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Les Corses face aux élections européennes : entre scepticisme et engagement


FA et EM le Vendredi 7 Juin 2024 à 15:29

Alors que les élections européennes se tiennent ce 9 juin, les habitants de Bastia et d’Ajaccio affichent des opinions contrastées. L'engagement citoyen se heurte à la défiance, et les intérêts nationaux semblent l'emporter sur la cause corse. Entre espoirs de changement et indifférence, la participation reste incertaine.



Crédit photo AFP
Crédit photo AFP
Dans les rues de Bastia, les élections européennes de ce dimanche 9 juin suscitent les débats. Nombreux sont les Bastiais qui se rendront aux urnes, bien que l’enthousiasme soit inégal. Gilbert, par exemple, se montre très concerné par cet événement politique : « Je me sens énormément concerné. L’Europe ne fonctionne pas bien, j’espère qu’avec les nouveaux élus, cela ira mieux. Il est crucial de voter pour apporter des changements nécessaires. » Rose-Marie partage cette opinion et insiste sur l'importance du vote : « C’est l’avenir de l’Europe qui est visé et nous en faisons partie. Nous en avons énormément besoin, il est urgent d’aller voter. Les décisions prises à Bruxelles ont un impact direct sur notre quotidien, il ne faut pas l’oublier. »

Pourtant, l’abstention reste une menace. Lors des deux derniers scrutins de ce type, en 2014 et 2019, le taux d’abstention à Bastia s’élevait respectivement à 71 % et 67 %. La tendance à la baisse de l’abstentionnisme se confirmera-t-elle cette année ? Rien n’est moins sûr.
Pour certains Bastiais, les élections européennes semblent déconnectées de leurs préoccupations quotidiennes. Toussaint, par exemple, affiche une indifférence palpable : « Pour nous, l’Europe c’est loin. On a l’impression que les décisions prises là-bas ne nous concernent pas directement. » Cette indifférence est renforcée par un sentiment de confusion face aux changements d’alliances politiques. « Les candidats de gauche vont à droite, et inversement. Tout comme les nationalistes qui sympathisent avec les autres partis, nous sommes déboussolés », explique-t-il. Ce climat de défiance n’encourage pas la participation électorale.

La question de la place de la Corse au sein de l’Union européenne divise également. Jean, un Bastiais exprime une opinion tranchée : « C’est d’abord la France avant la Corse ! Les intérêts nationaux doivent primer sur les désirs d’évolution politique et économique de l’île. »

À l’inverse, Coralie et George défendent une vision plus régionaliste : « C’est essentiel que la Corse soit plus représentée, il ne s’agit pas de disparaître. Il faut que l’Europe ne soit pas là pour l’empêcher de vivre et de s’épanouir, pour atteindre l’autonomie, par exemple. » Pour eux, l’UE peut être un vecteur de développement et de reconnaissance pour la Corse.


À Ajaccio, une mosaïque d’opinions

À l'autre bout de la Corse, Ajaccio se prépare également pour les élections européennes. Dans la rue Fesch, les avis des habitants sur le scrutin sont divers et variés. Certains ont des opinions bien tranchées sur les candidats et les enjeux européens. « Je vais voter pour le Rassemblement National », affirme Maria, 45 ans, travailleuse dans l'agroalimentaire. « Je pense que Jordan Bardella est celui qui représentera le mieux les Français. C’est le seul qui va faire passer la France avant l’Europe, et c’est quelque chose qu’on a perdu ».

Les préoccupations environnementales résonnent également. « Je pense voter pour les Verts. La crise climatique est un enjeu majeur et il est temps que l'Europe prenne des mesures sérieuses pour la planète », déclare Sophie Rossi, 29 ans, pharmacienne.

Pierre-Luc Marchetti, 68 ans, retraité, se montre plus sceptique. « Je ne suis pas encore certain de mon vote. Les promesses de changement, on les entend à chaque élection, mais finalement, il y a peu de résultats concrets », explique-t-il.

 Jeunesse désengagée

Pour certains jeunes, les élections européennes ne suscitent guère d'intérêt. « Je n'irai pas voter. Ça ne m'intéresse pas du tout », confie Pierrina Casanova, 24 ans, employée dans une boutique de meubles. « Je ne suis pas dans la politique, je suis jeune, j'ai d'autres préoccupations. J'ai reçu la lettre avec tous les programmes, mais aucun candidat ne m'intéresse ».

À quelques mètres de là, sur la place Foch, c’est le même refrain. Agathe Moreno, 21 ans, étudiante en psychologie, se montre toutefois moins désengagée. « Je vais aller voter, mais sans réelle envie », explique-t-elle. « J’y vais parce que je sais que c'est important et que c’est mon devoir de citoyenne, mais la politique ne me passionne pas ».

« Je vais voter pour La France Insoumise », lance son ami Lorenzo. « Un peu par dépit, je l'avoue, mais aussi parce que je pense que c’est le seul parti qui se soucie vraiment des jeunes ».

Il y a aussi ceux pour qui le vote reste un acte profondément privé et personnel, au point qu'ils préfèrent ne pas en parler. Parmi les passants, plusieurs ont refusé de s'exprimer, affirmant que le choix de leur candidat est strictement confidentiel.

Rendez-vous aux urnes dans les 27 bureaux de vote de Bastia et les 42 bureaux à Ajaccio entre 8 heures et 18 heures, le 9 juin.