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Le Catenacciu de retour cette année à Matra


J.L. le Vendredi 15 Avril 2022 à 14:30

A Matra, pittoresque village de l'ancienne Pieve de la Serra, la Confrérie di u Santissimu Crucifissu prépare depuis quelques jours la rituelle Passion du Christ. Jean-Marc Riccini, secrétaire de la confrérie, évoque pour CNI la valeur spirituelle du Catenacciu



U Catenacciu à Matra
U Catenacciu à Matra
 
Depuis quelques jours, les confrères di u Santissimu Crucifissu s'appêtent à revivre les jours de deuil et de tristesse autour de la Passion du Christ. Dans la casazza de Tocchisu, ils sont quelques-uns à préparer la procession du Vendredi saint.
La vingtaine de confrères vêtus de blanc avec e mantilette, une petite cape qu'ils portent sur les épaules de couleur violette en signe de deuil, accompagne le pénitent, u Catenacciu, qui dès le soir venu déambule dans le village. "Nous avons fait l'office des Ténèbres à Tallone, nous faisons le Via Crucis à Matra, c'est un moment très important pour nous, d'autant que ça nous a manqué depuis 2 ans. Ce soir, nous accompagnons u Catenacciu, nous allons relire la Passion et revivre les douleurs de Christ dans les strette du village.Nous avons un parcours précis et nous ne manquons pas de passer devant les maisons où vivent des personnes qui ne peuvent pas se déplacer. Cette procession nous la vivons avec beaucoup d'émotion, ce n'est pas simplement une représentation du Christ sur la croix, mais une façon d'honorer l'Homme qui va sciemment vers la mort pour racheter nos fautes",explique Jean-Marc.

Dans l'église San Bernardinu repose le Christ, u Sepolcru est paré de fleurs blanches. Les statues sont voilées pour ne se concentrer que sur la souffrance du Christ, Jean-Marc ajoute "les statues sont recouvertes, c'est l'expression du chaos, on recouvre aussi le Christ mort, le deuil est partout, c'est aussi pour ça que le tabernacle est vide. Nous découvrirons les statues lors de la Résurrection, comme pour montrer la renaissance, la victoire de la vie sur la mort."

Après la procession, à l'extérieur de l'église,les fidèles pourront honorer la Croix que porte le Catenacciu. Comme pour marquer l'égalité, les confrères portent une aube blanche, et leur cagoule symbole de pénitence marque aussi l'anonymat comme celle bien gardée du Catenacciu, dont le prieur et le sous-prieur de la confrérie sont les seuls à connaître l'identité.


U Catenacciu, entre expiation et profession de foi
Ce vendredi soir, le pénitent  a revécu le Via Crucis, il a revêtu son habit de pénitent et  est sorti de l'église entravé de chaînes. Le poids de la Croix pesait sur son épaule. Jean-Marc précise "u Catenacciu est un homme qui a choisi de vivre la condamnation injuste du Christ, il va porter la Croix de 40 kilos et aura des chaînes aux pieds, il va poursuivre son chemin jusqu'à la mort du Christ au Golgotha. C'est un choix, soit parce que cet homme a des fautes à expier, soit parce quil exprime sa foi en Jésus." 

Entre expiation et profession de foi, le pénitent a arpenté les ruelles de Matra en suivant les 14 stations de la Passion. La Croix est lourde, et les chaînes qu'il portait en rajoutaient à la pénitence, alors dans les difficultés rencontrées pendant son parcours de souffrance, les confrères l'ont l'aidé, à l'image de Simon de Cyrène.

Dans le village, la confrérie a marqué chaque station par un petit chevalet éclairé de bougies, et à chacune d'elles, on annonçait une prédication qui illustre toutes les étapes du chemin de Croix, de la condamnation, jusqu'à la mort. Puis, les chantres ont entonné le Via Crucis, ce chant de dévotion qui ponctue chaque arrêt du Catenacciu. "Après avoir chanté le Via Crucis devant la station, lorsque la procession reprend, entre 2 stations, nous chantons le Perdono moi Dio" ajoute Jean-Marc.
Ce cantique pénitentiel de 35 couplets repris par toute la procession marque un fort sentiment de dévotion et de pénitence. La procession a suivi le pénitent qui est retourné à l'église, accompagné aussi par le Stabat Mater, il a posé sa Croix à l'extérieur.
Epuisé, il s'est agenouillé devant l'autel, où on devinait l'introspection profonde de ce moment. Puis, il s'est isolé dans la sacristie pour préserver son anonymat, il a enlevé son habit de souffrance,  pour ejoindre la foule.
Ce vendredi soir, Jesus;est mort pour mieux ressusciter.