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Municipales Bastia : François Tatti dit "Non" à Jean Zuccarelli


Nicole Mari le Mercredi 26 Février 2014 à 01:40

Le débat RCFM-Corse Matin, qui réunissait les 7 candidats à l’élection municipale du 23 mars à Bastia, a confirmé l’union sacrée contre l’équipe sortante. Il s’est clos sur une annonce surprise de François Tatti qui risque de peser lourd sur l’issue du scrutin. Le candidat dissident a opposé une fin de non-recevoir sans aucune ambiguïté à Jean Zuccarelli qui venait d’ouvrir la porte à un dialogue possible. Corse Net Infos vous offre, en prime, les phrases-choc qui ont émaillé les différentes interventions.



Eric Simoni, François Tatti, Gilles Simeoni, Jean Zuccarelli, Jean-François Baccarelli et Jean-Louis Milani
Eric Simoni, François Tatti, Gilles Simeoni, Jean Zuccarelli, Jean-François Baccarelli et Jean-Louis Milani

La réponse à la question que tout le monde se posait depuis la publication du dernier sondage qui donne Gilles Simeoni gagnant à Bastia, quelque soit la configuration du second tour, est tombée, nette, claire et tranchante en fin de débat. « Il n’y aura pas d’alliance. Il n’y aura pas de retour en arrière ! », affirme avec vigueur François Tatti à la question de la possibilité d'un ralliement au 2nd tour avec Jean Zuccarelli.
La dissidence de gauche ne rentrera pas au bercail zuccarelliste au soir du 1er tour pour donner « à l’héritier », comme elle le nomme, la victoire qu’il aura bien du mal à décrocher sans elle ! Une annonce choc qui met fin aux rumeurs de tractations, de pressions, de manœuvres… pour ramener, de gré ou de force, les brebis égarées dans le docile troupeau.
 
Un appel ambigu
Il est vrai que jusque là, les deux camps devenus ennemis en refusaient avec force l’éventualité. « Il n’y aura pas de replâtrage », répétait, à l’envie, Jean Zuccarelli à chacune de ses déclarations. Mais, c’était au temps où l’on croyait la citadelle imprenable. Et puis, vient le fameux sondage qui ébranle la citadelle et bouscule les certitudes. Bien malgré lui, acculé, Jean Zuccarelli n’a plus beaucoup de choix. La question d’un rapprochement avec le duo renégat n’est plus taboue ! En fin de débat, il le concède, malaisément. Après s’être fait copieusement hué par le public en déclarant que « Bastia, étant une ville respectée, ne pouvait pas tomber aux mains des Nationalistes », il finit, sous la pression des journalistes, par donner une réponse biaisée. Ni un Oui, ni un Non, mais un appel à tous les Républicains en agitant le chiffon rouge de la peur qui avait si bien réussi à son père lors du référendum de 2002. Mais les temps changent… ! La main crispée, qui se tend à regret vers une dissidence qu’il se refuse à nommer, se fait aussi menaçante. « Je suis ouvert aux alliances et aux rapprochements autour d’un projet cohérent et clair… Mais, les Bastiais ne laisseront pas certaines combinaisons contre nature s’opérer », conclut-il.
 
Le rejet de l’héritier
Si Jean Zuccarelli se complait dans l’ambiguïté, François Tatti surprend tout le monde par la clarté de sa riposte ! De manière sèche et concise, il rend, à ces anciens amis, la monnaie de leur pièce et leur claque la porte au nez. « Quand en septembre, j’ai reçu la délégation du PRG qui étudiait mon exclusion, je leur ai indiqué qu’ils étaient en train de faire une erreur majeure parce qu’en essayant d’installer un héritier parachuté, ils allaient faire monter les Nationalistes. Ils allaient, ensuite, nous reprocher d’être dans une situation complexe. J’avais dit, à cette époque : Ne coupez pas les ponts ! Prenez vos responsabilités… J’ai été exclu ! Nous avons été, avec Emmanuelle de Gentili, extrêmement maltraités. Je considère que Jean Zuccarelli a rompu toute possibilité d’alliance. Il n’y aura pas d’alliance. Il n’y aura pas de retour en arrière ! », assène-t-il sous les acclamations du public, à l’exception des supporters de l’équipe sortante qui font plutôt grise mine.
 
