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La précarité des saisonniers, "dossier sensible" pour l’UD FO de Haute-Corse


Philippe Jammes le Mercredi 18 Octobre 2023 à 15:37

À l'invitation de Christophe Bertin, secrétaire général de l'Union départementale FO de Haute-Corse, une délégation de la FGTA (Fédération Générale des Travailleurs de l'Agriculture, de l'Alimentation, des Tabacs et des Services Annexes de Force ouvrière) s'est rendue en visite sur l'île le mercredi 18 octobre. L'ordre du jour de leur visite était consacré au dossier des travailleurs saisonniers.



La défense des saisonniers, sujet majeur pour FO
La défense des saisonniers, sujet majeur pour FO
En Corse, pas moins de 30 000 travailleurs saisonniers exercent dans des secteurs clés tels que l'hôtellerie, la restauration et l'agriculture. Cette main-d'œuvre précieuse est souvent confrontée à des conditions de travail précaires, une rémunération insuffisante, des logements inadaptés, l'isolement social, et une incertitude quant à leur emploi.
Pour aborder ces problématiques complexes, Christophe Bertin, le secrétaire général de l'UD FO de Haute-Corse, a orchestré l'invitation d'une délégation de la FGTA-FO (Fédération Générale des Travailleurs de l'Agriculture, de l'Alimentation, des Tabacs et des Services Annexes de Force ouvrière) en Corse. « Le problème des saisonniers n’est pas nouveau et il demande un travail de longue haleine pour les assurer de leurs droits » explique Christophe Bertin. «Employés mais aussi employeurs sont en demandes d’informations. C’est un sujet qui touche particulièrement notre île car on en recence environ 30 000 que ce soit dans le domaine de l’hôtellerie, de la restauration ou encore de l’agriculture. Notre but à FO est d’informer et d’accompagner ces travailleurs qui sont souvent mal employés, mal payés, mal logés, isolés, en situation de précarité. On travaille d’ailleurs aussi avec les employeurs qui eux aussi sont en demandes d’informations. En Corse on a la problématique d’avoir les saisonniers au bon moment. Souvent on les embauche à l’arrache avec un salaire moindre ».


La visite de Laurent Rescanières, le secrétaire général de la FGTA, en provenance du continent, témoigne de l'importance accordée à ce sujet. La FGTA, en tant que deuxième plus grande fédération du secteur privé, gère 63 conventions collectives et intervient dans divers domaines, notamment l'agriculture, l'agroalimentaire, l'artisanat, la coiffure, l'esthétique, la grande distribution, l'hôtellerie et la restauration. « En Corse on en recence environ 30 000 dont 3900 dans le secteur agricole. - indique Laurent Rescanières - Parmi nos revendications pour les saisonniers l’assurance chômage. Aujourd’hui le gouvernement a fait passer de 4 à 6 mois pour avoir celle-ci. Les salaires aussi puisqu’on constate que ceux-ci sont inférieurs de 20% à ceux des non saisonniers. On se doit de combattre cette discrimination qui fait d’ailleurs qu’on trouve difficilement des saisonniers pour la Corse. On revendique aussi une formation rémunérée ».

Guillaume Tramcourt, secrétaire fédéral de la FGTA, suit tout particulièrement le secteur agricole. « Afin d’aider les saisonniers corses nous sommes en train de rédiger un guide spécifique à leur encontre mais aussi destiné aux employeurs car on doit faire preuve de pédagogie auprès d’eux. Ce guide devrait sortir début 2024. En Corse on compte 9000 emplois direct dans le secteur de l’agriculture dont 3900 saisonniers principalement dans l’arboriculture. Ce qu’on demande aujourd’hui c’est bien sûr une rémunération correcte, de meilleures conditions de travail, des logements décents, une reconnaissance de l’ancienneté du saisonnier, une fidélisation. On souhaite que soit reconnue la pénibilité du travail. »

Des problèmes que l’on retrouve bien évidemment dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration. « Dans ce secteur aussi les saisonniers manquent cruellement d’informations » souligne Nabil Azzouz, secrétaire fédéral FGTA dans ce secteur. « Les saisonniers sont souvent isolés. Ils connaissent de nombreux problèmes structurels notamment dans le domaine du logement. On n’a pas encore assez de retour afin d’analyser pourquoi dans ce secteur les saisonniers ne viennent pas en Corse. Si la moyenne d’un contrat saisonnier au niveau national est de 67 jours, en Corse il l’est beaucoup moins.  On s’est rendu compte déjà qu’il y a des problèmes sur le repos compensateur. Le repos hebdomadaire est très problématique. Il est parfois reporté ou suspendu et c’est inacceptable. On demande au moins déjà 1 week-end de repos par mois. Il y a aussi le problème des heures supplémentaires. Si elles sont payées elles le sont bien en dessous des tarifs en vigueur. On s’aperçoit que les patrons ont du mal à mettre la main à la poche. Les collectivités viennent en renfort mais cela ne suffit pas. C’est pour cela qu’on milite aussi pour un prime de précarité ».       

L’ensemble des revendications fédérales seront travaillées et développées le 22 novembre dans le cadre des assises des saisonniers qui se dérouleront à la Fédération à Vanves en présence des unions départementales concernées .