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La base aérienne du Dragon 2A menacée de fermeture ?


le Jeudi 30 Mai 2024 à 14:20

La base ajaccienne de la Sécurité Civile pourrait fermer au cours de l'été du fait de la réquisition de l'hélicoptère Dragon 2A sur d'autres territoires lors des Jeux Olympiques. Une perspective qui suscite une grande inquiétude sur l'île où cet équipement s'avère essentiel pour assurer la célérité des secours. Interrogé sur le sujet lors de la séance de questions orales de l'Assemblée de Corse de ce jeudi matin, le président de l'Exécutif a martelé que "cette option n'est pas envisageable".



La base aérienne du Dragon 2A menacée de fermeture ?
C’est un équipement indispensable pour assurer une réponse rapide des secours en Corse. La base aérienne de la Sécurité Civile d’Ajaccio d’où décolle le Dragon 2A pourrait subir des périodes de fermeture au cours de l’été prochain, l’hélicoptère jaune et rouge pouvant en effet être réquisitionné lors des Jeux Olympiques afin de renforcer des bases sur le continent. Pis, certains prédisent que la base pourrait tout bonnement être sous la menace d’une fermeture définitive, comme cela avait déjà été le cas en 2014. Une annonce qui a fait l’effet d’une douche froide en Corse. 
 
Dans un communiqué, le STC du SIS2A fait ainsi part de sa vive inquiétude. « De telles décisions entraînent des conséquences dramatiques sur la sécurité et la vie de notre population, en privant la Corse d’un hélicoptère », regrette le syndicat en pointant un « élément indispensable dans la distribution des secours ». De facto, les pompiers demandent des « réponses claires et immédiates » de la part de l’État et une mobilisation massive des élus du peuple corse et de la société civile « pour défendre la sécurité de tous ».
 
Le sujet a aussi rebondi dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse ce jeudi matin, à l’occasion de deux questions orales. Véronique Pietri de Core in Fronte a ainsi averti que « contrairement au caractère facultatif affirmé, cette fermeture serait définitive : le redéploiement du Dragon 2A entrerait dans le dispositif d’une nouvelle base de la Sécurité Civile, dans le Var sur la commune de Le Luc ». « Paradoxalement les bases corses sont parmi les cinq premières plus actives dans ce domaine au niveau national français », a-t-elle indiqué. Et de détailler : « L’hélicoptère sécurité civile Dragon 20 a effectué en 2023 les missions suivantes : 891 missions médicalisées SAMU sur un total de 4234 en Corse du Sud, dont 400 à Porto-Vecchio. En été, il effectue 2 à 3 interventions de secours par jour en montagne avec les pompiers ». Au regard de ces éléments, la conseillère territoriale a mis en garde face à un choix qui « engage la responsabilité de l’État français » et « prend en otage les Corses et la santé et, avec eux, particulièrement en période estivale, ceux qui prennent la destination touristique Corse ». Dans la même veine, du côté d’Avanzemu, Pierre Poli a souligné que « la Corse, du fait de ses caractéristiques géographiques avec une centaine de sommets à plus de 2000 mètres et une façade maritime de plus de 1000Km ne peut se passer de cette base ». Les deux élus ont donc entendu interroger l’Exécutif sur les moyens d’action à mettre en place pour faire face à l’annonce de cette potentielle fermeture. 
 
« Cette option n’est pas envisageable »
 
En réponse, le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni a rappelé que « la Corse ne dispose pas d’hélicoptère dédié au Samu, alors que c’est le cas dans l’ensemble des régions françaises », et peut seulement compter en cas d’urgence sur l’intervention de l’hélicoptère de la gendarmerie, du Dragon 2B en Haute-Corse et donc du Dragon 2A en Corse-du-Sud. « Nous partons déjà d’une situation où nous sommes sous dotés, et celle-ci risque aujourd’hui d’être singulièrement aggravée, puisqu’on envisage très sérieusement de suspendre l’activité hélicoptère à Ajaccio pendant une période estivale de 10 ou 20 jours. Cette option n’est pas envisageable », a-t-il martelé en insistant sur les « délais de route qui sont longs sur l’île et imposent la meilleure réactivité possible pour les secours d’urgence de jour comme de nuit ».
 
En outre, Gilles Simeoni a regretté que cette potentielle fermeture puisse se faire au cours de la saison touristique, période où la population augmente de façon importante sur l’île, et où la fréquentation est forte en montagne et en bord de mer, souvent dans des sites difficilement accessibles. « Autrement dit ce que l’on nous propose d’envisager, c’est la suppression d’un moyen d’intervention indispensable, dans un dispositif qui est déjà sous-doté et au moment où nous en avons le plus besoin », a-t-il sifflé en reprenant : « Au moment où nous discutons dans la perspective d’un statut d’autonomie, il est nécessaire que nous ayons une discussion franche, loyale, et apaisée entre la Collectivité de Corse et l’État sur la répartition des moyens. Ce combat de court terme, urgent nous allons le mener ensemble ». 
 
Obtenir des engagements de l’État
 
Dans cette optique, le président de l’Exécutif a précisé que dès le 15 avril, date à laquelle cette possibilité a été évoquée, la présidente du SIS 2A, Véronique Arrighi, a saisi à la fois le Gouvernement et le préfet de Corse « en expliquant que cette option n’est pas envisageable ». « En complément de cette démarche, j’ai sollicité le cabinet du ministre de l’Intérieur », a-t-il dévoilé. « La sensibilisation a été faite. Mais je n’ai aucune garantie au moment où je parle que cette option soit définitivement abandonnée. Je ne peux pas, malgré la diligence qu’a apporté le cabinet du ministre de l’Intérieur dans sa réponse, me considérer comme pleinement rassuré », a-t-il ajouté en dévoilant qu’à l’occasion de ces échanges le cabinet ministériel a mis en exergue un renouvellement de flotte d’hélicoptère avec l’arrivée d’appareils neufs dès la fin de l’année et dans le courant de l’année prochaine. « Cette perspective ne peut pas nous conduire à accepter que nous soyons en situation fortement carencée pendant 10 ou 20 jours cet été au moment où nous avons le plus besoin de ces moyens d’intervention », a encore insisté Gilles Simeoni. 
 
En conséquence, dans le but d’obtenir des réponses rapides, il a proposé aux différents groupes de l’Assemblée d’acter leur « convergence totale d’analyse et de positionnement » autour de cette problématique, à l’occasion du vote d’une motion qui devait être examinée plus tard au cours de la session. « Il faut aussi que nous profitions de la venue en Corse annoncée de Grégory Canal du cabinet de Gérald Darmanin pour lui faire passer très fortement ce message et solliciter de sa part que nous puissions avoir un engagement de ce côté. Si nous ne l’avions pas, nous nous réservons les moyens d’autres modalités d’expression de notre refus d’envisager cette perspective », a-t-il encore posé.