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L'EFS a déployé le dispositif "Alerte rouge" : pourquoi les Corses donnent-ils moins leur sang ?


Thibaud KEREBEL le Mercredi 21 Décembre 2022 à 17:45

Le nombre de donneurs de sang n’a cessé de baisser en Corse au cours des trois dernières années. Et si les causes sont multiples, le Covid semble être en grande partie responsable de cette situation. Mais au-delà de ça, c’est surtout l’action individuelle qui fait défaut, alors que l'immense majorité de la population s’estime favorable à cette pratique.



Un dispositif Alerte rouge a été déployé pour inciter les citoyens à se mobiliser au plus vite pour le don du sang
Un dispositif Alerte rouge a été déployé pour inciter les citoyens à se mobiliser au plus vite pour le don du sang
Depuis le début du mois de décembre, l’Établissement français du sang (EFS) tire la sonnette d’alarme. En cause, le nombre trop faible de donneurs, qui pousse l’EFS à piocher dans ses réserves. Une situation qui a conduit à la diminution du stock de 500 poches sanguines au cours des dernières semaines pour la seule région Provence-Alpes-Côte d’Azur-Corse. La Corse, justement, fait partie des mauvais élèves. Du 1er janvier au 30 novembre 2022 (dernières statistiques récoltées), seulement 7 673 dons y ont été recensés. C’est moins que les deux années précédentes, au même stade de l'année, mais c’est surtout moins que le nombre de poches sanguines utilisées dans la région : fin novembre, on en comptait déjà 10 696.

Face à ce déficit, la Corse est contrainte de bénéficier de l’aide de ses voisins. Reste un problème : les voisins aussi sont en tension, et ce, depuis plusieurs années. Car l’une des principales causes de la diminution du nombre de donneurs, c’est le Covid, comme l’explique le docteur Brigitte Peres, responsable des sites de dons corses au sein de l’EFS. « On constate une nette différence entre avant et après la pandémie. Presque 2000 poches de moins par an. En fait, un donneur est quelqu’un d’heureux, et avec la crise, il n’y a plus personne d’heureux. L’altruisme n’est plus de mise, pour les dons de sang, comme dans tous les autres domaines. »

90 % de la population s'estime favorable, mais seulement 4 % passe à l'acte

Brigitte Peres met également en avant un paradoxe à ce sujet. « On dit que 90 % de la population est d’accord avec le principe de donner son sang. Mais d’après les statistiques, il n’y a que 4 % de la population qui donne véritablement son sang, et en Corse, c’est beaucoup moins. Ça fait une grosse différence ! Il y a toujours moins de monde pour agir. On se dit ‘ça va faire mal’, ‘ça prend du temps’. » Tout l’enjeu est donc de parvenir à mobiliser les gens, particulièrement en hiver, où on constate une importante chute des dons. « Il y a plusieurs facteurs à ça. D’abord, les gens ont plus tendance à être malades, mais surtout, ils sont moins disponibles. Avec les fêtes, personne ne pense plus à ça. »

Pour tenter de compenser cela, l’EFS Corse va « chercher les donneurs ». « Les jeunes, on arrive à les atteindre en allant nous manifester autour de l’université. Malheureusement, on les perd quand ils rentrent dans la vie active, et on les retrouve vers la quarantaine », note Brigitte Peres. En effet, les 45-70 ans sont les populations les plus fréquemment reçues dans les centres de dons. « Les femmes ne sont plus enceintes, et de manière générale, les gens sont bien plus assis dans leurs situations professionnelles. Donc plus organisés, et aptes à se déplacer. »

Des lieux de collecte accessibles au public

En Corse, si le don du sang est possible dans les hôpitaux, il se fait également dans des centres itinérants, voués à améliorer son accessibilité. « Ça fait partie de notre travail de promotion », explique la responsable de l’EFS. « On essaie de voir à quel endroit le public est susceptible de venir. Il faut donc trouver un endroit visible, mais aussi prendre en compte la question du parking. Donc à Bastia, le camion se situe place Saint-Nicolas, et Ajaccio, on fait ça place du Diamant. »

Et si les centres de dons seront fermés en Corse de Noël au Jour de l’an, leur activité reprendra dès la première semaine de janvier. « En principe, on constate que ça remonte dès le début de l’année, donc il faut vraiment que tout le monde se mobilise », encourage Brigitte Peres. « Ça dure 45 minutes, et au niveau de la douleur, c’est comme une prise de sang, rien de plus. »

Le calendrier de collecte de sang pour la première semaine de janvier :
- Bastia : le 3 janvier à l’hôpital, et le 4 place Saint-Nicolas
- Ajaccio : le 4 janvier à l’hôpital, et le 5 à l’Atrium
- Ghisonaccia : le 5 janvier à la salle des fêtes.