A chacun, sa responsabilité
Jean Zuccarelli, déconfit, l’interrompt en s’exclamant : « Vous prenez, donc, la responsabilité d’une défaite de la gauche ! ». Réplique immédiate d’un François Tatti qui savoure sa revanche : « Jean Zuccarelli ne représente pas la gauche ! Il représente sa famille ! Les Bastiais rejettent ce parachutage. Beaucoup d’entre-eux sont préoccupés par l’éventualité d’une victoire des Nationalistes. Ma candidature et celle d’Emmanuelle de Gentili sont la garantie du changement progressiste, que la ville de Bastia restera à gauche avec les progrès qui sont nécessaires ».
Une fin de non-recevoir qui laisse le jeu extrêmement ouvert à l’opposition et Jean Zuccarelli bien seul face à ce qui paraît, de plus en plus, ressembler à une union sacrée contre lui, à un « Tout, sauf Zuccarelli ». Ce débat en fut une brûlante illustration, tant du côté des candidats que du public ! Si Jean Zuccarelli a réservé quasiment toutes ses flèches à Gilles Simeoni qu’il désigne, ainsi, comme son seul véritable adversaire, les autres candidats se sont épargnés les uns, les autres pour ne concentrer leur salve que sur l'héritier et son héritage. Même le public, où le fan-club de chaque candidat était équitablement représenté, a fait, souvent, à l’exception bien sûr des supporters de l’équipe sortante, front commun, en réagissant de concert.
 
Les grandes manœuvres
Néanmoins, même si la dynamique semble clairement en faveur de l'opposition et si les imprécations de Jean Zuccarelli contre les Nationalistes sont d'un autre âge, il ne faudrait pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! La citadelle vacille et n’a jamais semblé aussi vulnérable, mais elle n’est pas encore tombée ! Elle ne se laissera pas abattre sans réagir. Elle a plus d'un tour dans son sac. De l'autre côté, difficile, également, de savoir quelles alliances se noueront entre les états-majors d’une opposition qui voudrait bien, pour sa part, recentrer le débat sur les programmes pour éviter d’évoquer des choix épineux. Mais, peut-elle laisser passer une chance historique de reprendre la main dans un jeu où elle est exclue depuis des décennies, réduite à regarder le match depuis le banc de touche ? Le sondage, en renversant la donne à un mois du 1er tour, a précipité les tractations de 2nd tour et contraint le débat à : qui rejoint qui ? Désormais, c’est l’arithmétique qui prime ! Les grandes manœuvres ont commencé…
 
N.M.
 


Petites phrases et extraits choisis

Bilan
 
« Je suis heureux de participer à ce débat parce que Jean Zuccarelli a refusé de débattre avec moi pour les primaires… Quand on a la volonté chevillée au corps, quand on est un bâtisseur, on espère toujours pouvoir mettre en œuvre ce que l’on sait faire. Je l’ai démontré à plusieurs reprises. J’estime que l’on peut développer en mettant de côté les pratiques qui me disconviennent et qui sont des pratiques d’un autre page, à la fois dans certains modes de gestion et dans la manière de gérer le pouvoir ». François Tatti.
 
« On fait table rase d’une ville qui nous ressemble pour bâtir une ville qui ne nous ressemble pas... Il n’y a pas de pilote dans l’avion. Dire qu’il y a eu une bonne gestion, ça me fait sourire ». Eric Simoni.
 
« On aurait pu aller beaucoup plus vite si on n’avait pas eu des oppositions systématiques. Vous vous êtes toujours opposés à tout. Vous étiez opposés au tunnel. Edmond Simeoni était opposé au tunnel. Où serions-nous aujourd’hui sans ce tunnel ? ». Jean Zuccarelli à Gilles Simeoni.
 
« Vous avez un problème psychanalytique avec ce tunnel, peut-être avec mon père et le vôtre. J’avais 8 ans au moment du tunnel. Si j’ai eu un avis, il n’a pas compté beaucoup ! ». Gilles Simeoni répondant à Jean Zuccarelli.

« Il faut stopper ces débats stériles. L’un qui attaque, l’autre qui répond ! Après vos joutes verbales, les problèmes des Bastiais resteront les mêmes ! ». Sylvain Fanti aux autres candidats.
 
Urbanisme
 
« La voie douce, c’est moi qui l’ai élaborée ! ». Jean Zuccarelli à François Tatti qui se félicitait d’avoir initié ce projet.
 
« Si Jean Zuccarelli échoue à cette élection, il peut créer une agence de marketing. Il est très bon pour vendre le travail des autres ! ». Réponse de François Tatti à Jean Zuccarelli sur la voie douce.
 
« Le problème du stationnement à Bastia est le résultat d’une urbanisation faite sans cohérence ». Jean-Louis Milani.
 
« Honte à ceux qui ont imaginé le Fango qui subit une urbanisation anarchique. Le même problème se reproduit au Sud derrière l’Ostella. Il y a un manque de vision urbanistique ». Sylvain Fanti.
 
