Jean-Guy Talamoni, président de l’Assemblée de Corse et chef de file de la liste Corsica Libera aux élections territoriales des 20 et 27 juin prochain. Photo CNI.
- Votre projet pour la nouvelle mandature s’inscrit dans le droit fil de ce que vous avez déjà initié. Vous êtes dans la continuité ?
- Oui ! Au titre de la présidence de l’Assemblée de Corse et du groupe Corsica Libera, nous avons lancé un certain nombre de démarches qui ont fait l’objet de projets aboutis, votés par l’Assemblée de Corse pour la plupart d’entre eux. Il faut seulement les faire entrer dans l’opérationnalité. Le président du Conseil exécutif a donné la priorité aux rapports qui émanaient de ses propres services et n’a pas mis en œuvre les propositions qui venaient d’ailleurs, notamment celles de la présidence de l’Assemblée. C’est fâcheux ! C’est même très discutable en termes de fonctionnement des institutions ! Nous tenons particulièrement à ce que ces projets, qui ont été élaborés après des années de travail avec les meilleurs spécialistes de la question, parfois à l’échelle planétaire, puissent être mis en œuvre pour le bien de la Corse et des Corses. Ce qui ne sera fait, à mon avis, que si Corsica Libera est en mesure de peser de tout son poids lors de la prochaine mandature.
- Quel est, selon vous, le projet le plus important que vous avez initié ?
- Nous avons beaucoup travaillé dans le domaine social, compte-tenu de l’urgence à cet égard, notamment sur une Charte en faveur de l’emploi local. Cette notion de corsisation des emplois, chère aux Nationalistes, est majoritaire dans l’opinion. La CFDT Corsica est, depuis longtemps, sur cette position. J’ai lancé cette charte sur le modèle de celle qui a été instaurée à La Réunion avec le soutien du gouvernement de l’époque, celui de Manuel Valls qui n’est pas spécialement un ami des minorités. Ce que nous y avons inséré est parfaitement compatible avec le droit français actuel, on peut donc l’appliquer à cadre juridique constant. Cela dit, nous avons subi une opposition très forte de l’administration d’État et du préfet Schmeltz qui avait menacé, purement et simplement, les entreprises signataires de ne plus recevoir les fonds européens auxquels elles avaient droit. L’attitude de l’administration d’État n’avait rien à voir avec la neutralité qui est de mise pour l’administration sur le plan politique ! C’était une ingérence très forte et très agressive de la Préfecture contre la Charte qui avait, pourtant, été validée par la plupart des organisations professionnelles, les syndicats, notamment le STC, et les chambres consulaires. Seule, la CGT n’y avait pas souscrit. Sauf que là aussi, sur le plan de l’opérationnalité, face au tir de barrage de l’administration d’État, il n’y a pas eu une grande solidarité au sein de notre majorité pour la mettre en application. Ce que je regrette ! C’est un sujet sur lequel il faudra revenir.
- Toujours en matière d’emploi, vous avez fait voter un rapport « Territoire zéro chômeur de longue durée ». Qu’est-il devenu ?
- Compte-tenu de sa nature, ce projet a aussi été voté sans aucune opposition à l’Assemblée de Corse. Il s’agissait là d’importer un système qui existe de l’autre côté de la mer et qui a fonctionné parfaitement lors de la première vague d’expérimentation. Dans certains territoires expérimentaux, le chômage de longue durée a été éradiqué. On est parvenu à ce qu’on appelle : l’exhaustivité. Les autres territoires ont connu une amélioration très importante de la situation. Ce n’est pas rien ! Pour la deuxième vague d’expérimentation, le parlement français a voté une loi en septembre 2020. Notre objectif est d’intégrer la Corse dans cette deuxième vague. Les communautés de communes, qui représentent l’espace pertinent, peuvent se positionner. Avec Véronique Albertini, qui fait partie du bureau à Paris de l’association « Territoire zéro chômeur de longue durée » et le soutien de Laurent Grandguillaume, son président, nous avons fait le tour des Comcom pour les sensibiliser à cette démarche.
