![Photo : Michel Luccioni. Photo : Michel Luccioni.](https://www.corsenetinfos.corsica/photo/art/default/76500810-54780674.jpg?v=1699463370)
- On observe sur tout le territoire français une recrudescence des actes antisémites. Nous sommes nombreuses, personnalités de Corse ou de la diaspora à connaître l’histoire de notre île et son engagement contre l’antisémitisme. Comme nous le rappelons dans cette tribune, la Corse s’est honorée de ne dénoncer aucun Juif à l’occupant durant la Seconde Guerre mondiale. La Corse a d’ailleurs été récompensée par deux Ménoras d’or en 2017, décernés symboliquement aux deux départements pour saluer cet engagement contre l’antisémitisme. C’était important pour nous, à la fois d’apporter un message de soutien à toutes les personnes juives qui se sentent victimes d’antisémitisme, et d’autre part, c’est aussi pour montrer que l’on peut sortir du silence sur ce sujet. Aujourd’hui c’est devenu un acte de courage que de dire que l’on est contre l’antisémitisme.
- Dans cette tribune, sont à la fois réunis des historiens comme Michel Verger-Francheschi, un sportif comme Pascal Olmeta, des intellectuels, des universitaires, des hommes d’affaires. C’était important pour vous de montrer cette unité de la Corse. C’était important justement que des personnes de divers horizons soient représentées ?
- Oui, bien sûr. Toutes les tendances politiques sont représentées. On dit souvent qu’il y a des divergences existantes entre les signataires, et on trouvait qu’avoir sur une même Tribune des élus, autonomistes ou nationalistes pour certains, plus proches de la majorité pour d’autres, montrait que toute la Corse était unie. Que l’île sait mettre de côté ses divergences quand il s’agit de défendre ses valeurs et d’être à la hauteur de son histoire.
- 1 040 actes antisémites ont été recensés en France en un mois, aucun en Corse, est-ce selon vous, lié au passé de la Corse avec la communauté juive, durant la Seconde Guerre mondiale notamment ?-
- Je pense que l’histoire se transmet de génération en génération, même si on ne l’apprend pas assez. Je trouve que l’on devrait apprendre dans les livres d’histoire que la Corse était le "premier morceau de France" à se libérer de l’occupant comme l’appelait le Général De Gaulle. On devrait également apprendre partout en France que la Corse n’a dénoncé aucun Juif durant cette guerre. Qu’énormément d’enfants juifs ont été cachés et protégés par des familles corses, c’est important de le savoir et de le transmettre. Il existe de nombreux travaux historiques sur cette mémoire de l’engagement de la Corse durant cette guerre qui doit être transmise. Je pense que c’est d’ailleurs pour ces raisons, qu’il n’y a, aujourd’hui encore, pas d’acte antisémite en Corse.
- C’est ça, selon vous, l’exemple corse dont vous parlez dans cette tribune ?
- Oui, d’une part, mais également du fait de la tradition d’hospitalité en Corse. Il y a des siècles de ça, la Corse était une terre d’accueil pour des Juifs qui étaient chassés et persécutés, je pense que cette histoire d’amitié entre ces peuples s’est forgée à travers le temps.
- On entend depuis quelques jours certains Juifs dire qu’ils réfléchissent à venir s’installer en Corse, qu’en pensez-vous ?
- Tout à fait. Moi, je comprends que lorsque l’on a peur d’envoyer son enfant à l’école, de sortir dans la rue, de donner son nom ou d’exercer son métier, on y songe. C’est quelque chose qu’on ne voit pas en Corse. Le fait que cette communauté puisse savoir qu’elle peut compter sur des personnes qui seraient disposées à l’aider est important.
- En avez-vous rencontré des personnes juives réfléchissant à venir vivre en Corse ?
- Oui, beaucoup de personnes juives que j’ai croisées m’ont d’abord remercié pour cette tribune, et avant ça, m’ont dit « heureusement que la Corse est là. Que l’on a des messages de soutien des Corses ». Une dame m’a dit qu’elle avait une chambre en plus et qu’elle pouvait accueillir, si besoin, quelqu’un chez elle pendant quelques semaines. Un entrepreneur m’a dit qu’il veut bien aider des juifs à s’établir ici.
