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Journée mondiale du Sida : En Corse, « encore trop de discriminations, mais de plus en plus d’outils de prévention »


le Jeudi 1 Décembre 2022 à 18:14

Dans le cadre de la 35ème journée mondiale de lutte contre le Sida, l’association Aiutu Corsu organise cette année plusieurs évènements jusqu’au 14 décembre, afin de multiplier les actions de prévention et de pousser à se faire dépister. Elle regrette dans le même temps le tabou qui existe encore autour de cette maladie sur l’île, et s’alarme de la multiplication de comportements à risque, notamment chez les jeunes



Le dépistage est primordial pour bien traiter la maladie. Image d'illustration
Le dépistage est primordial pour bien traiter la maladie. Image d'illustration
« Encore trop de discriminations, mais de plus en plus d’outils de prévention ». C’est le mot d'ordre choisi par l’ARS de Corse, le COREVIH PACA Ouest Corse, l’ENIPSE, la Collectivité de Corse et l’association Aiutu Corsu pour la 35ème journée mondiale de lutte contre le Sida, ce 1er décembre. « Souvent, en Corse, on décide de ne pas dire qu’on a le Sida, de se cacher et même d’aller se faire soigner sur le continentNous essayons de lutter contre tout cela », souffle Xavier Renucci, animateur de prévention de cette association qui mène un combat contre le Sida partout en Corse depuis 1992.

S'il est vrai que l'on parle davantage de la maladie depuis quelques années, celle-ci reste relativement mal connue du grand public, et souvent même encore taboue. « Chaque année, nous profitons de cet évènement pour essayer de remettre la lumière sur cette maladie qui bien souvent, surtout chez les jeunes, fait beaucoup moins peur qu’avant. Certes, les traitements ont évolué, mais aujourd’hui certains arrivent à se dire qu’on prend un médicament, et qu’ensuite ça va. Nous le déplorons. Ce n’est pas cela du tout : il y a des contrôles constants, des difficultés qui sont liées à cette maladie, une exclusion qui va souvent avec, parce que c’est difficile d’en parler, difficile de vivre avec quelqu’un », pose Xavier Renucci.
 
Des dépistages gratuits et anonymes
Cette journée mondiale de lutte contre le Sida est aussi l'occasion pour l'association de mettre en lumière les nombreux dispositifs qui existent en matière de prévention. « On insiste sur l’utilité du préservatif, mais il existe d’autres moyens de se protéger, comme par exemple le Traitement Post Exposition qui permet, si on prend un risque, de se rendre dans les 48 heures aux urgences afin de recevoir un médicament », explique Xavier Renucci, en insistant par ailleurs sur l’importance capitale du dépistage. Un acte gratuit et anonyme, qui se fait habituellement par le biais d’une prise de sang dans n’importe quel laboratoire. Il est également possible de se rendre dans les locaux de l’association à Ajaccio pour effectuer un TROD, simple piqûre au bout du doigt, qui permet un résultat en seulement en 20 minutes, là aussi de façon gratuite et anonyme. Enfin, il existe aussi désormais des auto-tests qui peuvent être réalisés directement chez soi, pour un maximum de confidentialité. Des dispositifs qui se font donc de plus en plus nombreux et accessibles afin de pousser un maximum de personnes à se faire dépister, dans l’optique d’enrayer enfin l’épidémie. « Le problème, c’est que si on attrape le VIH, le virus qui à terme, s’il n’est pas soigné, devient la maladie Sida, on est asymptomatique entre 7 à 12 ans », indique l’animateur de prévention d’Aiutu Corsu. « Par contre, avec un traitement adapté et un suivi, quand on a une charge virale qui descend en-dessous d’un certain seuil, le VIH devient intransmissible. C’est pour cela qu’on essaye de parler du dépistage un maximum », poursuit-il.
 
Des comportements à risque qui se multiplient
Il regrette par ailleurs qu’après les confinements de 2020, les comportements à risque se soient multipliés, en particulier chez les jeunes, alors qu’il existe des moyens de se protéger. « Les jeunes peuvent aujourd’hui avoir accès à des informations un peu erronées et prennent des risques. Ils ne savent parfois pas tout ce qui existe aujourd’hui, car on n’en parle pas assez dans la vie quotidienne, et c’est là que nous essayons d’intervenir », souligne-t-il. 
 
Dans cette optique, l’association a décidé cette année de ne pas se cantonner au 1er décembre, et de co-organiser des évènements jusqu’au milieu du mois, afin de multiplier les actions de prévention en partenariat avec l’Enipse, le Corevih, l’Agence Régionale de Santé, l’Université de Corse et la Collectivité de Corse. « Nous avons organisé aujourd’hui un tractage devant des lycées ajacciens pour parler des portes ouvertes que l’on va organiser pour faire du dépistage dans nos locaux d’Ajaccio en partenariat avec l'ENIPSE. Le Service Information Jeunesse est intervenu sur la thématique « SIDA, A chì ne simu ? » auprès des 6 classes de 3ème du collège de Montesoro. Et puis, les 6 et 7 décembre, toujours avec l'ENIPSE, nous mettons également en place une opération de dépistage au C.R.O.U.S. de l’Université de Corte dans le cadre de leur partenariat avec le Service Médecine Préventive », détaille Xavier Renucci en annonçant encore une opération de prévention et de promotion du dépistage lors d’une soirée au restaurant Le Nomah à Ajaccio, le 3 décembre. « Aiutu Corsu essaye d’être au maximum présent sur le terrain avec un maillage serré du territoire afin de travailler sur la santé sexuelle en Corse », appuie l’animateur prévention d’Aiutu Corsu.
 
« En Corse, nous avons beaucoup de personnes qui peuvent être touchées et qui entrent dans un système de honte. Ici, on sait comment sont les choses. Il y a des gens qui ont peur de dire qu’ils sont diabétiques, alors imaginez comment c’est quand il s’agit du Sida », instille-t-il encore, « Cela fait que nous n’avons pas de chiffres du Sida en Corse qui reflètent la réalité, car on sait qu’il y a beaucoup de personnes qui se soignent sur le continent et qui n’osent pas ne serait-ce qu’aller prendre leur traitement à la pharmacie. Du coup, c’est un peu faussé, mais il ne faut pas se leurrer : nous sommes touchés de la même façon que sur le continent ». Chaque année, en France, ce sont 6000 à 6500 nouveaux cas détectés de Sida qui sont recensés.