- Quel en est le principe ?
- Le principe est de donner, à tous les volontaires, un contrat à durée indéterminée. On sait ce que cela représente pour une personne qui est en situation d’exclusion ou de pré-exclusion, cela veut dire qu’elle pourra être réinsérée dans le monde du travail, faire des emprunts… Certaines Comcom ont déjà délibéré pour faire partie de cette expérimentation. Mais délibérer ne suffit pas, il faut préparer les dossiers, ce qui est long et fastidieux. Il faut faire la liste des ayants droit, transformer ses ayants droit en volontaires, faire la liste des activités qui n’existent pas sur le territoire et qui correspondraient à des besoins, enfin mettre en relation les volontaires et les activités à créer. C’est un travail de bénédictin ! Les Comcom n’ont pas les moyens humains et financiers pour le réaliser et créer des postes. Les plus motivées se sont plaintes de ce que le Conseil exécutif n’avait pas mis à leur disposition l’ingénierie nécessaire pour constituer ces dossiers et les fonds nécessaires pour créer des postes. Or, la collectivité de Corse est officiellement engagée depuis trois ans, Elle n’a pas suivi au niveau de l’opérationnalité. Il est encore temps pour bien faire ! Il faudra que dans les mois à venir, plusieurs Comcom puissent présenter un dossier crédible sur le plan technique pour être sélectionnées. Nous espérons vraiment que la Corse pourra être retenue parce que c’est un projet qui, sur le plan social, a des résultats incroyables.
- Oui ! Au titre de la présidence de l’Assemblée de Corse et du groupe Corsica Libera, nous avons lancé un certain nombre de démarches qui ont fait l’objet de projets aboutis, votés par l’Assemblée de Corse pour la plupart d’entre eux. Il faut seulement les faire entrer dans l’opérationnalité. Le président du Conseil exécutif a donné la priorité aux rapports qui émanaient de ses propres services et n’a pas mis en œuvre les propositions qui venaient d’ailleurs, notamment celles de la présidence de l’Assemblée. C’est fâcheux ! C’est même très discutable en termes de fonctionnement des institutions ! Nous tenons particulièrement à ce que ces projets, qui ont été élaborés après des années de travail avec les meilleurs spécialistes de la question, parfois à l’échelle planétaire, puissent être mis en œuvre pour le bien de la Corse et des Corses. Ce qui ne sera fait, à mon avis, que si Corsica Libera est en mesure de peser de tout son poids lors de la prochaine mandature.
- Quel est, selon vous, le projet le plus important que vous avez initié ?
- Nous avons beaucoup travaillé dans le domaine social, compte-tenu de l’urgence à cet égard, notamment sur une Charte en faveur de l’emploi local. Cette notion de corsisation des emplois, chère aux Nationalistes, est majoritaire dans l’opinion. La CFDT Corsica est, depuis longtemps, sur cette position. J’ai lancé cette charte sur le modèle de celle qui a été instaurée à La Réunion avec le soutien du gouvernement de l’époque, celui de Manuel Valls qui n’est pas spécialement un ami des minorités. Ce que nous y avons inséré est parfaitement compatible avec le droit français actuel, on peut donc l’appliquer à cadre juridique constant. Cela dit, nous avons subi une opposition très forte de l’administration d’État et du préfet Schmeltz qui avait menacé, purement et simplement, les entreprises signataires de ne plus recevoir les fonds européens auxquels elles avaient droit. L’attitude de l’administration d’État n’avait rien à voir avec la neutralité qui est de mise pour l’administration sur le plan politique ! C’était une ingérence très forte et très agressive de la Préfecture contre la Charte qui avait, pourtant, été validée par la plupart des organisations professionnelles, les syndicats, notamment le STC, et les chambres consulaires. Seule, la CGT n’y avait pas souscrit. Sauf que là aussi, sur le plan de l’opérationnalité, face au tir de barrage de l’administration d’État, il n’y a pas eu une grande solidarité au sein de notre majorité pour la mettre en application. Ce que je regrette ! C’est un sujet sur lequel il faudra revenir.
