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Marie-Jeanne Nicoli, présidente du Cesec : « Nous voulons devenir une force de réflexion, de proposition et de solution »


Julia Sereni le Lundi 13 Juillet 2020 à 19:37

Marie-Jeanne Nicoli est la première femme présidente du Conseil économique, social, environnemental et culturel de Corse (CESEC). Pour les quatre années de mandat restant, elle affiche une feuille de route ambitieuse : s’emparer des sujets d’actualité et mieux communiquer sur une institution encore trop méconnue. Issue du monde de la culture, elle souhaite importer une méthode de travail centrée sur la transversalité, la collégialité et le dialogue.



(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
- Vous êtes la première femme présidente du CESEC, quel est votre sentiment ?
- Je suis très heureuse d’être élue à ce poste à responsabilités. C’est très symbolique et très fort, parce que l’on sait que les femmes sont largement sous-représentées dans ce type de postes à responsabilités, et pas seulement ici. Pour moi qui ai toujours pris part aux combats pour l’égalité entre les femmes et les hommes, c’est une grande satisfaction.
Dans le droit fil de cette élection, j’ai souhaité faire une place plus importante aux femmes au sein de l’équipe du bureau, comme il n’y a pas de parité imposée au CESEC, ce que je regrette.
 
- Vous vous inscrivez dans l‘action de votre prédécesseur Paul Scaglia ?
- Il a permis de créer une dynamique en constituant une équipe diversifiée, il a très bien structuré l’outil et il a renforcé l’équipe administrative. Je m’inscris dans la continuité de son action avec la volonté de dynamiser, d’amplifier ce mouvement, de mieux faire connaitre le CESEC et de travailler dans la transversalité.
 
- Comment voyez-vous votre rôle ?
- Notre travail est certes consultatif mais il doit nourrir le débat. Je crois beaucoup à cette question de la transversalité. J’ai à cœur de renforcer cela et c’est d'ailleurs la mission du conseil. Je crois beaucoup à l’intelligence collective et au débat d’idées. Nous devons amplifier cette dynamique, l’élargir, comme nous avons eu à cœur d’élargir le bureau à de nouvelles personnalités. Ce qui fait notre force, c’est la diversité.
Nous vivons un moment de bascule, la crise du COVID-19 a été révélatrice de beaucoup de choses. Nous nous rendons compte qu’il va falloir trouver de nouvelles voies de développement. Ce fameux « monde d’après », il va falloir y réfléchir et il y a des enjeux à saisir à notre échelle, par exemple sur l’agriculture, avec les circuits courts, l’économie sociale et solidaire. Nous pouvons trouver des solutions exemplaires à notre échelle. Nous ne pourrons pas tout faire, bien entendu, mais nous voulons devenir une force de réflexion, de proposition et de solution, sans outrepasser notre rôle.
Cette institution est politique, au sens grec de la « polis », la vie de la cité, elle n’est pas partisane, elle donne des éléments d’appréciation pour aider les élus dans la mise en place de leurs politiques publiques. C’est une institution large, ouverte, qui s’inscrit dans le dialogue et l’échange. Il y aura sans doute des divisions sur certains sujets, mais nous essaierons de restituer dans notre  approche cette complexité.
 
- Issue de la section culture, c’est un thème que vous allez mettre au cœur de votre action ?- Depuis Tony Casalonga, élu de 1993 à 1998, il n’y avait plus eu de président issu du collège culturel. La culture est une spécificité pour la Corse car c’est une prérogative que n’ont pas les autres régions.
La culture, parce qu’elle est transversale, permet de donner des outils un peu différents pour travailler en commun et donner une vision d’avenir. Elle donne du sens, elle est le ciment des sociétés, elle crée le bien commun et fait en sorte que les gens puissent vivre en harmonie. Elle a une fonction de lien : elle lie le passé et l’avenir, et permet de travailler ensemble dans un projet commun. C’est une approche transversale et qui dynamise tous les secteurs.
 
- Quelle va être votre feuille de route durant ce mandat ?
- Nous souhaitons être une force de proposition. Pour ce faire, il me semble essentiel de travailler en collégialité, comme nous le faisions depuis deux ans, avant que l’arrêt du tribunal administratif ne vienne un peu casser la dynamique du bureau. L’idée est de renforcer cette collégialité, le travail collaboratif, dans le respect des points de vue de chacun. Il est important pour moi que le CESEC regroupe des personnes d’origines différentes pour travailler ensemble.
Je souhaite également densifier le rôle du CESEC, en accord avec la volonté de l’Exécutif de lui donner plus d’espace dans le débat public. Depuis cette nouvelle mandature, on sent en effet une volonté de donner une place plus importante à cette institution.
Enfin, je pense qu’il faut mieux communiquer pour que l’opinion publique connaisse notre rôle et nos missions. Il s’agirait peut-être de mieux diffuser nos avis mais aussi nos études, car au-delà des rapports sur lesquels nous sommes saisis nous pouvons aussi nous autosaisir de certains sujets.
 
- Justement, sur quels sujets souhaitez-vous travailler ?
- Nous avons déjà un travail important, qui est de donner des avis sur les sujets sur lesquels nous sommes saisis par l’assemblée. Mais au-delà, comme je le disais, nous pouvons nous emparer d’autres thématiques. L’environnement sera au cœur de nos préoccupations. La transition écologique peut permettre le développement économique, il serait intéressant de faire une étude là-dessus, et d’ouvrir plus largement nos commissions avec des experts pour donner encore plus de force à nos analyses.
Nous pensons également à mettre en place une commission pour réfléchir sur le plan de relance suite à la crise du COVID-19.
Par ailleurs, les sujets dits « sociétaux » ne peuvent que nous interpeller, comme les violences faites aux femmes, qui ont récemment beaucoup mobilisé l’opinion publique avec le hashtag « Iwas ».
Enfin, le développement de la langue corse pourra faire l’objet d’un travail spécifique.