De la section régionale de la ligue des droits de l'Homme :
« Mal nommer les choses, c’est ajouter aux malheurs du monde » (Albert CAMUS)
Le débat sur la violence prend des allures qui inquiètent la LDH. Les premières mesures annoncées par le gouvernement, sous la pression des derniers évènements, restent marquées par la même logique que celles développées depuis des années et qui sont restées sans résultats tangibles. Evidemment nul ne peut se plaindre d’un renforcement des moyens de lutte contre la criminalité. Mais avec ces mesures, on a l’impression que le gouvernement est dans l’incapacité d’aller au-delà d’un renforcement quantitatif des moyens répressifs. Il n’y a aucune raison de croire que la dyarchie existante entre les services de police, le maintien sur le continent des moyens les plus importants sur le plan judiciaire, et le recours permanent à des procédures d’exception produisent de meilleurs résultats que ceux que l’on connaît aujourd’hui.
La LDH s’inquiète également des nombreux propos excessifs tenus par différents observateurs politiques ou autres. Lorsque l’Etat a fait siennes ces visions caricaturales de la société corse, cela a systématiquement débouché sur des dérives répressives, l’exacerbation de toute une population et en fin de compte, la nécessité de renouer le dialogue.
Aujourd’hui, la LDH attend du gouvernement qu’il ne s’enferme pas dans une réponse uniquement policière que martèle nombre de ces conseilleurs ; qu’il n’oublie pas de pallier au sous-développement économique, celui-là même qui rend d’autant plus attractive la spéculation immobilière et incite à toujours plus de débrouille ; qu’il s’attaque en profondeur aux maux qui atteignent la Corse. Le gouvernement sera d’autant plus en situation de répondre à la question corse qu’il fera confiance à la société corse, et non aux diseurs de mauvaise aventure, et qu’il en favorisera le développement démocratique.
Quant à nous, citoyens corses, nous devons sortir du cycle assassinat-indignation et stopper les rumeurs annonciatrices d’autres malheurs. Nous devons rejeter l’enfermement dans la fatalité en usant de nos libertés, en ayant conscience que celles-ci sont avant tout affaire de citoyenneté. Ainsi nous pourrons mettre en débat les injustices que génère notre société afin de mieux les combattre.