- Toujours en matière d’emploi, vous avez fait voter un rapport « Territoire zéro chômeur de longue durée ». Qu’est-il devenu ?
- Compte-tenu de sa nature, ce projet a aussi été voté sans aucune opposition à l’Assemblée de Corse. Il s’agissait là d’importer un système qui existe de l’autre côté de la mer et qui a fonctionné parfaitement lors de la première vague d’expérimentation. Dans certains territoires expérimentaux, le chômage de longue durée a été éradiqué. On est parvenu à ce qu’on appelle : l’exhaustivité. Les autres territoires ont connu une amélioration très importante de la situation. Ce n’est pas rien ! Pour la deuxième vague d’expérimentation, le parlement français a voté une loi en septembre 2020. Notre objectif est d’intégrer la Corse dans cette deuxième vague. Les communautés de communes, qui représentent l’espace pertinent, peuvent se positionner. Avec Véronique Albertini, qui fait partie du bureau à Paris de l’association « Territoire zéro chômeur de longue durée » et le soutien de Laurent Grandguillaume, son président, nous avons fait le tour des Comcom pour les sensibiliser à cette démarche.
- Quel en est le principe ?
- Le principe est de donner, à tous les volontaires, un contrat à durée indéterminée. On sait ce que cela représente pour une personne qui est en situation d’exclusion ou de pré-exclusion, cela veut dire qu’elle pourra être réinsérée dans le monde du travail, faire des emprunts… Certaines Comcom ont déjà délibéré pour faire partie de cette expérimentation. Mais délibérer ne suffit pas, il faut préparer les dossiers, ce qui est long et fastidieux. Il faut faire la liste des ayants droit, transformer ses ayants droit en volontaires, faire la liste des activités qui n’existent pas sur le territoire et qui correspondraient à des besoins, enfin mettre en relation les volontaires et les activités à créer. C’est un travail de bénédictin ! Les Comcom n’ont pas les moyens humains et financiers pour le réaliser et créer des postes. Les plus motivées se sont plaintes de ce que le Conseil exécutif n’avait pas mis à leur disposition l’ingénierie nécessaire pour constituer ces dossiers et les fonds nécessaires pour créer des postes. Or, la collectivité de Corse est officiellement engagée depuis trois ans, Elle n’a pas suivi au niveau de l’opérationnalité. Il est encore temps pour bien faire ! Il faudra que dans les mois à venir, plusieurs Comcom puissent présenter un dossier crédible sur le plan technique pour être sélectionnées. Nous espérons vraiment que la Corse pourra être retenue parce que c’est un projet qui, sur le plan social, a des résultats incroyables.
- Un autre de vos projets est la « carte Ritirata » qui est en circulation. Avec quels résultats ?
- Cette carte permet une réduction de 50 % sur tous les transports internes et externes à la Corse pour 50 % des retraités, c’est-à-dire les plus modestes. Nous l’avions élaboré à la présidence de l’Assemblée de Corse après avoir reçu des associations de retraités. Nous avions pour objectif de l’étendre à l’alimentaire, à la culture et à une proportion plus importante de retraités : 60 %, peut-être 70 %. Il y a eu, là aussi, sur le plan de la mise en œuvre, des carences très importantes de la part des services qu’il faudra corriger dans l’avenir. La méthode, que j’ai mise en place de recevoir toutes les parties prenantes pour proposer ensuite un dossier abouti sur le plan technique, je l’ai appliquée à tous les dossiers.
- Votre proposition de revenu universel a été votée, mais n’a pas vu le jour. Il semble d’actualité ?
