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La liaison électrique entre la Corse, la Sardaigne et l'Italie va être renforcée


le Jeudi 30 Mai 2024 à 20:12

La ligne à courant continu qui relie la Sardaigne, la Corse et l’Italie va être renforcée. Des travaux de rénovation vont démarrer très prochainement pour une durée de cinq ans sous l’égide d’EDF et de son partenaire italien Terna.



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
C’est un chantier pharaonique et essentiel pour l’avenir de l’alimentation électrique de la Corse qui va être mené sous l’égide d’EDF et de son homologue italien Terna. Dans deux communiqués publiés ce mardi, EDF et la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) annoncent que les travaux de renforcement de la liaison SArdaigne-COrse-Italie, dite SACOI 3, vont commencer « au 2ème trimestre 2024 ». « C’est un projet que l’on prépare depuis de longues années », commente Vincent de Rul, le directeur régional d’EDF en Corse. D’abord prévue pour 2024, la mise en service de l’ouvrage a effet pris un peu de retard du fait d’aléas imprévisibles. « Nous avons eu du retard essentiellement à cause de la crise Covid qui a un petit peu bloqué les avancées sur le projet. La crise en Ukraine et la crise énergétique qui en a découlé ont aussi eu pour effet notamment de complexifier un petit peu la manière dont on peut faire ce type de projet. Cela a nécessité de reprendre certaines activités en termes de solutions techniques pour pouvoir choisir le meilleur partenaire. Aujourd’hui, nous avons donc un planning qui prévoit une mise en service pour fin 2029 sur ce projet SACOI 3 », précise le directeur régional d’EDF. 
 
Construite en 1964, SACOI était initialement une ligne à courant continu utilisée pour évacuer la production électrique de la Sardaigne vers l’Italie continentale et la Toscane via la Corse. Depuis 1986, elle alimente également notre île qui s’est raccordée au réseau par le biais de la station de conversion de Lucciana qui permet d’y prélever 50 MW. Un apport important dans le système électrique corse qui a permis de sécuriser son alimentation et d’accompagner notamment le développement de l’agglomération bastiaise. Une nouvelle étape a été franchie en 1992 avec le projet SACOI 2 et la rénovation des stations de conversion sardes et toscanes, qui a permis de faire passer la capacité de transit de 200 à 300 MW. Mais la puissance prélevée par le réseau corse reste alors identique car suffisante pour répondre aux besoins de l’île. Cependant, l’anticipation d’importantes évolutions dans la consommation d’électricité qui ne cesse de progresser en raison de la croissance de la population corse et de la multiplication des usages de l’électricité ont poussé la Collectivité de Corse (CdC) à vouloir anticiper pour l’avenir. Lors de l’adoption de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) en 2015, elle a ainsi posé comme objectif l’augmentation de la puissance soutirée par la Corse sur la liaison SACOI, donnant lieu au projet SACOI 3 engagé dès 2017 par EDF et son partenaire Terna afin de faire passer la liaison de 300 à 400MW. 
 
1,5 milliard d’euros
 
Un renouvellement fortement attendu pour « trois raisons essentielles ». « Nous allons venir remplacer une installation qui a aujourd’hui près de 40 ans, qui est vétuste mais qui continue à bien rendre service au réseau électrique. Par ailleurs, la capacité d’énergie qu’on va pouvoir prélever va être doublée. Enfin, tout cela s’inscrit dans un projet beaucoup plus vaste d’accompagnement vers la transition énergétique », explique Vincent de Rul en détaillant que le chantier va se décliner en plusieurs phases. « Nous allons débuter avec des travaux qui viseront à améliorer la ligne aérienne existante entre Lucciana et Bonifacio », pose-t-il. « Ensuite, les travaux concerneront les lignes sous-marines entre la Sardaigne et la Corse, ainsi qu’entre la Corse et la Toscane, et les lignes souterraines au niveau des arrivées des lignes sous-marines ». Dans ce cadre, sont ainsi prévus la construction de deux nouvelles lignes électriques souterraines et le remplacement de l’ensemble des câbles. « Puis, il y aura un grand chantier qui commencera au 1er trimestre 2025 au niveau de la station de conversion de Lucciana pour construire une nouvelle installation en remplacement de l’existante », reprend le directeur régional d’EDF en soulignant que la station de Lucciana -  l’équipement qui permet d’extraire l’énergie qui circule dans les lignes - doublera sa capacité de soutirage en passant de 50 à 100 MW. Dans le même temps, les stations de conversion en Sardaigne et en Toscane seront également remplacées. L’appel d’offres portant sur la construction de ces trois stations de conversion a été remporté par le groupement d’entreprises Hitachi/Razel Bec/ Pelligrini. 
 
Reconnu comme Projet d’Intérêt Commun par l’Union Européenne en 2017 car il « répond aux enjeux de politique énergétique français et italiens », le chantier a également été validé par les régulateurs français et italien - la CRE et son homologue l’Autorità di Regolazione per Energia Reti e Ambiente (ARERA) -. Ces derniers ont accompagné EDF et Terna en leur garantissant notamment un soutien public pour le financement des travaux, validé en début d’année par les gouvernements des deux pays. « Dans son ensemble, le projet coûte 1,5 milliard d’euros, dont les deux tiers sont supportés par notre partenaire Terna sur tous les travaux de lignes et les stations de conversion qui vont être construites en Italie. À peu près 500 millions d’euros seront supportés par EDF. Et tout cela rentre dans le cadre d’accords entre les régulateurs français et italiens : ces montants sont investis par les opérateurs, mais derrière il y a un cadre régulatoire qui assure le fonctionnement du côté financier de ce type de partenariats », dévoile ainsi Vincent de Rul.