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"Lignum Corsica" : le bois corse a sa marque


Pierre-Manuel Pescetti le Mardi 30 Mars 2021 à 08:52

Un pas de plus a été fait vers la certification du bois corse grâce à la validation de la marque "Lignum Corsica" par le Comité Français d'Accréditation (COFRAC). Une marque qui devrait faire son apparition sur le marché dès la fin de l'année 2021 pour inciter tous les acteurs du bâtiment à utiliser le bois corse dans leurs projets et ainsi valoriser les essences insulaires.



Lionel Mortini, président de l'ODARC et Yves Conventi, directeur adjoint du développement à l'ODARC. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Lionel Mortini, président de l'ODARC et Yves Conventi, directeur adjoint du développement à l'ODARC. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Redonner au bois d’œuvre corse sa place sur les chantiers de construction. C’est l’objectif de « Lignum Corsica », une marque déposée par l’ODARC pour mettre en avant les qualités du bois issu des forêts corses et inciter les acteurs publics comme privés à l’utiliser.

Le 23 mars dernier le COFRAC a validé le cahier des charges du référentiel fixant les critères de qualité de la marque « Lignum Corsica ». Un pas important pour la certification du bois corse pour le président de l’ODARC Lionel Mortini qui veut « refaire avec du bois corse ce que nous pouvons faire avec du bois corse ». La marque pourrait être utilisable dès la fin de l’année 2021.

Une marque certifiée

À l’opposé d’une marque commerciale « Lignum Corsica » vise à inscrire le bois insulaire dans une démarche de qualité dite de certification, soumise à des caractéristiques supérieures aux normes européennes en vigueur et contrôlables par des organismes indépendants. Grâce à cette certification les porteurs de projet, les architectes et les maîtres d’œuvre pourront par exemple cibler le bois local pour l’utiliser dans un ouvrage public.

Il s’agit à terme de privilégier l’utilisation de bois local dans les marchés qu’ils soient publics ou privés. Le cahier des charges de la marque repose sur quatre critères majeurs :
  • La traçabilité du bois corse attestant leur provenance, d’une gestion durable des forêts et d’une certification environnementale
  • La transformation des bois par des entreprises locales
  • L’affichage de la résistance des bois de construction sur un classement mécanique
  • L’affichage d’une méthode fiable de séchage du bois.
 
Toutes les essences de bois présentes en Corse sont concernées par cette certification, que l’on parle de pin Laricio, de pin maritime, de châtaignier ou de chêne vert.

Créer de la valeur ajoutée

Aujourd’hui la grande majorité du bois exploité en Corse l’est pour du bois de chauffage. Le reste est envoyé sur le continent sous forme de grume, donc coupé et vendu tel quel, sans transformation. Un produit avec une très faible valeur ajoutée qui, une fois transformé, traité et valorisé peut faire valoir tous ses atouts et se positionner comme un produit de très grande qualité.

Le but de « Lignum Corsica » est donc de faire en sorte que cette valorisation se passe sur l’île, avec des entreprises locales et que le produit y soit acheté et utilisé. Une sorte de circuit court du bois de construction pour aider la filière à se reconstruire. Pour Lionel Mortini « il faut créer de la richesse avec nos forêts, valoriser notre bois tout en respectant une logique de développement durable ».

Reconstruire une filière à l’arrêt

Très prisé dès l’Antiquité, le bois corse a été laissé à l’abandon. « Aujourd’hui on compte les exploitants corses sur les doigts des deux mains » constate Yves Conventi, directeur adjoint du développement à l’ODARC. Un constat amer quand on sait que la Corse fait partie des îles de Méditerranée les plus boisées et que la demande en bois augmente toujours plus.  « La Corse importe chaque année 25 millions d’euros de bois étranger pour la construction » explique Lionel Mortini.

Mais pour pouvoir réduire cette importation c’est tout une filière qu’il reste à reconstruire. Pour Yves Conventi « il n’y a pas de problèmes au niveau du bucheronnage, ce sont les scieries qui sont le chaînon manquant. Il n’y a pas assez d'infrastructures pour transformer le bois en Corse ».

Une reconstruction à laquelle "Lignum Corsica" devrait participer en actionnant la demande publique. Une manière de remettre sur le devant de la scène le bois d'œuvre corse, d'augmenter la demande et ainsi dynamiser l'activité des entreprises de la filière forêt bois.