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Le non-salariat, une tendance en plein essor en Corse


Michela Vanti le Mercredi 15 Février 2023 à 10:44

L’emploi non-salarié connaît une forte croissance en Corse. Selon une étude publiée ce mardi 14 février par l’Insee, cette forme de travail se développe sur l'ile, à un rythme plus élevé que dans les autres régions métropolitaines.



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En Corse, le nombre de personnes exerçant une activité non-salariée à titre principal ou en complément d'un emploi salarié connait une croissance considérable depuis 2015. En effet, en 2019, 20 840 indépendants étaient présents sur l'île, soit 6 120 non-salariés pour 100 000 habitants, ce qui en fait la région la plus représentée sur ce segment après la PACA. Avec ce résultat, la Corse se place parmi les régions françaises les plus dynamiques en matière d'indépendants.

Selon l’Insee 60 % des non-salariés travaillent dans les secteurs des services aux particuliers, de la construction et des services aux entreprises. Parmi ces indépendants, 9 430 sont micro-entrepreneurs, 7 700 sont entrepreneurs individuels et 3 710 sont gérants majoritaires de sociétés. Le statut de micro-entrepreneur connaît un grand succès, représentant 45 % de l’ensemble des non-salariés insulaires, soit un taux plus élevé que dans les autres régions (4 points de plus que la province).

Davantage de non-salariés dans les services aux particuliers et la construction
En Corse, 4 580 indépendants travaillent dans le secteur des services aux particuliers (hors santé), soit la plus grande part des non-salariés insulaires à 22 %. Ils sont surreprésentés sur l’île avec une densité de 1 340 non-salariés pour 100 000 habitants contre 1 050 en France de province.
Sur l’île, 4 100 entrepreneurs travaillent dans la construction, soit un sur cinq. Ils sont deux fois plus présents qu’en province dans ce secteur. Ils exercent principalement leur activité dans les travaux de maçonnerie générale & gros œuvre (30 %), puis dans le domaine de l’électricité (15 %), de la plomberie (10 %) et de la vitrerie (10 %). Parmi eux, 2 390 travaillent comme micro-entrepreneurs. Ces derniers sont davantage présents dans les travaux de peinture et de plâtrerie, deux domaines qui nécessitent peu d’investissements.
Les non-salariés sont également nombreux dans les secteurs des services aux entreprises & services mixtes (3 850 non-salariés), de la santé humaine & de l’action sociale (3 590 non-salariés), et du commerce & artisanat commercial (3 120 non-salariés). Dans le secteur de l’industrie, leurs effectifs sont moins élevés (1 170 non-salariés) mais leur densité reste supérieure à celle de province.
Enfin, le secteur des transports fait exception avec une densité de non-salariés moins importante qu'en province, soit 112 non-salariés pour 100 000 habitants contre 135.

Le micro-entrepreneuriat porte l’essor des indépendants
Hors secteur agricole, entre 2015 et 2019, l’emploi non-salarié a augmenté de 10 %, porté par les micro-entrepreneurs. La hausse d’emploi sous ce statut atteint +40 % depuis 2015. Cette forte croissance résulte en partie des mesures législatives récentes et favorables : d’une part, les plafonds de chiffres d’affaires ouvrant droit à ce statut ont doublé depuis janvier 2018, et plus récemment d’autre part, les trois premières années d’activité sont partiellement exonérées de cotisations sociales depuis janvier 2019. D’ailleurs, entre 2018 et 2019, le nombre total de non-salariés augmente de 4,5 %, soit 900 indépendants supplémentaires. Cette progression est portée par celle du nombre d’auto-entrepreneurs (+12,5 %, soit +1 050 personnes).
À l’inverse, le nombre de non-salariés « classiques » est en baisse de 6,3 % depuis 2015 et de 1,3 % sur la dernière année.

Des revenus souvent nuls
En Corse, en 2019, un non-salarié classique retire un revenu d’activité de 3 570 euros net par mois en moyenne contre 3 625 euros en France de province. Cependant, lorsqu'ils dégagent un revenu d’activité, les non-salariés classiques de la région disposent en moyenne de 4 010 euros par mois. Ce montant est alors supérieur de 3 % à celui observé en province (3 890 €) et place la région à la quatrième position des niveaux de rémunération des non-salariés classiques. Cette meilleure rémunération insulaire résulte d’un effet structurel en lien avec la surreprésentation des secteurs où les niveaux de revenus sont les plus élevés en Corse parmi les indépendants (santé humaine, services aux entreprises).
Quand ils n’ont pas dégagé de bénéfice ou ne se sont pas versé de rémunération au cours de l'année, les non-salariés classiques déclarent un revenu d’activité nul. En Corse, 12 % d’entre eux sont dans cette situation délicate en 2019, soit une proportion supérieure de 4 points à celle de province. Cette part est particulièrement élevée dans les services aux particuliers où elle représente un non-salarié sur cinq. Elle est également plus importante dans le commerce & artisanat commercial ainsi que dans les services aux entreprises & services mixtes, secteurs où elle concerne un indépendant classique sur six. Au contraire, dans la santé, très peu de non‑salariés classiques se privent de rémunération (3 %).
Parmi les indépendants ayant déclaré un revenu nul en 2019, six sur dix déclaraient déjà un revenu nul en 2018 et un sur dix démarre son activité en 2019.
De leur côté, les micro‑entrepreneurs retirent en moyenne 550 euros par mois de leur activité non salariée sur l’île contre 570 € en province. C’est 6,5 fois moins que les non‑salariés classiques. Leur faible revenu est directement lié aux plafonds sur les chiffres d’affaires qu’impose le régime, ce qui positionne le micro‑entreprenariat plutôt comme une activité d’appoint.

Des femmes peu présentes et qui dégagent moins de revenus que les hommes
En Corse, quatre non-salariés sur dix sont des femmes, soit une proportion équivalente à celle de province. Très peu présentes dans les secteurs de la construction (2 %) et des transports (17 %), les non-salariées sont beaucoup plus nombreuses dans les services aux particuliers (48 %) et sont même majoritaires dans la santé & l’action sociale (62 %).
En 2019, en Corse, les indépendantes classiques dégagent des revenus 17 % inférieurs à ceux de leurs confrères (3 175 euros contre 3 825 euros), écart stable depuis 2015. En cause, les professions les plus rémunératrices sont les moins féminisées et les revenus d’activité des femmes sont plus faibles dans l’ensemble des secteurs. À l’inverse, elles sont largement majoritaires dans les professions les moins rémunérées telles que celles d’infirmiers et de sages-femmes (à 78 % féminisées). Cependant, de fortes inégalités demeurent au sein même des médecins et dentistes : le revenu moyen des femmes médecins généralistes est de 5 800 euros par mois, alors que celui des hommes est de 9 200 euros.