Corse Net Infos - Pure player corse

Le collectif anti-mafia Massimu Susini claque la porte du CEPP et dénonce son fonctionnement


Thibaud KEREBEL le Mercredi 15 Février 2023 à 17:35

Après avoir demandé la réactivation du Comité d’évaluation des politiques publiques, censé juger le travail de la Collectivité de Corse, le collectif anti-mafia Massimu Susini a annoncé sa démission de l'organisme, ce mercredi 15 février. En cause : une « opacité » certaine et une absence de pièces comptables.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni
Dans un communiqué publié ce mercredi 15 février, le collectif anti-mafia Massimu Susini a annoncé sa démission du Comité d’évaluation des politiques publiques (CEPP). « C’est une sorte de Cour des comptes citoyenne. Nous avions demandé sa réactivation, pour évaluer les politiques qui dépendent de la Collectivité de Corse », explique Jean-Toussaint Plasenzotti, porte-parole du mouvement. Cependant, depuis janvier 2021, les membres du CEPP ont le sentiment de pédaler dans le vide. Situation qui pousse aujourd’hui le collectif anti-mafia à quitter le comité, pour dénoncer son fonctionnement incohérent. « Une coquille vide, même repeinte, n’est qu’une coquille vide », conclut le communiqué.

« Le premier dossier que l’on nous a proposé de traiter, c’est celui de la politique publique de santé. Mais c’est quelque chose qui ne rentre pas, ou très peu, dans le domaine des prérogatives de la Collectivité de Corse, donc ça n’avait aucun intérêt », retrace Jean-Toussaint Plasenzotti. Malgré nombre de contestations, le comité a tenté de s’activer sur le sujet, avant de se heurter à une certaine « opacité ». « Ils ont acheté des masques pendant la crise Covid, mais ils n’ont pas les factures. Combien ont coûté les masques ? À qui ils ont été distribués ? Que sont-ils devenus ? On n’a rien du tout, aucune matière pour travailler. Un comité qui travaille sans pièce comptable ne peut pas faire d’évaluation financière. »

« La plupart des élus ne venaient jamais »

L’absence de justificatifs a également fait défaut sur d’autres points, notamment celui du versement de 13 millions d’euros par la Collectivité de Corse aux compagnies de transport maritimes. « On nous a dit que la CDC avait fait ça dans le cadre des problèmes rencontrés par les compagnies lors de la crise Covid », précise Jean-Toussaint Plasenzotti. « Mais encore une fois, lorsque l’on a demandé les documents comptables, nous seulement on ne nous a rien donné, mais en plus, on nous a dit que l’absence d’évaluation financière était un choix délibéré ! »

« Évaluer une politique publique, c’est porter un jugement de valeur sur une intervention publique donnée, en questionnant sa pertinence, son efficacité, et, en l’espèce, ses coûts, dont les Corses ne sauront donc rien à la suite d’un choix délibéré », déplore le communiqué du collectif anti-mafia. Au rayon des doléances, Jean-Toussaint Plasenzotti décrit également un contexte de travail inadéquat. « Le comité avait été mis en place avec une représentativité très large. Sauf que, dans la réalité, la plupart des élus ne venaient jamais, et la plupart des gens inscrits non plus. » En clair, un ras-le-bol général, qui se manifeste aujourd’hui par une démission à contre-coeur : « Ce n'est pas une bonne nouvelle pour la Corse et les Corses. »