Corse Net Infos - Pure player corse

Jean-Sébastien De Casalta : « Le bilan de la majorité sortante est affligeant : 6 ans perdus pour les Bastiais ! »

Municipales à Bastia


Nicole Mari le Lundi 17 Février 2020 à 19:55

C’est un novice en politique qui brigue le fauteuil de maire de Bastia. L’avocat bastiais, Jean-Sébastien De Casalta, de sensibilité de gauche, qui a rassemblé autour de lui François Tatti et quelques anciens Zuccarello-Giacobbistes, veut incarner le changement. Tirant à boulets rouges sur la municipalité sortante dont il juge le bilan « affligeant », il entend faire de Bastia « une ville capitale, attractive, solidaire et innovante ».



Jean-Sébastien De Casalta, avocat, candidat de sensibilité de gauche aux élections municipales de Bastia.
Jean-Sébastien De Casalta, avocat, candidat de sensibilité de gauche aux élections municipales de Bastia.
- Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat ?
- Ma décision est motivée par la passion que j’ai toujours eue pour la chose publique, par les valeurs de progrès et de partage que je veux porter. Je suis parvenu à un moment de ma vie où je ressens l’envie de m’engager pour ma ville. Mais il y a surtout un constat. Il faut le dire très clairement le bilan de la majorité sortante est affligeant et je veux remédier au déclin de Bastia.
 
- Sous quelle étiquette vous présentez-vous ?
- Je me réclame d’une gauche humaniste, éprise de justice sociale. Je n’ai jamais eu besoin d’une affiliation partisane pour affirmer mes convictions. Ma candidature représente un vrai changement, elle incarne une nouveauté.
 
- Avec quelle liste et quels soutiens ?
- Lorsque j’ai fait acte de candidature, j’ai été rejoint par François Tatti, président de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia), François Orlandi, conseiller territorial et ancien président du Conseil départemental de Haute-Corse, et José Martelli, président du Parti radical de gauche et ancien conseiller départemental de Lupino. Je souligne que ma démarche a réussi à faire travailler ensemble des personnes qui s’opposaient en 2014. Depuis, nous avons été rejoints par nombre de personnes issues de la société civile pour lesquelles l’immobilisme de notre ville est devenu insupportable. Quant à notre liste, nous l’avons construite avec un soin tout particulier en additionnant l’énergie et l’expérience. Elle sera à l’écoute et proche des préoccupations des habitants. Nous la dévoilerons dans les tous prochains jours.
 
- Vous taxez le bilan de la majorité sortante d’« affligeant ». Qu’entendez-vous par là ?
- Comme de très nombreux Bastiais, je ne me reconnais pas dans la gestion de la majorité municipale. La voix de Bastia ne compte plus sur la scène régionale, elle est à l’évidence la grande perdante de la création de la Collectivité unique. Bastia en est réduite à voir son avenir décidé dans des bureaux à Ajaccio. Il n’y a pas de vision d’avenir, pas d’écoute. Les comités de quartiers ne sont pas consultés sur les questions stratégiques. Le meilleur exemple est la démolition des logements sociaux de la Cité des monts. Pourtant, nous l’avons démontré lors de notre débat public, avec les architectes Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, il est possible de rénover sans démolir.  Enfin, aucun projet structurant n’est porté, nos concitoyens sont comme dépossédés de leur propre avenir.
 
- Votre bilan est très critique ?
- Ce sont 6 années perdues pour les Bastiaises et les Bastiais !

- Quelle est, pour vous, la principale problématique de Bastia ?
- S’il n’y en avait qu’une ! Mais si je devais les résumer, je dirais qu’elle n’offre pas de perspectives d’avenir. Il suffit d’aller interroger les habitants des Quartiers Sud qui se sentent abandonnés et déconsidérés. Il suffit d’écouter les commerçants qui, dans leur grande majorité, expriment leur désarroi devant une attractivité en berne. Ce sont les Bastiais, eux-mêmes, qui témoignent le mieux de ces problématiques. Et, ils vous disent qu’ils sont très inquiets pour leur devenir.
 
- Dans ce cas, que proposez-vous pour cette nouvelle mandature ?
- D’abord, je tiens à affirmer que la situation de Bastia n’est pas une fatalité. Notre ville a des atouts considérables. C’est cette force que je veux réveiller pour faire de Bastia une ville capitale, agréable à vivre, attractive, solidaire et innovante.
 
