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La réforme de la police judiciaire inquiète la Plateforme citoyenne de Corse


La rédaction le Lundi 7 Novembre 2022 à 19:45

La réforme du statut de la police judiciaire inquiète la Plateforme citoyenne de Corse, un collectif créé il y a un an s'inquiète qui se compose de personnes morales et physiques, parmi lesquelles on retrouve des visages bien connus de l'action citoyenne tels que Ghjiseppu Maestracci, président de l'association antiraciste Avà Basta, Dominique Yvon, ancien référent de l'association Anticor pour la Corse, ou encore David Brugioni, ancien maire de Centuri.
Le collectif craint que le projet de réforme, porté par le ministre de l’Intérieur et qui prévoit de placer tous les services de police d’un département sous l’autorité d’un seul directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet, porte une atteinte à l’efficacité des enquêtes et à l’indépendance de la justice.



Le communiqué

La réforme Darmanin  inquiète ! Elle inquiète la police judiciaire qui perd ses compétences interrégionales en limitant au département ses zones d’actions, et rend ainsi impossible la lutte contre le crime organisé et la délinquance en col blanc qui n’a pas de frontières ! Elle inquiète la magistrature qui n’aura plus de moyens spécifiques à sa disposition pour mener à bien ses  enquêtes. Elle inquiète aussi les organisations et collectifs qui dénoncent, notamment en Corse, l'emprise qu'ont certaines équipes criminelles implantées dans la société et l'économie. 
En France, en 2021, 800 infractions d’atteintes à la probité ont été enregistrées par la police et la gendarmerie. Ces chiffres sont vraisemblablement très en dessous de la vérité  quand on sait, dans les régions où la mafia est active, le manque de zèle de la PJ, de la Gendarmerie, l’inefficacité de la préfecture et de la justice, lesquelles  ne comptent plus les non-lieux, les pertes de documents et autres affaires classées sans suite.
Entre 2016 et 2021, les infractions d’atteinte à la probité auront augmenté de 28 %, soit 5 % par an. La Corse-du-Sud et la Haute-Corse avec plus de 18 infractions en moyenne par an, se trouvent en tête du classement. 
Les agents de la police judiciaire savent, qu'avec la fusion des services voulue par Darmanin, leur spécialisation sera abandonnée au profit d’une lutte contre la petite délinquance du quotidien. Les enquêtes sur le crime organisé, les gros trafics de stupéfiants et les affaires économiques et financières les plus complexes ne seront plus une priorité. Ces atteintes, qui regroupent les infractions de corruption, de trafic d’influence, de prise illégale d’intérêts, de détournement de fonds publics, de favoritisme et de concussion ne seront plus étudiées à temps. Cette réforme vient en complément du projet de loi du garde des sceaux qui prévoit de classer sans suite toutes les enquêtes n’ayant amené d’éléments probants dans un délai de 2 ans (voire 3 sur demande du procureur).  Ceci est un moyen, notamment pour les politiciens véreux, de ne plus être inquiétés pour des affaires financières.
En mettant la police sous la coupe du préfet, celle-ci devient immédiatement assujettie au pouvoir politique. Les politiciens véreux, les lobbyistes peuvent dormir tranquilles, la police n’aura ni les moyens, ni les ordres pour enquêter.
La Plateforme citoyenne de Corse, qui apporte son soutien aux policiers et magistrats opposés à cette réforme, fait part également de sa préoccupation. "La refonte de la PJ va poser un problème d'un point de vue général et en Corse en particulier étant donné les prérogatives jusque-là des services de police judiciaire dans la lutte contre le crime organisé et la délinquance en col blanc et alors que des statistiques du ministère de l'Intérieur lui-même mettent en exergue que la Corse se trouve sur la première place du podium en matière d'atteintes à la probité. 
Les infractions de corruption, (source ministère de l’intérieur) actives ou passives, qui représentent 1/3 des atteintes à la probité (en hausse de 46% sur la période 2016-2021) sont souvent en lien avec des délits relevant de la fraude, de l’escroquerie ou de la tromperie.
 
À partir du moment où le gouvernement n'assume plus les moyens de son efficacité contre ces infractions, la Démocratie est en danger. Réformer oui, mais il faut que cela aille dans le sens de l'efficacité et du service rendu au citoyen. Cette réforme est tout à fait hors sujet car elle n'apporte pas la solution que prétend  le ministre de l'Intérieur;  au contraire, elle crée le risque de cliver encore un peu plus la société, et cela peut avoir des conséquences lourdes en Corse dans la lutte contre la criminalité organisée et les infractions économiques et financières.
 
La réforme de la police judiciaire inquiète la Plateforme citoyenne de Corse