- Ce sujet, nous y travaillons depuis quatre ans, il est revenu à l’ordre du jour et au premier rang des préoccupations et des propositions dès le début de la crise sanitaire. J’avais fait délibérer l’Assemblée de Corse dès 2017, et constitué une Commission à laquelle participaient tous les groupes. Nous avons même recruté l’un des spécialistes internationaux sur le sujet, Marc de Basquiat, qui a travaillé avec nous pendant des mois de manière à préparer notre projet afin qu’il tienne techniquement la route et soit adapté à la Corse. Nous avons terminé en 2020, juste avant la première vague. Pendant cette crise, des personnes fragiles ont plongé dans la précarité la plus totale, certaines bénéficiaient de prestations sociales importantes, d’autres n’y étaient pas éligibles, elles avaient travaillé toute leur vie. Les pouvoirs publics leur ont imposé la fermeture de leur établissement pour raisons sanitaires et leur ont donné une misère au titre de l’urgence. J’ai fait adopter le rapport fin avril 2020, sans aucune voix contre. Certaines personnes, notamment à droite, mettaient en avant la valeur « travail », alors qu’elle n’est pas du tout menacée par le revenu universel. Même les oppositions les plus virulentes se sont calmées avec la crise sanitaire et sociale. Je vois avec plaisir que beaucoup de listes présentes aux Territoriales en Corse ont repris cette proposition. Une assistance à maîtrise d’ouvrage a été lancée par l’Exécutif en application de la délibération de l’Assemblée. À la différence d’autres territoires d’Europe, nous étions prêts, mais les choses ne vont pas très vite. Il faut mettre en œuvre de manière très concrète ce dispositif qui est vraiment un changement sociétal total.
- C’est comme le revenu universel d’activité du président Macron ?
- Pas du tout ! Ce n’est pas une simplification des prestations sociales ! C’est un autre principe ! Il s’applique à tout le monde, y compris à ceux qui ne sont pas dans la précarité. Bien évidemment ceux-là rendent ce revenu sous forme d’impôt. À partir du moment où cette somme est versée à tout le monde, la stigmatisation, qui est souvent liée à la perception de prestations sociales, disparaît. Ce revenu permet de lutter contre la pauvreté et de faire face à des situations de crise inédite, comme la crise sanitaire. C’est une idée qui touche vraiment à une chose bien plus profonde que des questions techniques de prestations sociales. Quand au revenu universel d’activité, c’est de la publicité mensongère ! Ce que nous avons mis au point à l’Assemblée de Corse, c’est un véritable revenu universel.
- Cette carte permet une réduction de 50 % sur tous les transports internes et externes à la Corse pour 50 % des retraités, c’est-à-dire les plus modestes. Nous l’avions élaboré à la présidence de l’Assemblée de Corse après avoir reçu des associations de retraités. Nous avions pour objectif de l’étendre à l’alimentaire, à la culture et à une proportion plus importante de retraités : 60 %, peut-être 70 %. Il y a eu, là aussi, sur le plan de la mise en œuvre, des carences très importantes de la part des services qu’il faudra corriger dans l’avenir. La méthode, que j’ai mise en place de recevoir toutes les parties prenantes pour proposer ensuite un dossier abouti sur le plan technique, je l’ai appliquée à tous les dossiers.
- Votre proposition de revenu universel a été votée, mais n’a pas vu le jour. Il semble d’actualité ?
- Ce sujet, nous y travaillons depuis quatre ans, il est revenu à l’ordre du jour et au premier rang des préoccupations et des propositions dès le début de la crise sanitaire. J’avais fait délibérer l’Assemblée de Corse dès 2017, et constitué une Commission à laquelle participaient tous les groupes. Nous avons même recruté l’un des spécialistes internationaux sur le sujet, Marc de Basquiat, qui a travaillé avec nous pendant des mois de manière à préparer notre projet afin qu’il tienne techniquement la route et soit adapté à la Corse. Nous avons terminé en 2020, juste avant la première vague. Pendant cette crise, des personnes fragiles ont plongé dans la précarité la plus totale, certaines bénéficiaient de prestations sociales importantes, d’autres n’y étaient pas éligibles, elles avaient travaillé toute leur vie. Les pouvoirs publics leur ont imposé la fermeture de leur établissement pour raisons sanitaires et leur ont donné une misère au titre de l’urgence. J’ai fait adopter le rapport fin avril 2020, sans aucune voix contre. Certaines personnes, notamment à droite, mettaient en avant la valeur « travail », alors qu’elle n’est pas du tout menacée par le revenu universel. Même les oppositions les plus virulentes se sont calmées avec la crise sanitaire et sociale. Je vois avec plaisir que beaucoup de listes présentes aux Territoriales en Corse ont repris cette proposition. Une assistance à maîtrise d’ouvrage a été lancée par l’Exécutif en application de la délibération de l’Assemblée. À la différence d’autres territoires d’Europe, nous étions prêts, mais les choses ne vont pas très vite. Il faut mettre en œuvre de manière très concrète ce dispositif qui est vraiment un changement sociétal total.
