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L'insécurité au cœur du Congrès des maires à Paris. Ange-Pierre Vivoni : "Notre devoir est de sécuriser nos citoyens"


David Ravier le Mardi 21 Novembre 2023 à 12:17

La 105e édition du Congrès des maires et des présidents d’intercommunalité de France se tient du 21 au 23 novembre à Paris. Pour CNI, Ange-Pierre Vivoni, le maire de Sisco et président de l'association des maires de Haute-Corse livre ses attentes, ses inquiétudes et les difficultés auxquelles il fait face avec les autres élus corses.



Ange-Pierre Vivoni, président de l'association des maires de Haute-Corse. Archives CNI.
Ange-Pierre Vivoni, président de l'association des maires de Haute-Corse. Archives CNI.
- Alors que s'ouvre la 105e édition du Congrès des maires et des présidents d'intercommunalité de France ce mardi, en tant que maire et président de l'association des maires de Haute-Corse, quels sont les enjeux que vous souhaitez mettre en avant lors de ce rendez-vous annuel ?
- En tant que maire de Sisco, en collaboration avec mes homologues insulaires, nous aborderons divers sujets, notamment le nouveau statut d'autonomie en préparation pour la Corse. En tant qu'élus, notre préoccupation principale, nourrissant les débats, concerne l'insécurité que nous ressentons. Les maires de France expriment leur mécontentement tant en raison de la diminution de nos budgets que de notre sécurité en tant qu'élus. Depuis 2020, la démission de 400 maires chaque année en raison de l'incivisme est alarmante. Les maires ressentent une appréhension légitime, car ils ne sont pas des héros. Face à la pression, les plus jeunes retournent à la vie civile, mais les élus plus expérimentés, comme moi, continuent de supporter cette pression, bien que de manière de plus en plus difficile. Au cours de la dernière décennie, la situation s'est détériorée, touchant tant les maires des grandes villes que ceux des petites communes. La délinquance, autrefois cantonnée aux agglomérations, affecte désormais même les villages, où de nombreux maires se plaignent de la montée de la délinquance liée à la drogue.

- Qu'est-ce qui, selon vous, a conduit à une telle situation ?
- La société est devenue plus violente. Les adultes, notamment ceux nés après la guerre, n'ont pas réussi à transmettre les valeurs qui leur avaient été inculquées par leurs parents. La violence est omniprésente, de la capitale jusqu'à la plus petite ville, ce qui devient préoccupant pour nos concitoyens.

- Cette montée de la violence et de l'insécurité vis-à-vis des élus est-elle un phénomène propre au continent ou la Corse est également touchée ?
- J'ai moi-même été menacé depuis l'affaire du burkini en 2016 et ai reçu des menaces liées à l'acquisition du couvent de Sainte-Catherine en 2021. Tous les maires vivent des événements similaires, même en Corse, où une certaine voyoucratie cherche à exercer son emprise. Beaucoup craignent cela, et ceux qui en parlent publiquement font face à des menaces.

- Qu'attendez-vous de ce congrès ?
- Nous espérons que les membres du gouvernement sauront nous rassurer et nous montrer la voie pour apaiser le débat, plutôt que d'opter pour une répression accrue. Ce dont nous avons besoin, c'est de la pédagogie et de recentrer les discussions sur la gendarmerie et la police. Nous devons travailler de manière plus efficace et novatrice pour mettre un terme à la violence et à la délinquance. Lorsqu'elle devient incontrôlable, la petite délinquance peut rapidement dégénérer en grande délinquance. À présent, nous faisons face à des criminels qui nuisent à la population, et il est de notre devoir de sécuriser nos citoyens.

- Emmanuel Macron devait initialement participer au congrès, mais sa visite a été annulée en raison d'une visioconférence avec les autres chefs d'État du G20. En tant que maire, ressentez-vous un sentiment d'abandon en raison de l'absence du président de la République ?
- Pas du tout, car nous comprenons parfaitement que le président de la République a des responsabilités importantes sur la scène internationale. Nous sommes conscients de l'importance de la voie de la France à l'échelle mondiale, et nous comprenons que la situation internationale puisse empêcher sa participation. En connaissant les circonstances, les maires de France ne peuvent exiger la présence du président au risque de le priver d'événements cruciaux avec ses homologues internationaux. Dans tous les cas, comme tous les maires, j'aurai l'occasion de rencontrer Emmanuel Macron à l'Élysée mercredi soir.

Paris au congrès. Crédit photo Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité
Paris au congrès. Crédit photo Association des maires de France et des présidents d'intercommunalité