« Bastia est la seule ville en Europe où on se met en tête de détruire le patrimoine et des maisons du 16ème siècle. C’est invraisemblable ! Cette municipalité, entre ce qu’elle a fait au niveau du Fangu, les constructions sur terrains amiantifères qui sont un danger pour la santé, la destruction programmée de l’Arinella qui est la dernière plage qui nous reste et le Puntettu, c’est une œuvre de destruction massive ! Il va falloir demander à l’ONU de nous protéger ! ». Eric Simoni.
 
Logements sociaux
 
« Quand vous dites que ce système n’existe pas, combien il y aura de gens dans cette salle et à Bastia qui vous croiront ! Personne ne vous croira ! ». Gilles Simeoni à Jean Zuccarelli en dénonçant le système d’attribution des logements sociaux.
 
« Gilles Simeoni a affirmé des allégations tout à fait gratuites. Nous sommes dans l’action, dans le concret. Nous ne sommes pas en permanence en train de dire des poncifs ! ». Jean Zuccarelli répondant à Gilles Simeoni.
 
« Les appartements de l’Office HLM sont dans un état déplorable. Certains n’ont pas été réhabilités depuis 30 ans. On peut être solidaire d’un bilan et on peut dire que la gestion de l’Office HLM a été catastrophique. Eric Calloni a démissionné parce qu’il n’était pas d’accord avec la gestion des HLM ». François Tatti.
 
« J’ai administré l’Office HLM de 2004 à 2008. On m’a mis dehors parce que j’étais l’empêcheur de tourner en rond. Sur les 23 membres, il n’y a pas un seul membre de l’opposition parce qu’on ne veut pas montrer la cuisine électorale. Les commissions de contrôle d’attribution des logements sont accablantes. Les Préfets ne font rien du tout. On est en présence d’un chauffard qui franchit la ligne blanche. On lui retire son permis, mais il recommence comme si de rien n’était ». Jean-Louis Milani.
 
« Il faut sortir du système du logement social électoral ! Qui peut dire pourquoi on a donné un logement à Paul plutôt qu’à Jacques ? Parce qu’il a voté comme on lui a dit ! ». Eric Simoni.

« Si je comprends bien vous êtes fiers que 30% de la population bastiaise ait besoin de logements sociaux ! ». Sylvain Fanti à Jean Zuccarelli.
 
Insécurité
 
« Le rôle d’une police municipale n’est pas de mettre des contraventions du matin au soir à des gens qui travaillent ». Eric Simoni.
 
« Si on fait des quartiers qui ressemblent aux quartiers nord de Marseille, on aura les mêmes problèmes que les quartiers Nord de Marseille». Eric Simoni. 
 
« Il y a un problème d’insécurité à Bastia. Il ne faut pas fermer les yeux ! ». Jean-François Baccarelli.
 
« A Bastia, les gens ne se parlent plus. Les communautés se dressent les unes contre les autres ». Sylvain Fanti.
 
« La Mairie doit faire car le problème de sécurité est désormais le sien. Dans tous les quartiers de Bastia, ça deale en toute impunité ». François Tatti.
 
« On est en train d’omettre les actes de violence auxquels notre ville est soumise très régulièrement. Et là, il n’y a aucune prise de position, aucune condamnation et certains de mes adversaires sont aux abonnés absents. Quand on veut éduquer le civisme de notre jeunesse, il faut avoir le courage de dire : Non, on ne va pas brûler des bâtiments publics ! ». Jean Zuccarelli.
 
« Le problème de la délinquance, c’est aussi de faire voter les gens sous la contrainte. Vous comparez ceux qui se battent pour leurs idées avec des dealers ! C’est indigne ! Ce sont des amalgames honteux ! ». Eric Simoni répondant à Jean Zuccarelli.
 
Le Port de la Carbonite
 
« Un amendement sournois, pour ne pas dire scélérat, à l’Assemblée de Corse a essayé de différer et d’écarter totalement le port du PADD. C’est un projet incontournable. Nous ne pouvons pas le laisser passer. Je ne vous laisserai pas user de tous les artifices pour que ce projet ne se réalise pas. Le projet sera réalisé avant 2024. Les travaux vont débutés avant la fin de cette mandature ». Jean Zuccarelli à Gilles Simeoni.
 
« Accordez vos violons avec Paul Giacobbi et Paul-Marie Bartoli ! Vous n’êtes pas prêts au plan financier, technique, environnemental et stratégique. Comment pouvez-vous faire semblant de croire que vous allez financer des dépenses certaines avec des recettes aléatoires que vous n’avez pas encore ? Ce n’est pas sérieux ! La seule position raisonnable pour un élu est de s’assurer que toutes les données et les réponses sont sur la table. Aujourd’hui, elles ne le sont pas !  ». Gilles Simeoni à Jean Zuccarelli.
 