- C’est comme le revenu universel d’activité du président Macron ?
- Pas du tout ! Ce n’est pas une simplification des prestations sociales ! C’est un autre principe ! Il s’applique à tout le monde, y compris à ceux qui ne sont pas dans la précarité. Bien évidemment ceux-là rendent ce revenu sous forme d’impôt. À partir du moment où cette somme est versée à tout le monde, la stigmatisation, qui est souvent liée à la perception de prestations sociales, disparaît. Ce revenu permet de lutter contre la pauvreté et de faire face à des situations de crise inédite, comme la crise sanitaire. C’est une idée qui touche vraiment à une chose bien plus profonde que des questions techniques de prestations sociales. Quand au revenu universel d’activité, c’est de la publicité mensongère ! Ce que nous avons mis au point à l’Assemblée de Corse, c’est un véritable revenu universel.
- Qu’avez-vous fait d’autre ?
- La présidence de l’Assemblée a aussi créé le fonds de dotation « Corsica Sulidaria » qui a été très utile pendant la crise sanitaire puisque les fonds récoltés – des centaines de milliers d’euros - ont été versés aux hôpitaux, aux EHPAD... Ce fonds social est alimenté par des mécènes, pas par de l’argent public. Nous avons aussi été l’une des premières collectivités a déclaré « l’urgence climatique et écologique » et nous sommes assez fiers d’être à l’origine de cette déclaration. Ce rapport de 92 pages, voté en décembre 2019, il faut maintenant l’intégrer dans toutes les politiques publiques dans tous les domaines. Nous avons aussi travaillé sur le statut fiscal et social qui n’a pas été mis en œuvre. Là, ce n’est pas uniquement de la faute de l’Exécutif et de son président puisqu’une partie de ce statut dépend des discussions avec l’État. Ce statut a été élaboré en concertation avec toutes les assemblées consulaires, les syndicats et les associations professionnelles. Il comporte 40 mesures pour les entreprises et les particuliers. Sa philosophie n’est pas de mettre un pansement sur un tissu économique en grande difficulté, mais de s’attaquer de façon structurelle à la question en créant un nouveau cadre économique, technique, juridique, fiscal qui permet aux entreprises corses et aux particuliers d’être à égalité avec ceux du continent français ou italien. Ce que nous demandons n’est pas un avantage, ni un privilège, c’est l’application du droit européen. La jurisprudence européenne dit que la discrimination consiste à traiter de façon différente des situations identiques, ou à traiter de façon identique des situations différentes. Donc, traiter la Corse, qui est une île de montagne dépeuplée, comme une région continentale en plein développement, c’est de la discrimination au sens de la jurisprudence européenne !
- Justement qu’attendez-vous du projet de loi 4D qui sera discuté en juillet à l’Assemblée nationale ?
- Cette loi est très loin de nos attentes. La Corse ne pourra pas parvenir, ni même s’approcher du statut qu’elle a demandé de manière officielle et que les Corses ont validé à la majorité absolue en 2017. C’est-à-dire un statut nous permettant d’avoir un vrai pouvoir législatif, « une autonomie de plein droit et de plein exercice », selon l’expression favorite du président de l’Exécutif. Le problème va, donc, rester entier !
- Les autonomistes bretons veulent utiliser cette loi pour expérimenter un statut de résident d’un an sur leur littoral. N’est-ce pas une opportunité ?
