Le trimestre anti-inflation démarre dans les supermarchés corses, voici en quoi il consiste

En passant les portes coulissantes du magasin Géant Casino de Toga, à Bastia, les clients sont maintenant accueillis par des grandes affiches indiquant la présence de « 500 produits du quotidien à moins de 1 euro ». En effet, ce mercredi 15 mars marque l’entrée dans le « trimestre anti-inflation », qui devrait s’étendre jusqu’au mois de juin. Initiative de Bruno le Maire, cette mesure vise à proposer un grand nombre d’articles de première nécessité à des prix réduits, dans un contexte général d’inflation. Le ministre de l’Économie a donc incité les enseignes de la grande distribution, sans obligation, à mettre en vente « au prix le plus bas possible » un lot de produits de leur choix.

Intéressante sur le papier, cette offre est-elle en vigueur en Corse ? Oui, mais pas partout. Car même si la plupart des enseignes ont signé l’accord (Casino, Carrefour, Intermarché, Système U, Monoprix...), les supermarchés E.Leclerc s’y sont quant à eux refusés, justifiant, par leur PDG, ne pas avoir « besoin » de ce type de campagne. « On fait des opérations à prix coûtant. On casse les prix sur les masques, les autotests, la baguette... Ce sont des opérations de communication qui nourrissent la confiance des clients sur le fait qu'on est moins chers sur un panel plus large d'articles. » Particulièrement implantés sur l’île, les magasins de cette enseigne ne sont donc pas concernés.

Dans les rayons du Géant Casino de Bastia Toga, malgré la présence d’affiches censées attirer l’oeil, les consommateurs ne semblent pas encore au fait de cette offre nationale. « Vous me l’apprenez », glisse Christine, en pleine réflexion devant les céréales. « Je suis mère de famille, donc ça m’intéresse », complète Marie, caddie en main. « Mais les produits en question, je ne les vois pas. Il faudrait les indiquer. »

Justement, pour éviter ce problème, un logo estampillé « trimestre anti-inflation » est censé mettre en lumière les articles concernés. Et si les prix ont déjà été mis à jour dans le supermarché de Toga - en témoignent les paquets de pâtes ou les pots de sauce tomate à 0,99 euro - les étiquettes ne sont pas encore appliquées partout. « Il y a 500 références qui sont concernées, donc baliser tout ça, ça ne se fait pas en une journée », explique le gérant du Géant Casino de Porto-Vecchio, où les logos ont déjà été apposés. « J’imagine que ça va arriver très vite, il faut le temps que ça se mette en place. »

Mais même une fois le produit sous les yeux, les clients ne sont pas forcément convaincus. « C’est bien beau de dire qu’on baisse les prix, mais encore faut-il que ce soient des aliments de qualité. Et surtout des choses basiques », se braque Livia, mère de famille de cinquante ans que nous avons rencontré dans un autre supermarché de la ville. « Les œufs, le beurre, le lait… J’y étais à l’instant, et je n’ai pas vu de réductions là-dessus. »

Cette critique, c’est aussi celle émise par le représentant corse de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. « Il aurait fallu avoir une composition de panier unique, en prenant uniquement les choses les plus importantes pour se nourrir correctement. »

Cette proposition, initialement voulue par le ministre de l’Économie, n’a finalement pas été retenue, laissant aux enseignes le choix des produits à mettre en avant. Ainsi, alors que Casino vante ses 500 articles à moins de 1 euro, Système U propose de son côté 150 produits à prix coûtant. « On voit bien que ce sont principalement des sous-marques, et c’est d’ailleurs là-dessus qu’ils se font la plus grosse marge », reprend le représentant corse de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir.
Quoi qu'il en soit, c'est un moyen de plus pour faire baisser la note en caisse.