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L'autonomie alimentaire ? "Sur la clémentine, on est largement excédentaire en Corse"


le Samedi 9 Décembre 2023 à 17:43

Cette année, la récolte de la clémentine a une nouvelle fois donné satisfaction à ses producteurs, comme le confirme Jean-Paul Mancel, le président de l'Association pour la promotion et la défense de la clémentine corse. Environ 1 100 travailleurs saisonniers marocains ont été embauchés pour récolter les fruits, ce qui représente "environ les trois quarts de la main d'œuvre".



- À un mois de la fin de la récolte, l'année 2023 est-elle un bon cru pour la clémentine corse ?
- Jusqu'à maintenant, ça s'est passé pas trop mal. Le temps a été avec nous, on a eu beaucoup de soleil. Le manque de pluie fait qu'en contrepartie, il y a beaucoup plus de sucre dedans, les fruits se tiennent bien. Donc, globalement, on peut dire que c'est une bonne année, même s'il n'y a pas le tonnage de l'année dernière, mais ça, c'est l'agriculture...

- C'est-à-dire ?
- On espère arriver aux 30 000 tonnes expédiées. On avait une courbe ascendante, mais oui, cette année, il y a un fléchissement. C'est surtout lié à la nature. Les arbres, l'année dernière, ont beaucoup produit. Donc ils ont tendance à marquer le pas l'année suivante.

- Si l'on excepte la vente directe qui s'opère au bord de la route à un tarif avoisinant les 2 euros le kilo, comment expliquez-vous que les tarifs grimpent autant lorsque les clémentines sont vendues dans la grande distribution en Corse, souvent entre 4 à 6 euros le kilo ?
- Depuis quatre ans, on fait des relevés de prix sur le Continent et en Corse. Et on a des courbes qui montrent qu'en Corse, ce n'est pas plus cher que sur le Continent. Tout dépend des enseignes, tout dépend du jour où vous achetez les clémentines, ou de la promotion... J'ai l'impression que l’on compare ce qui n'est pas comparable. Aujourd'hui, il y a des enseignes sur le Continent qui sont à plus de 6 ou 7 euros...

- Mais ces clémentines étant récoltées en Corse, la logique voudrait qu'elles soient moins chères en Corse...
- Oui, ça serait logique... Mais est-ce que c'est la logique des enseignes ? Moi je ne peux pas répondre. Un propriétaire d'un magasin peut se dire : "C'est de la clémentine corse, je vais la vendre moins cher." Mais est-ce que c'est sa politique ? En général, les patrons d'enseigne ont un prix d'achat, ils ont une marge et ils ne se posent pas ce genre de questions.

- En dépit de ces tarifs parfois élevés, comment se situent les ventes de clémentines sur le marché corse ?
- Il s'en vend de plus en plus, ça, c'est sûr. Dans les supermarchés comme sur les bords de route. Et la population augmentant, c'est très net, oui.

- Vous vous basez sur quoi pour l'affirmer ?
- Si on a un retour global de ce que les opérateurs vendent, ils ne nous disent pas sur quels marchés. Mais mon directeur a fait des simulations. Pendant longtemps, on a parlé de mille tonnes théoriques vendues en Corse et aujourd'hui on serait pas loin des deux milles tonnes.

- En Corse, il y a un mot dans l'air du temps : autonomie. Sur le front de la clémentine, la Corse peut l'être, autonome ?
- On est très largement excédentaire puisqu'on en expédie 30 000 tonnes et on peut donc imaginer qu'on en vend à peu près 2 000 en Corse. Donc on subvient largement à la consommation corse, oui, il n'y a aucun problème.

- La coopérative GIE Corsica Comptoir, basée à Moriani, propose depuis quelques mois de fabriquer du jus de clémentine à partir des fruits non commercialisables. Est-ce possible de généraliser cet outil antigaspi à l'ensemble de la production en Corse ?
- Il n'y a pas une seule usine à jus, il y en a deux maintenant en Corse. La deuxième n'a pas encore été inaugurée, elle se trouve à Linguizetta. À l'origine, c'est le consortium entre Agrucorse, l'OPAC (l'Organisation des producteurs d'agrumes en Corse) et des indépendants qui se sont réunis pour faire une usine, eux aussi. Ces deux entités, à Moriani et à Linguizetta, regroupent 80 % de la production de clémentines. Donc c'est une très bonne chose pour la filière. On espère que ça va permettre d'absorber tous les fruits qu'on jette aujourd'hui. Une partie des fruits qui ne sont pas commercialisés, en tout cas. Mais comme c'est un nouveau produit, il faut désormais trouver de nouveaux marchés et innover.