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Le rôle méconnu et les besoins des pilotes des ports de Corse-du-Sud


Naël Makhzoum le Mercredi 8 Février 2023 à 18:20

Vendredi 3 février, Amaury de Saint-Quentin, préfet de Corse-du-Sud, a rendu visite aux pilotes des ports du département à la station d'Ajaccio. L'occasion de s'intéresser à ceux qui permettent la bonne réalisation des manœuvres des navires dans les quatre lieux de Corse-du-Sud : Ajaccio, Propriano, Porto-Vecchio et Bonifacio.



Amaury de Saint-Quentin, préfet de Corse-du-Sud
Amaury de Saint-Quentin, préfet de Corse-du-Sud
Ils sont une pièce aussi essentielle que discrète au sein de l'économie maritime insulaire. Les pilotes des ports de Corse-du-Sud sont au nombre de six. Toute l'année, ils tournent entre leur base centrale d'Ajaccio, et les trois autres ports du département. "Un pilote est un commandant de navire détaché dans une série de ports, présente Alain Tafani, président de la station de pilotage des ports de la Corse-du-Sud. Nous sommes spécialisés dans les manœuvres d'approche, pour assister les commandants dans cette étape, leurs mises à quai, leurs départs."

Un rôle bien souvent méconnu pour ces hommes de l'ombre, qui se promènent sur les différentes pilotines - ces petits bateaux qui leur servent d'outils de travail - dont ils disposent. "Nous avons huit pilotines nous permettant de nous rendre au devant des navires pour embarquer aux limites d'une zone de pilotage obligatoire, détaille Alain Tafani. C'est une obligation pour les navires de plus de 60 mètres de long (ou 75 mètres à Bonifacio). Avec les marins, les pilotes sont les garants de la vie d'un port."

Mais à six, pas évident de couvrir l'entièreté de la zone sans difficulté, particulièrement en pleine saison, lorsque les navires se multiplient et que le trafic s'intensifie. "L'été, on est six pour cinq postes dont deux, à Ajaccio, explique le président de la station de pilotage des ports de la Corse-du-Sud. Avoir un pilote supplémentaire permettrait d'avoir une force vive plus importante et de pouvoir former tout le monde, aussi."

Le préfet
Le préfet
Une doléance bien entendue par le préfet lors de sa visite matinale. "Les pilotes sont des acteurs essentiels sans qui il n'y aurait pas ces mouvements et cette activité des ports, assure-t-il avec enthousiasme. Ils souhaiteraient pouvoir disposer d'un septième pilote, car Ajaccio est le premier port de Corse en saison touristique avec une très forte sollicitation de nos pilotes. La Haute-Corse en a sept, donc on va travailler à ce que ça puisse être le cas ici."

Entre discussions, découverte du simulateur de manœuvres acheté il y a quatre ans pour quelque 300 000€ - permettant de se mettre en situation dans toutes les conditions sur les quatre ports - et découverte d'une pilotine en mer, Amaury de Saint-Quentin a notifié les axes d'amélioration du secteur. Notamment, "la préoccupation environnementale de se doter de pilotines plus propres, avec une réflexion à mener dans les années à venir". 

Aujourd'hui, parmi les huit pilotines du département, trois sont dites "semi-rigides", légères. Elles utilisent de l'essence et permettent de réduire la consommation à 50 litres par heure, contre 150 pour les cinq autres pilotines, lourdes et "rigides", qui tournent au gazole, mais sont indispensables en hiver. 

Problème : passer à une hypothétique pilotine à hydrogène coûterait... 5 millions d'euros, plus de deux fois le budget annuel des pilotes. Ça attendra. Ajaccio, qui concentre près de 70% du trafic, est doté de deux pilotines lourdes et d’une légère. Propriano en a une lourde pour 9% du trafic, quand Porto-Vecchio et ses 18% disposent de deux rigides et deux semi-rigides, également utilisées selon les besoins pour le port de Bonifacio, avec 3 ou 4% du trafic.

Le préfet avec Alain Tafani, président de la station de pilotage des ports de la Corse-du-Sud
Le préfet avec Alain Tafani, président de la station de pilotage des ports de la Corse-du-Sud