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La Corse aussi devra choisir : Produits phytosanitaires ou disparition des végétaux vulnérables aux bio-agresseurs ?


le Lundi 22 Février 2016 à 22:07

L'UPJ (l'Union des entreprises pour la Protection des Jardins et des Espaces Publics) rappelle que la loi de Transition Energétique prévoit la suppression des produits phytosanitaires issus de la chimie de synthèse pour les collectivités dès 2017 et à partir de 2019 pour les particuliers. Quel en est le risque ? Favoriser la désertification des espaces urbains en faisant disparaître des espèces de végétaux vulnérables aux bio-agresseurs ? Ce sont les questions que se posent aujourd'hui l'UPJ.



La Corse aussi devra choisir : Produits phytosanitaires ou disparition des végétaux vulnérables aux bio-agresseurs ?

Tout le monde a pu le constater : les végétaux du Sud-Est de la France et de la Corse sont en proie à des ravageurs et maladies contre lesquels la lutte est compliquée, parfois obligatoire et souvent encore impossible faute de traitement efficace. De plus, la gestion financière de ces fléaux « peut être une charge importante pour les collectivités concernées. ». L'absence de produits phytosanitaires ne fera que précipiter la disparition du patrimoine paysager de ces régions. Sans les évoquer tous, voici un rapide tour d'horizon de 4 parasites majeurs qui touchent directement les espèces des régions méditerranéennes.


Le chancre coloré
Il attaque sévèrement le platane, véritable emblème paysager du Sud de la France, qui borde notamment les berges du canal du Midi. Le chancre est un champignon microscopique venu des Etats-Unis et décelé en 1929. Il a certainement gagné l'Europe via les caisses en bois de munitions américaines transportées au cours d'opérations militaires à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Ce parasite se propage un peu plus chaque année et menace le patrimoine arboré du Sud-Est de la France : arrivé par Marseille, il a envahi la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, s'est propagé en Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Rhônes-Alpes et bien d'autres régions comme la Savoie qui a connu son premier cas en 2006. Un platane touché par cette maladie meurt au bout de 2 à 5 ans.

Pour l'Union Européenne, le chancre coloré est un « organisme de quarantaine », c'est-à-dire un organisme nuisible qui fait l'objet d'une lutte obligatoire et officielle. Malheureusement, hormis l'abattage, il n'existe aucun moyen pour lutter directement et efficacement contre ce parasite. Pour l'heure, la recherche est en cours ; un traitement pour stopper la propagation (et non pour guérir), élaboré par une entreprise privée, devrait être testé mais aucune solution n'est attendue avant 2018.

Malgré les mesures de lutte mises en œuvre par les Voies Navigables de France (VNF), sur les 42 000 platanes du canal du Midi, site inscrit au patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO, 7600 avaient été abattus et 1 200 replantés. En 50 ans, on estime que 50 000 platanes ont été abattus uniquement dans la région PACA[3], tout cela du simple fait du chancre coloré.

Le charançon rouge
 Aussi appelé « le tueur de palmier », le charançon est un ravageur récent. Apparu en 2006, sa propagation est rapide : originaire d'Asie du Sud-Est, il est repéré au Moyen-Orient et dans le bassin méditerranéen dans les années 1990 ; l'insecte est détecté dès 1994 en Espagne. Le charaçnon, présent dans 8 départements côtiers de la région PACA, du Languedoc-Roussillon et de la Corse, fait l'objet d'un arrêté national. Le palmier est un atout phare du paysage du sud de la France et notamment de la Promenade des Anglais à Nice, qui ne compte pas moins de 1 300 palmiers ! Dans la région Languedoc-Roussillon, la FREDON-LR (Fédération Régionale de Défense contre les Organismes Nuisibles) estime entre 50 000 et 60 000 le nombre de palmiers malades ou déjà morts et à 80 000 les palmiers restant à protéger.


Le papillon palmivore.  
Arrivé en Europe dans les années 1990 et en France en 2001, ce papillon ne connaît aucun prédateur naturel et a été inscrit sur la liste des organismes nuisibles dès 2002.
La lutte envers ces insectes, véritables fléaux phytosanitaires, est obligatoire. Ces deux parasites provoquent la mort du palmier en 1 à 3 ans.


 Le cynips du châtaignier.
Cet insecte originaire de Chine s'attaque à toutes les espèces de châtaigniers. Il a été identifié au Japon en 1941, aux Etats-Unis en 1974, en Italie en 2002 et dans la région Rhônes-Alpes et en Corse en 2007. Le cynips peut engendrer une perte de 80 à 100% de la récolte!


« Il est grand temps de se mobiliser pour sauver le paysage végétal du Sud-Est de la France constitué de palmiers, de châtaigniers ou encore de platanes. Sans solution adaptée et efficace, ces espèces sont amenées à disparaître comme ce fut le cas pour les ormes, rayés de la carte entre 1970 et 1990 suite à leur contamination par un champignon appelé la  graphiose. », dénonce Guillaume Roth, président de l'UPJ.
L'impact écologique des végétaux dans les villes et les jardins est positif. : ils refroidissent et dépolluent. 


"Aujourd'hui, les urbanistes et les jardiniers qui pensent la ville de demain, se voient contraints d'abandonner les végétaux et de les remplacer par des jardins minéraux, à l'aspect gris et lunaire, ou des gazons synthétiques", déplore;  pour sa part, Jacques My, directeur général de l'UPJ.


Une loi aux échéances prématurées qui oublie le temps de la reconversion
Le mois dernier, Guillaume Roth s'interrogeait sur l'intérêt du vote de l'article 68 de la loi relative à la transition énergétique en rappelant que les professionnels du secteur jardin étaient « dans une démarche positive, concrète et efficace ; cette interdiction est une punition injuste et accablante».  En effet, entre 2008 et 2013, en dehors de toute obligation législative, les volumes de substances actives avaient diminué de 25% dans les jardins et les espaces publics, preuve concrète des efforts entrepris par la profession. De plus, les produits dotés de la mention EAJ résultent depuis 15 ans d'efforts de R&D qui ont permis de ne mettre sur le marché que des solutions sécurisées et spécialement adaptées aux besoins des jardiniers.

L'UPJ s'étonne donc que la France, pays d'accueil de la COP 21, soit capable de prendre des décisions si restrictives et hâtives d'autant que les alternatives naturelles aux produits phytosanitaires n'existent pas toujours. 

« L'avenir des villes européennes est dans la végétation plantée et entretenue. Nos villes sont de plus en plus polluées. Mais, en supprimant les produits qui aident au développement des plantes et des arbres sains, les parlementaires ont voté la dégradation des conditions de vie des habitants, qui apprécient les espaces verts. Faut-il dès à présent s'habituer à voir le canal du Midi sans platanes ? La Promenade des Anglais sans palmiers ? », conclut Guillaume Roth.