la surprise avec 12,42%. Jean-Martin Mondoloni peine à rassembler la droite (8,96%). Déception également pour les deux autres listes nationalistes : 6,29% pour Paul-Félix Benedetti et 5,93 % pour Eric Simoni. Tout aussi inattendu, Filippo De Carlo et ses 2,07%.



Pierre Savelli au moment du dépouillement au bureau centralisateur de l'ancienne mairie, place du marché.
Pierre Savelli au moment du dépouillement au bureau centralisateur de l'ancienne mairie, place du marché.
Au terme du premier tour du scrutin bastiais, le maître-mot reste Coronavirus, donc abstention. Et elle a été record ! Avec un taux de participation de 44,36% de votants, seuls 9 912 Bastiais se sont rendus ce dimanche aux urnes sur les 22 341 inscrits. Ce qui signifie que 12 429 électeurs, soit 55,63 %, les ont boudées. Du jamais vu à Bastia ! Et une baisse de quasiment 35% par rapport au 1er tour de 2014, ce qui s'inscrit dans la grande tendance nationale. « Les gens ont pris Gilles Simeoni au mot et ne sont pas venus voter. On comprend sa demande de report, mais elle a eu un impact sur le vote des Bastiais déjà tétanisés par l'annonce du passage au stade 3 », commente un élu de la majorité municipale. Il est vrai que le spectacle était impressionnant en ce soir d'élection : une place du marché totalement vide et qui l'est restée, un bureau central presque à huis-clos, gardé par des barrières et la police municipale, un dépouillement avec seulement la presse et certains élus. Le Coronavirus était bien là, et son impact redouté est le seul vrai gagnant de cette élection. 

Pierre Savelli largement en tête
Difficile avec un taux de participation aussi faible d'analyser les résultats. Mais une chose est certaine : personne n'est satisfait de ce scrutin. Pierre Savelli voulait arriver largement en tête au soir de ce 1er tour. Le maire sortant escomptait creuser largement l’écart face à une opposition multiple et déterminée à lui ravir son siège. Avec 30,43 % des suffrages exprimés, il obtient une avance de plus de 10 % sur le second, soit 1008 voix, mais il ne totalise que 2942 suffrages. Il arrive en tête dans la grande majorité des bureaux de vote, rafle largement la mise dans pratiquement tous les bureaux du centre-ville, où il flirte jusqu'à plus de 38%, et se maintient dans certains bureaux des quartiers Sud, comme à Joseph Calloni ou Defendini ! Mais est devancé de très peu à Cardo par Jean Zuccarelli, ou encore à la Maison des Quartiers Sud par Jean-Sébastien De Casalta ou à Charles Andrei. Quoiqu'il en soit, la déroute annoncée par l'opposition n'est pas là, même si le maire sortant et son équipe ne crie pas victoire et espérait faire mieux. L'avance n'est pas suffisante pour conforter un 2nd tour et surtout pour faire face à une alliance potentielle des forces d'opposition de droite et de gauche. « Ce n'est pas une déception, même si on espérait faire plus », explique-t-il au micro de CNI :



 

L’opposant n°1
Pas plus satisfait, Jean-Sébastien De Casalta espérait talonner Pierre Savelli. Il réussit, quand même, un beau pari pour son entrée en politique avec 20,02 %, soit 1936 voix, et surtout se place en pôle position comme chef de file de la Gauche et de l'opposition pour une alliance au second tour, si second tour il y a. Il est vrai qu'il avait fédéré derrière lui une partie de la vieille garde zuccarelliste et le président de la CAB, François Tatti. Avec des scores qui oscillent entre 15 % et 22 % dans la plupart des bureaux de vote où il rafle immanquablement la deuxième place. Il décroche la timbale dans certains bureaux des Quartiers Sud, notamment 31,40 % à Lupino, Maison des Quartiers Sud où avec 31,40% des voix, il devance de près de 6% le maire sortant. Egalement à Charles Andrei où il récolte 30,05 %, laissant Pierre Savelli à 24,61 %. Mais lui aussi, ne cache pas sa déception. "C’est une très belle élection même si nous pensions faire mieux. Nous avions le sentiment qu'une vraie dynamique s'était mise en marche ". Et annonce son intention de rassembler toutes les forces d’opposition pour faire tomber l’équipe sortante. "Il est de mon devoir de rassembler et de réussir l'alliance avec les forces d'opposition. Je considère que cette union, nous devons la réaliser. Pour essayer de renverser cet ex-majorité municipale." Ce qui semblait en bonne voix au vu des réactions à chaud de Jean Zuccarelli et de Jean-Martin Mondoloni.

