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« Lune de métal » : Dumè Antoni publie son 11e roman, un thriller fantastique


Philippe Jammes le Mercredi 21 Avril 2021 à 08:42

Ce 11ème ouvrage de l’auteur corse Dumè Antoni, « Lune de métal » (Éditions Ex Æquo - collection Atlantéïs), est un thriller fantastique qui retrace une inquiétante enquête relative à la disparition virale d’enfants dans le monde entier où la dimension fantastique relève cette fois d’une frontière de plus en plus floue entre réalité et virtualité augmentées. CNI a rencontré l’auteur.



- Dumè Antoni, un mot sur votre votre parcours ?
- Je suis né ici, en Corse, en1953 et j’y vis à l’année. J’ai commencé ma carrière professionnelle comme musicien, puis comme enseignant de yoga. Mais de façon épisodique, entre Corse et Continent. Ça a quand même duré une dizaine d’années. J’ai ensuite repris mes études et je suis devenu ingénieur dans une grande entreprise de traitement et de distribution d’eau. À la retraite depuis 2015, j’ai décidé de me lancer dans l’écriture de romans et nouvelles, principalement dans le domaine de l’imaginaire.

Comment êtes-vous venu à l'écriture ?
- J’ai toujours aimé écrire, sans toutefois me fixer dans un genre littéraire particulier. En fait, je ne prenais pas cette activité avec suffisamment de sérieux, en sorte qu’il n’en est sorti aucun projet abouti et donc rien de publiable, à part quelques chansons que j’écrivais et interprétais. Ce n’est qu’une fois à la retraite de mon activité d’ingénieur que je me suis réellement consacré à l’écriture et j’ai eu la chance que mon premier roman de science-fiction – Le Sarcophage des dieux – ait trouvé un éditeur. Ce qui m’a encouragé à poursuivre sans relâche. À ce jour, j’en suis à mon sixième roman, plus un essai autobiographique sur le Zen (que je pratique), et quelques rares nouvelles dans des recueils d’anthologies, dans le cadre d’appels à textes. Jusqu’à présent, j’ai eu la chance que chacun de mes textes ait trouvé un éditeur.  Parmi mes auteurs de référence, je citerai en premier lieu Haruki Murakami. J’ai été immédiatement séduit par son écriture fluide, sans emphase, mais aussi par son univers onirique. Je dois dire que c’est Murakami qui m’a en quelque sorte vraiment donné envie d’écrire. Et c’est sans doute lui qui m’a le plus influencé. Il s’agit d’un auteur inclassable. Il y a eu bien sûr Stephen King, pour les récits fantastiques et pour la qualité de son écriture, ou encore Lovecraft ou Gustav Meyrink, et bien d’autres auteurs, dans la SF cette fois, comme Dan Simmons ou Philip K. Dick, ou encore Van Vogt, pour ne citer que certains parmi les plus connus. Sinon, je suis plus attaché aux œuvres qu’aux auteurs eux-mêmes, dont certains ne sont pas toujours constants. Mais il n’y a pas que sur l’imaginaire que se porte ma préférence. Je lis beaucoup d’essais philosophiques ou de vulgarisation scientifique et des romans de littérature générale, voire de poésie. Je peux citer Romain Gary ou Céline ou encore Camus. Frédéric Dard ou Boris Vian. Antonin Artaud ou encore Blaise Cendrars… Et des auteurs plus récents, bien entendu, comme Ken Follett ou Jérôme Ferrari. Je suis assez éclectique, en fait, même si je ne me considère pas vraiment comme un grand lecteur.

Pourquoi avoir choisi ce domaine de l'imaginaire ?
 - En réalité, je n’écris pas que dans le domaine de l’imaginaire, j’ai par exemple écrit un thriller ou des nouvelles dans ce genre littéraire et même un essai philosophique sur le Zen et plusieurs articles, sur un blog consacré à cette activité. Mais il est vrai que la plupart de mes écrits sont à classer dans le domaine de l’imaginaire. Pourquoi l’imaginaire ? Un philosophe disait que « le réel n’est que de l’imaginaire surmonté ». En fait, nous considérons le réel à partir de cadres éducatifs, de formatage de la pensée et nous analysons nos expériences sur la base de ces cadres. Nous sommes habitués à penser à l’intérieur de ces cadres, qui nous rassurent et dans lesquels nous nous réfugions. Mais pour peu qu’un événement se produise hors de ces cadres et nous perdons nos repères. Nous nous sentons égarés, voire effrayés et forcés de nous adapter si nous ne voulons pas sombrer dans la folie. Personnellement, j’aime décrire des mondes où les repères et les cadres habituels sont bouleversés, transformés. La notion de réel a évolué avec les connaissances en physique. Pour autant, nous conservons nos habitudes de penser le temps ou l’espace avec les mêmes règles, voire les mêmes croyances anciennes, les mêmes peurs. Un physicien célèbre – Niels Bohr – disait que « tout est possible à condition que ce soit suffisamment insensé ». Quand nous savons – grâce à la physique quantique – que le réel, dans l’infiniment petit, repose sur des lois probabilistes, nous pouvons imaginer que ces mêmes lois s’imposent au réel macroscopique, dans notre vie quotidienne. À partir de là, tout devient possible et l’imaginaire rejoint le réel, soit comme un fait admis et cohérent, ce qui est généralement le cas en science-fiction, soit comme un fait inadmissible et effrayant car n’obéissant plus au cadre des lois de la physique, ce qui est le cas du fantastique, notamment. Personnellement, j’ai tendance à mélanger les genres, en sorte que mes récits peuvent s’inscrire, sans véritables frontières, dans le registre de la science-fiction, du fantastique ou dans le thriller fantastique, comme c’est le cas en particulier avec Lune de Métal.

