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Lisula : travaux préventifs sur l'île de la Pietra avant la réhabilitation du site


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Vendredi 11 Février 2022 à 19:58

Depuis le début du mois de février, des fouilles archéologiques préventives sont réalisées par l'INRAP sur l'île de la Pietra de Lisula. Prescrites par la Direction régionale des affaires culturelles, elle interviennent avant la réhabilitation du site par le Conservatoire du Littoral, qui en est le propriétaire.



Des fouilles archéologiques préventives sont menées sur l'île de La Pietra
Des fouilles archéologiques préventives sont menées sur l'île de La Pietra

Dans le cadre des travaux de réhabilitation prévus pour le site des îles de la Pietra, par  Conservatoire du littoral, qui en est propriétaire depuis 2012, la DRAC de Corse (direction régionale des affaires culturelles) a prescrit des fouilles archéologiques préventives afin de préserver le site archéologique, source majeure de la préhistoire insulaire. 

 

"Il y a toute une réflexion qui a été menée avec les municipalités, la précédente et l'actuelle. Aujourd'hui, de gros projets sont en train d’être réalisés. Il y a la restauration du phare et sa mise en valeur ainsi que l’aménagement de la promenade du début des îles jusqu’au phare. Mais avant de réaliser ces travaux, il fallait obligatoirement s’assurer de la protection et de la documentation des vestiges qui pourraient être enfouis à cet endroit" explique Stéphanie Marchetti, chargée de mission au Conservatoire du Littoral.

 

Ainsi, depuis le début du mois de février, et ce pour une durée de 5 semaines environ, l'équipe de l'INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) mène les recherches qui se déroulent dès  l'entrée de l'île. Une tranchée mesurant une centaine de mètres, interrompt ainsi l'accès au phare.  

"Aujourd'hui, nous intervenons avant les travaux d'aménagement de la Pietra, pour vérifier la présence de vestiges archéologiques qui pourraient se trouver sous l'emprise de la route existante et le tracé des futurs travaux, afin de les sauvegarder, avant qu'ils ne soient irrémédiablement détruits. Nous avons quelques indices qui commencent à sortir, mais ce sont vraiment de très rares indices", explique Florent Soula, responsable de recherches archéologiques à l'INRAP.


Un site archéologique du néolithique ancien remarquable

Ces fouilles viennent en complément du site archéologique de la Pietra, déjà, bien connu. 

Fouillé depuis les années 80, par Michel-Claude Weiss et Jean Sicurani, il est situé à l'entrée de l'île et s'étalerait sous une partie de la route qui mène à son sommet. 

" C'est un enfant qui avait découvert le site. Il avait un instituteur qui s'intéressait aux fouilles archéologiques. Il venait quelques fois avec l'équipe de Michel-Claude Weiss et avait sensibilisé ses élèves aux sites remarquables préhistoriques en leur montrant des objets de différentes périodes, dont certains du néolithique ancien ", explique Jean Sicurani, archéologue, préhistoirien à l'università di Corsica. 

C'est lors d'une promenade que l'enfant a découvert des objets caractéristiques qu'il a montrés a son instituteur. Ce dernier les a apportés à Michel-Claude Weiss. 

" Il y avait notamment une armature tranchante, ancêtre de la pointe de flèche et Michel-Claude en avait alors conclu qu'il serait intéressant de fouiller le site". précise Jean Sicurani. 

En 1983, Jean Sicurani y réalise le tout premier sondage avant la première campagne de fouilles de 1984. " C'est un site auquel je suis particulièrement attaché. On fouillait au Monte Ortu à Lumiu à cette époque. Et Michel m'a détaché sur la Pietra. Par la suite, la première campagne de fouilles a duré 4 ans, de 1984 à 1988" relate t-il.Une seconde est organisée de 2003 à 2006 et une troisième en 2018.  Le site de la Pietra date du néolithique ancien. Le 6ème millénaire. Aux alentours de 5500 avant Jésus Christ. Ce qui est un des premiers gros peuplements". 


Ces fouilles ont permis notamment de découvrir des structures d’habitat, " qui sont des fonds de cabanes plutôt circulaires ou ovales, des foyers, de la céramique. Cela nous a permis de comprendre le mode de vie de ces gens là et les prémices de l’agriculture. Tous ces éléments trouvés nous ont apporté de très nombreuses informations". 
Aujourd'hui, les fouilles préventives réalisées par l'INRAP, sont faites en étroite collaboration avec l'équipe de Jean Sicurani. 

" En septembre, nous allons ouvrir de façon assez importante le site. Nous aurons alors assez d'éléments pour nous orienter vers une nouvelle monographie du site et en expliquer son histoire" conclue Jean Sicurani. 

Une campagne qui sera certainement la toute dernière du site.