La surprise Morganti
Avec 13,83% des suffrages, soit 1337 voix, Jean Zuccarelli prouve qu’il garde toujours un certain réservoir de fidèles, même s’il continue à s’effriter inexorablement. Il réussit même à arriver en tête à Cardo. Il n’exclut pas une alliance de 2nd tour à condition qu’elle respecte la cohérence de son projet. « Nous avons été favorables à un rassemblement des groupes d'opposition autour d'un projet qui rende compte de l'expression démocratique », précise-t-il. 
La seule vraie surprise vient du score de Julien Morganti qui s’octroie la quatrième place avec 12,42% des suffrages, soit 1201 voix. Le résultat d’une campagne débutée très tôt, tant sur le terrain que sur les réseaux sociaux. Une omniprésence très active qui a payé et qui laisse bien augurer de l’avenir pour ce benjamin des candidats. Il avait, pendant la campagne, annoncé clairement qu’il ne ferait pas d’union, mais ses dernières déclarations ont laissé planer une ambiguïté certaine sur ses intentions.

Des déceptions affichées
La soirée n’était guère à la fête non plus pour les candidats restants. Avec seulement 8,96 %, soit 867 voix, Jean-Martin Mondoloni, pour sa première incursion dans la politique bastiaise, n’a pas réussi, comme il l’espérait, à rassembler toute la famille libérale. Une partie de la droite est restée fidèle à Jean-Louis Milani et à Jo Massoni, qui ont rejoint en 2014 l’alliance victorieuse proposée par Gilles Simeoni et ont continué avec son successeur, Pierre Savelli. Le leader de Per L’Avvene n’a pas, non plus, caché son extrême déception. Lui aussi estime que le coronavirus a joué en sa défaveur. Il s’est dit favorable à « une cohabitation » avec la Gauche et, donc, Jean-Sébastien De Casalta, mais sur d’autres bases que celles de la coalition de 2014 et autour d’un projet commun, vu des points de désaccord certains sur la question sociale.
Grise mine également pour les deux autres listes nationalistes. Les partisans de Paul-Félix Benedetti tablaient sur un score plus élevé. Finalement, le leader de Core in Fronte maintient son score bastiais des Territoriales de 2017. Avec 6,29 % des suffrages, soit 609 voix, il devance Eric Simoni qui dépasse à peine les 5% et ne recueille que 574 voix. Si le premier campe sur ses positions et continue de refuser toute idée d’alliance avec Pierre Savelli, le second réitère son offre de fusion de listes. Enfin Filippo De Carlo affiche un 2,07%, soit 201 voix, un score proche de celui de Jean-François Baccarelli en 2014.

Pas de 2nd tour ?
Quelques soient ou non les velléités d’union des uns et des autres, il y a fort à parier qu’elles ne serviront à rien tant l’hypothèse d’un 2nd tour semble de moins en moins vraisemblable. Avant même la fin du scrutin, la pandémie de Covid-19 a pris le pas sur toute considération politique. Les dernières nouvelles en provenance de Paris, de plus en plus inquiétantes, dessinent le spectre d’une mise en confinement, certains prédisent même la mise en place d’un état d’urgence dans le courant de la semaine prochaine. Ce qui aurait obligatoirement pour effet un report du 2nd tour, et donc engendrerait une annulation du 1er tour. Avec au final, l’obligation de repartir à zéro. En attendant, il y a fort à parier que les négociations iront bon train ce lundi.
 
Livia Santana et Nicole Mari.