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Les Papes face à la mort, entre poison, exhumation et coups de marteau


La rédaction avec AFP le Samedi 31 Décembre 2022 à 15:31

Le décès paisible de Benoît XVI samedi dans un monastère au coeur des jardins du Vatican forme un contraste saisissant avec les circonstances pénibles, violentes ou parfois entourées de mystères ayant marqué la mort de nombre de ses prédécesseurs. En voici quelques exemples.



Le Vatican
Le Vatican
Le long calvaire de Jean Paul II  
Le prédécesseur de Benoît XVI, Jean Paul II, est mort le 2 avril 2005 au Vatican à 84 ans, emporté par la maladie qui a transformé en calvaire la fin de ses 26 années à la tête de l’Eglise catholique.
Après deux hospitalisations successives et une trachéotomie en février 2005, l’état de santé de Jean Paul II s’était brusquement aggravé quelques jours avant sa mort, à la suite d’une infection urinaire, d’une septicémie et d’un arrêt cardiaque.
Privé de la parole à la suite de la trachéotomie, il avait réussi à prononcer quelques mots en public le 13 mars, avant son retour au Vatican. II était ensuite resté silencieux. Pour son dernier Vendredi saint, il avait été filmé de dos dans ses appartements afin que les fidèles puissent le voir en train de suivre via vidéo le Chemin de croix.
Son pontificat avait été marqué par les multiples problèmes de santé de cet ex-grand sportif, affaibli par la maladie de Parkinson et par les séquelles des blessures reçues lors de l’attentat perpétré par l’extrémiste turc Mehmet Ali Agca, le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre, d’un cancer à l’intestin et de deux fractures, une à l’épaule et une au fémur.


La mort soudaine de Jean Paul 1er
Son prédécesseur, Jean-Paul Ier, surnommé « le pape bon » ou « le pape au sourire », a été l’un des papes les plus éphémères de l’Histoire : élu en août 1978 à l’âge de 65 ans, il est décédé 33 jours et six heures plus tard, apparemment des suites d’un infarctus, même si aucune autopsie n’a cependant été menée pour confirmer les causes de sa mort.
Des ouvrages ont évoqué l’hypothèse d’un assassinat, car le pape souhaitait mettre de l’ordre dans les affaires de l’Eglise et en particulier dans les malversations financières de Mgr Paul Marcinkus, à la tête de la banque du Vatican, soupçonnée à l’époque de liens avec la mafia. Aucune enquête officielle n’a cependant confirmé ces soupçons.


Le décès mystérieux d’Alexandre VI Borgia en 1503
Plusieurs hypothèses entourent la mort d’Alexandre VI, pape de 1492 à 1503. Le 6 août 1503, après un dîner avec son fils César chez un cardinal, tous deux furent pris par la fièvre. Une première hypothèse attribue ce malaise à la malaria, très présente à Rome à cette époque. L’autre hypothèse est que le pape aurait voulu se débarrasser de certains de ses ennemis et aurait lui-même empoisonné le vin, tombant par mégarde dans son propre piège. Le témoignage de Johann Burchard, un proche du pape présent à sa mort et ayant laissé un journal, est saisissant : « Son corps avait tellement enflé qu’on ne put le mettre dans le cercueil qu’on lui destinait. On le roula ainsi provisoirement dans un tapis, pendant que ses appartements furent livrés au pillage ».
 

Le terrible destin de Formose, exhumé pour être jugé en 897
Connu sous le nom de « concile cadavérique », le procès du pape Formose (891-896) à titre posthume témoigne du chaos qui régnait au IXème siècle à Rome et au Vatican. En 897, sur l’ordre du pape Etienne IV, ennemi juré de Formose, son cadavre fut exhumé, revêtu des vêtements d’apparat pontificaux et assis sur un trône pour être jugé. Le verdict stipula que le défunt n’était pas digne du pontificat. Toutes ses mesures et ses actes furent annulés et les ordres conférés par lui furent déclarés invalides. Les vêtements de cérémonie pontificaux furent arrachés de son corps, les trois doigts de sa main droite que le pape avait employés dans des consécrations furent coupés et le cadavre jeté dans le Tibre.


Un coup de marteau pour confirmer le décès
Le Vatican codifie très précisément la procédure qui doit être suivie à la mort d’un pape, qui confère un rôle clef au camerlingue de l’Eglise, cardinal chargé le gouvernement de l’Eglise en cas de vacance du pouvoir. Il « doit constater officiellement la mort du pontife », stipule la Constitution apostolique publiée par Jean Paul II en 1996. Et ce en présence du maître des célébrations liturgiques pontificales, de prélats ordonnés et du secrétaire et chancelier de la Chambre apostolique. « Ce dernier rédigera le document ou acte de décès authentique », précise la Constitution. Dans le passé, le camerlingue vérifiait la mort du pape en lui frappant le front avec un petit marteau d’argent.
Une tradition tombée en désuétude après la mort de Jean XXIII en 1963.