L'idée de ce roman?
- Une fois n’est pas coutume, mais l’idée de Lune de Métal m’est venue d’un rêve ou plutôt d’un cauchemar. Je voyais des enfants enfermés dans un vieux wagon, datant de la Seconde Guerre mondiale, assis sur le plancher, les uns contre les autres, vêtus de leurs plus beaux habits, mais tristes et gémissant, car ils savaient qu’ils allaient vers la mort, sans doute dans un camp de concentration. Parmi ces enfants, se trouvait une petite fille de huit ans, que je connais personnellement puisqu’elle fait partie des membres de ma famille proche. Je ne la voyais pas vraiment, mais je savais qu’elle faisait partie du lot. Je crois que je reconnaissais surtout ses pleurs parmi les gémissements. Je me suis immédiatement réveillé de ce cauchemar, car il m’était insupportable. C’était durant l’époque du premier confinement, où l’on parlait beaucoup de virus, de clusters et de vagues de morts à l’échelle internationale et l’idée m’est venue d’écrire un roman mettant en scène des enlèvements d’enfants sous une forme virale, par clusters, à l’échelon international, et de façon totalement incompréhensible, imprévisible, et contre lesquels les forces de polices étaient démunies. Je me suis bien sûr intéressé en premier lieu à la petite fille de mon rêve, qui est en quelque sorte l’héroïne du roman, mais aussi à un personnage énigmatique, venu de nulle part, mais profondément maléfique, incarnant à lui seul la cause de ces enlèvements. C’est son portrait que l’on retrouve sur la couverture du livre.

Vos projets ?
- Parmi mes projets littéraires, l’un est très bien avancé. En effet, il paraîtra en juillet 2021 aux éditions Rivière Blanche, il s’agit d’un recueil de nouvelles et novellas dans le genre fantastique ou SF, sous le titre : « Six lunes noires dans une nuit blanche ». Je suis également en cours d’écriture d’un roman de SF, qui nécessite encore beaucoup de travail, que je soumettrai aux éditions Ex Aequo quand il sera achevé, j’espère, avant la fin de l’année. Mais en règle générale, je ne fais jamais de projets à l’avance. Je me mets à écrire quand je suis inspiré, et l’inspiration vient de façon imprévisible, en fonction des circonstances.

Ce roman est un récit angoissant d’un avatar ravisseur d’enfants et d’un jeu vidéo de combat infiltrant le réel. L’auteur nous plonge dans l’angoisse, le suspense, un flou entre réalité et virtualité. Un thriller fantastique,  à la fois troublant et attachant, en cette période où le virtuel prend peut-être trop souvent le pas sur le réel.
 Le synopsis
« Chris, une fillette de huit ans, est enlevée au domicile de ses parents, une nuit durant son sommeil. Elle n’est pas seule dans ce cas : d’autres enfants disparaissent de façon étrange, au point que le phénomène est qualifié de viral. Le ravisseur n’est pas un homme ordinaire. Il s’agit d’un avatar – dénommé Passeur – sévissant sur les réseaux sociaux autant que dans un jeu vidéo nommé Thalès. Car Chris ne se trouve plus exactement dans le monde réel, mais dans un espace virtuel, à bord d’un train qui la transporte vers des épreuves où elle risque de perdre la vie. Son frère Luc, qui fut un prédateur sur Thalès, est enlevé à son tour et se retrouve avec Chris à devoir arrêter le train. Mais Passeur a plus d’un tour dans son sac, dont celui de faire en sorte que Thalès infiltre le réel. De la réussite des combats menés par Chris et Luc dépend le sort du monde réel, lequel s’est retrouvé, à son tour, plongé dans l’univers de Thalès. Inatteignable, Passeur court toujours. Qui est cet homme dont le portrait ressemble à celui d’un aristocrate disparu en 1930 ? Est-il seulement humain ? »