La tribune publiée dans le Figaro
Au XVIIIe siècle, Pascal Paoli déclare que «les Juifs ont les mêmes droits que les Corses puisqu'ils partagent le même sort». L'auteur de la première constitution écrite du monde sacralise les Juifs comme citoyens au même titre que les Corses.
Plus tard encore, en 1915, alors que l'Union sacrée n'a pas effacé les stigmates de l'affaire Dreyfus, 800 juifs expulsés de Palestine par l'empire Ottoman débarquent à Ajaccio, puis à Bastia et forment de nouvelles communautés.
Durant la Seconde Guerre mondiale, quand l'antisémitisme est à son comble, la Corse s'honore de ne dénoncer aucun Juif à l'Occupant. Elle est aujourd'hui considérée par de nombreux spécialistes de la Seconde Guerre mondiale comme une «île des Justes parmi les nations».
Aujourd'hui face à la résurgence de la haine des Juifs, nous, Corses, ne pouvons rester silencieux. Fidèles à notre histoire commune, nous honorons la mémoire de nos ancêtres et de nos aïeux Corses qui ont toujours protégé les Juifs face à ceux qui les opprimaient.
C'est cet esprit de résistance, forgé dans la conscience de devoir toujours se dresser contre toutes les injustices que notre île devient «le premier morceau de France» libéré selon l'expression du Général de Gaulle.
La Corse a toujours su se faire défenseuse de l'Universel. C'est sur cette terre que sont nées de grandes résistantes comme Danielle Casanova (Vincintella Périni), fille d'instituteurs ajacciens, emportée à Auschwitz dans les camps de la mort et avec elle, tous ceux qui ont défendu les valeurs de l'île: solidarité, hospitalité, honneur, résistance, dont la mémoire nous éclaire et nous oblige.
Tout récemment encore, en 2017, des Ménoras d'or ont même été symboliquement remises à tous les Corses pour saluer douze siècles d'engagement de la population Corse en faveur des Juifs.
Aujourd'hui face à la résurgence de la haine des Juifs, nous, Corses, ne pouvons rester silencieux. Fidèles à notre histoire commune, nous honorons la mémoire de nos ancêtres et de nos aïeux Corses qui ont toujours protégé les Juifs face à ceux qui les opprimaient.
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Que nous soyons élus ou de la société civile, de l'île ou de la diaspora, quels que soient nos avis sur le conflit israélo-palestinien, quels que soient nos engagements politiques ou personnels, quelles que soient nos divergences, nous le disons solennellement : nous ne laisserons pas nos frères et nos sœurs Juifs être persécutés sur le sol français comme ils le furent dans les années 1930 et 1940.
Face aux allusions antisémites, aux pochoirs aux étoiles de David, au cyber harcèlement et aux menaces, nous nous mettrons entre les antisémites et les Juifs.
L'antisémitisme n'est pas le problème des Juifs, c'est le problème de tout être humain. Souvenons-nous de ces paroles : «quand ils sont venus chercher les Juifs je n'ai rien dit je n'étais pas Juif…» Ceux qui aujourd'hui terrorisent les Juifs, français ou d'ailleurs, le feront demain contre nous. Amis Juifs, nous sommes avec vous.
Résistons ensemble. Resistemu inseme !