« Le port actuel est obsolète. Nous sommes en danger. On ne peut pas encore mégoter sur la création de ce port. Il faudra du temps pour le réaliser, peut-être 3 ou 5 mandatures et il faut se battre pour le réussir. Il faut faire un super port, un éco-port ». François Tatti.
 
« Ce projet n’a aucune justification, aucun besoin réel. On a menti aux Bastiais. C’est une escroquerie intellectuelle. On a consciencieusement détruit toutes les plages de Bastia. On va détruire la dernière à l’Arinella. Partout dans le monde, les plages en villes sont un joyau. Sur la Promenade des Anglais à Nice, ils ne vont pas faire un port de commerce. Ils ne sont pas fous, eux ! A Nice, 300 m2 de posidonie, interdiction totale d’y toucher ! Ici, on a fait du lobbying pour obtenir une dérogation scandaleuse pour massacrer 70 hectares de posidonie. On ose parler de développement durable. Un éco-port de commerce, ça n’existe pas. Ils sont à la protection de la nature ce que Jack l’éventreur est à la condition féminine ! On prend les gens pour des imbéciles. On parle de faisabilité. Le projet est faisable. Le problème, c’est qu’il ne faut pas le faire ! ». Eric Simoni.
 
« Si on me dit que la plage de l’Arinella ne sera pas détruite, pour l’instant il n’y a aucune assurance. Le débat, qu’il y a eu il y a quelques années, a été faussé. Il faut développer un port en centre-ville, sans quoi ce serait une catastrophe économique. Si le port est à l’Arinella, les touristes ne viendront plus à Bastia. Il faut relancer le débat et faire un référendum local ». Jean-François Baccarelli.
 
« Je suis pour. C’est un projet qui va changer le centre-ville de Bastia, soit en le tuant, soit en le rendant prospère ! ». Sylvain Fanti.
 
« Je suis pour avec des réserves sur le financement. Quand on sait ce qu’a coûté le stade de Furiani en 20 ans, on peut se demander combien, d’ici à 2040, ce port va coûter ! Je ne voudrais pas en tant que responsable politique laisser une catastrophe écologique sans précédent irrémédiable». Jean-Louis Milani.
 
Politique/ Election 2nd tour
 
« Je demande à tous les Bastiais de se rassembler pour que Bastia ne tombe pas aux mains des Nationalistes. Il faut faire barrage aux Nationalistes parce qu’il s’agit bien de cela. Il n’y a pas les modérés et les durs. Il y a les frères d’armes ». Jean Zuccarelli.
 
«  Il y a 7 Bastiais sur 10 qui ne veulent plus du système que vous incarnez. Vous êtes en déphasage complet avec la réalité de Bastia et la réalité de la Corse. Vous essayez de dresser des murs là où nous essayons de construire des ponts. Vous essayez d’exclure et de faire peur, là où il faut apaiser, réconcilier et travailler ensemble à construire l’avenir. On n’est plus au temps de la CFR ! Qui peut avoir peur, aujourd’hui à Bastia, de la démarche d’Inseme per Bastia ? Qui peut vous croire quand vous dites qu’en votant pour nous, qu’avec Inseme per Bastia, le Dr Monique Maymard, le Dr Mathieu, Didier Grassi, Gilles Simeoni, les 43 colistiers de la liste et les dizaines de milliers de Bastiais qui sont avec nous, on va mettre des cagoules à la mairie ! Qui peut vous croire ! Personne ! ». Gilles Simeoni répondant à Jean Zuccarelli.
 
« Il est clair que nous voulons que les convergences entre Nationalistes s’opèrent au 2nd tour. Ce ne sera pas la victoires des Nationalistes contre les autres, mais la garantie d’une alternance et d’une alternative au sein de l’alternance. Je ne vois ce qui pourrait s’opposer à ces convergences ». Eric Simoni.
 
« On ne fera pas de chèque blanc à qui que ce soit au 2nd tour ! ». Jean-François Baccarelli
 
« Au soir du 1er tour, je me déterminerai en fonction des programmes et des valeurs que je défends. Avoir une stratégie aujourd’hui, avant le 1er tour, ce serait indécent vis-à-vis du corps électoral. Laissons le s’exprimer et on avisera ensuite. Après le 1er tour, ma position sera connue et les électeurs s’exprimeront en toute connaissance de cause ». Jean-Louis Milani.
 
« Ce qui me fait assez peur, c’est qu’on nous présente cette élection comme un choix entre deux personnes : soit la gauche séculaire, soit les autonomistes romantiques. Pourtant, il existe une autre voie, une nouvelle génération de droite capable de relever tous les défis, de briser tous les fatalismes. Tout a été fait depuis des dizaines d’années pour faire disparaître la droite à coups de stratégies décalées des communes qui avoisinent Bastia ! ». Sylvain Fanti.