- Quelle est votre priorité ?
- Je n’ai pas une, mais des priorités. Nous devrons agir rapidement. Nos trois axes prioritaires sont : l’accessibilité, l’économie et le logement avec toujours le même dénominateur commun, la préservation de l’environnement. Au cœur de notre dispositif social : le minimum solidaire garanti. Destiné aux allocataires de minimas sociaux, retraités et travailleurs pauvres pour financer des dépenses de 1ère nécessité : logement, mobilité, éducation, formation... C’est une mesure solidaire et efficace qui, comme ailleurs, ne dégradera pas nos finances. La relance de l’économie, c’est d’abord l’attractivité avec deux questions à régler d’urgence : l’accessibilité et le manque d’équipements structurants. Pour régler la question de l’accessibilité, nous allons concilier automobile et modes doux en créant les parkings manquants en périphérie, mais aussi en centre-ville, avec 1000 places de parking sous la place Saint Nicolas, et en développant l’offre de transports en commun et le vélo.
 
- Quelle est votre position sur le dossier clivant du projet de port à la Carbonite ?
- Bastia a besoin de projets structurants comme le port de la Carbonite. Il doit-être pensé comme un éco-port qu’il faut à tout prix réaliser urgemment pour des raisons certes économiques, mais aussi pour des raisons de sécurité et de santé publique. La question du logement est également prioritaire avec un plan de construction et de réhabilitation énergétique sans démolition. Il permettra de développer une filière dédiée à la rénovation avec à la clé : formation et emplois pour notre jeunesse. C’est un procédé plus vertueux que la destruction-reconstruction et qui respecte notre environnement en s’appuyant sur le développement durable et l’économie circulaire. Ce qui sera déterminant, c’est notre capacité à écouter, à décider et surtout à faire. C’est ce qu’attendent les Bastiais, ils nous le disent et ils nous le demandent.
 
- Quel est l’axe fort de de votre programme ?
- Nous avons présenté notre programme dimanche soir. Nous avons travaillé à son élaboration depuis de longs mois. Notre volonté a été de le coconstruire avec les Bastiaises et les Bastiais. Nous ne voulions pas un catalogue de promesses, mais un vrai programme partagé. Notre ambition, c’est de mettre le citoyen au cœur de la politique, au cœur de l’urbanisme. Il ne doit plus être la variable ajustable de postures idéologiques. Notre objectif est de rétablir la confiance et cela commence par témoigner de notre capacité d’écoute. Nous avons multiplié les échanges lors d’ateliers, de réunions publiques, via notre site internet qui nous a permis de recueillir plusieurs centaines de contributions. Il faut inverser la tendance du déclin, Bastia ne peut plus se satisfaire de mesurettes. C’est un programme complet qui conjugue les investissements matériels dont je viens de parler avec des projets structurants pour la culture, l’intelligence et le lien social. Notre stratégie est de rendre notre ville plus belle à vivre et plus accueillante, ce qui la rendra plus attractive, génèrera des emplois et de la richesse. Et, les derniers événements climatiques le démontrent, nous devons mettre l’écologie au cœur de nos politiques.

- Quel score comptez-vous obtenir au 1er tour ?
- Je ne veux pas céder à la tentation d’une prévision. Mais, je peux vous affirmer que la dynamique, qui s’amplifie chaque jour et que nous mesurons à chaque débat et à chaque réunion, nous permet d’aborder ce premier tour avec confiance, optimisme et enthousiasme.
 
- Que ferez-vous pour le 2nd tour ? Avez-vous déjà discuté d’éventuelles alliances ?
- Notre démarche est marquée par notre désir de rassemblement. Rien n’est exclu, mais il s’agira de rassembler autour d’un projet et non d’une arithmétique électorale. Il n’y aura ni soupe, ni combinaison électoraliste.
 
- Pensez-vous gagner ?
- Avant tout, ce sont les Bastiaises et les Bastiais qui doivent gagner. En ce sens, ce n’est pas l’élection qui compte, mais l’exercice du mandat qui suit. Je pourrais dire, non sans malice, que je vous donne, donc, rendez-vous dans 6 ans pour faire le bilan de notre action. Mais ce que je peux affirmer, c’est que nous nous savons en capacité de mettre en œuvre notre programme et que c’est de nature à nous rendre confiants.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.