Les signataires
Jean-Félix Acquaviva, député de Haute-Corse
Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio, président du Groupe Avanzemu à l'Assemblée de Corse
Jean-Nicolas Antoniotti, chef d'entreprise
Julie Baldacci, pharmacienne
Beatrix Benoist d'azy, juriste internationale
Vincent Bernardini, fonctionnaire territorial
Frédéric-Joseph Bianchi, président de Terra Eretz Corsica Israel
Lucie Billaudelle épouse Simeoni, chirurgien dentiste à la retraite
Henri Bismuth, chirurgien, président honoraire de l'académie nationale de Chirurgie
Lisandru Bizzari, vice-président de l'Assemblea di Giuventù
Valérie Bozzi, co-présidente du groupe «Un soffiu novu» de l'Assemblée de Corse
Paul-Mathieu Caitucoli, conseiller municipal de Moca-Croce
Marie-Hélène Caitucoli, universitaire
Jean Canarelli, président de l'Ordre des médecins de Corse du Sud
Dominique Carlac'h, vice-présidente et porte-parole du Medef
Rémi Casanova, universitaire, maire de Forciolo
Jean-Claude Casanova, membre de l'Institut
Jean-Jacques Ciccolini, Maire de Cozzano, président de l'association des maires de Corse-du-Sud
Marie-Laetizia Clada, avocate
Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse
Paul-André Colombani, député de Corse-du-Sud
Vincentello Colonna de Cinarca, médecin biologiste
Michèle Corrotti, présidente d'Arte Mare
Christian Derveloy, chef d'entreprise
Laurent Dominati, ancien ambassadeur de France et ancien député
Isabelle Dominati-Miller, écrivaine
Jean-Félix Durastanti, professeur des Universités
François-Xavier Emmanuelli, avocat, président de l'association des Corses du Palais
Jean-Marc Emmanuelli, médecin, président du corps médical Corse
Marc Ferracci, député Renaissance
Antoine-Baptiste Filippi, Sciences Po, écrivain
Charles-Henri Filippi, banquier et essayiste
Renée Fregosi, philosophe et politologue
Albert Fusella, chef d'entreprise
Jean-Marc Istria, concessionnaire automobile, Ajaccio automobiles
David Istria, concessionnaire automobile, Société insulaire de commerce automobiles
Lisandru Laban, président du groupe «Avvene Ghjustu è Resiliente» à l'Assemblea di a Giuventù
Mychèle Leca, directrice de Racines de Ciel
Thierry Lentz, président de la fondation Napoléon
Antoine Leschi, agriculteur
Éden Levy Campana, réalisateur de cinéma
Didier Long, écrivain
Pierre Lungheretti, directeur du Théâtre National de Chaillot
Christian Mantei
Laurent Marcangeli, député de Corse-du-Sud, président du groupe Horizons et apparentés
Marc Maroselli, avocat au barreau d'Ajaccio
Romain Marsily, producteur, enseignant à Sciences Po Paris
Wanda Mastor, professeur agrégée de droit public en délégation à l'université de Corse
Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l'Assemblée de Corse
Paul Meria, chirurgien des hôpitaux, membre du Collège français des enseignants d'urologie, membre de l'Académie de chirurgie
Jean-Martin Mondoloni, co-président du groupe «Un soffiu novu» de l'Assemblée de Corse
Anna Moretti, professeure agrégée d'anglais
Michel Mozziconacci, président de l'Ordre régional des médecins
Pascal Olmeta, ancien footballeur professionnel, président «d'un sourire, un espoir pour la vie»
Fabrice Orlandi, avocat, président d'honneur des Corses du Palais
François Orlandi, maire de Tomino, ancien président du Conseil Départemental de Haute-Corse
Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio
François Padrona, chef d'entreprise
Jean-Jacques Panunzi, sénateur de la Corse du Sud
Cyril Peres, président du groupe Ghjuventù in Mossa à l'Assemblea di a Ghjuventù
Michel Peretti, animateur de Racines de Ciel et ancien conseiller à l'Assemblea di a Giuventù
Xavier Peretti, directeur général d'Auto-distribution Peretti
Barbara Pianelli-Balisoni, vice-présidente de l'Assemblea di a ghjuventù
François Pupponi, ancien député-maire de Sarcelles
Bruno Questel, avocat, ancien député
Simon Renucci, ancien député-Maire d'Ajaccio
Saveria Rojek, journaliste
Marlène Schiappa, ancienne ministre, conseillère régionale d'Ile-de-France
Manon Sieraczek-Laporte, docteure en droit fiscal, avocate
Marc Simeoni, directeur général de Phone un Corsica
Sebastien Simoni, chef d'entreprise
Hélène Susman, médecin angiologue
Jean-Alain Tarelli, président du groupe «Ghjuventù di u Centru Drittu» à l'Assemblea di a Ghjuventù
Françoise Van Hove, responsable de blocs opératoires
Michel Vergé-Franceschi, professeur émérite des Universités
Alexandre Vesperini, directeur conseil chez Lysios Public Affairs
Ronald Virag, membre de l'Académie de chirurgie
Randy Yaloz, avocat à la Cour
Alain Zilberstein, professeur, retraité de la fonction publique européenne
Henri Zipper de Fabiani, ancien ambassadeur de France
Geneviève Zipper de Fabiani, écrivaine