- Contrairement à ce qui a pu être dit de notre majorité, nous avons toujours exploité au maximum le cadre juridique actuel. S’il y a la moindre possibilité ouverte par la loi, lorsqu’elle sera adoptée de manière définitive, de tenter d’avancer, nous le ferons. Nous proposons, depuis des années, le statut de résident, mais pas seulement. J’avais, à défaut, proposé au gouvernement de créer une résidence administrative et fiscale corse pour pouvoir taxer de manière très lourde les résidences secondaires spéculatives, sans taxer les résidences secondaires patrimoniales. Si on veut s’en prendre aux résidences secondaires à travers l’outil fiscal, il faut absolument différencier la maison familiale des Corses dans leur village, qu’il n’est pas question de surtaxer, de la résidence que des étrangers achètent pour généralement la louer illégalement au noir pendant la saison estivale. Sauf que le gouvernement s’est opposé, même à la simple résidence administrative ! Il est tout à fait évident qu’il faudra être très offensif par rapport à Paris, si l’on veut se faire entendre sur les questions essentielles, comme le foncier, l’officialité de la langue corse, le statut fiscal et social, et la question des prisonniers qui, malheureusement, reste pendante.
- La présidence de l’Assemblée a aussi créé le fonds de dotation « Corsica Sulidaria » qui a été très utile pendant la crise sanitaire puisque les fonds récoltés – des centaines de milliers d’euros - ont été versés aux hôpitaux, aux EHPAD... Ce fonds social est alimenté par des mécènes, pas par de l’argent public. Nous avons aussi été l’une des premières collectivités a déclaré « l’urgence climatique et écologique » et nous sommes assez fiers d’être à l’origine de cette déclaration. Ce rapport de 92 pages, voté en décembre 2019, il faut maintenant l’intégrer dans toutes les politiques publiques dans tous les domaines. Nous avons aussi travaillé sur le statut fiscal et social qui n’a pas été mis en œuvre. Là, ce n’est pas uniquement de la faute de l’Exécutif et de son président puisqu’une partie de ce statut dépend des discussions avec l’État. Ce statut a été élaboré en concertation avec toutes les assemblées consulaires, les syndicats et les associations professionnelles. Il comporte 40 mesures pour les entreprises et les particuliers. Sa philosophie n’est pas de mettre un pansement sur un tissu économique en grande difficulté, mais de s’attaquer de façon structurelle à la question en créant un nouveau cadre économique, technique, juridique, fiscal qui permet aux entreprises corses et aux particuliers d’être à égalité avec ceux du continent français ou italien. Ce que nous demandons n’est pas un avantage, ni un privilège, c’est l’application du droit européen. La jurisprudence européenne dit que la discrimination consiste à traiter de façon différente des situations identiques, ou à traiter de façon identique des situations différentes. Donc, traiter la Corse, qui est une île de montagne dépeuplée, comme une région continentale en plein développement, c’est de la discrimination au sens de la jurisprudence européenne !
- Justement qu’attendez-vous du projet de loi 4D qui sera discuté en juillet à l’Assemblée nationale ?
- Cette loi est très loin de nos attentes. La Corse ne pourra pas parvenir, ni même s’approcher du statut qu’elle a demandé de manière officielle et que les Corses ont validé à la majorité absolue en 2017. C’est-à-dire un statut nous permettant d’avoir un vrai pouvoir législatif, « une autonomie de plein droit et de plein exercice », selon l’expression favorite du président de l’Exécutif. Le problème va, donc, rester entier !
- Les autonomistes bretons veulent utiliser cette loi pour expérimenter un statut de résident d’un an sur leur littoral. N’est-ce pas une opportunité ?
- Contrairement à ce qui a pu être dit de notre majorité, nous avons toujours exploité au maximum le cadre juridique actuel. S’il y a la moindre possibilité ouverte par la loi, lorsqu’elle sera adoptée de manière définitive, de tenter d’avancer, nous le ferons. Nous proposons, depuis des années, le statut de résident, mais pas seulement. J’avais, à défaut, proposé au gouvernement de créer une résidence administrative et fiscale corse pour pouvoir taxer de manière très lourde les résidences secondaires spéculatives, sans taxer les résidences secondaires patrimoniales. Si on veut s’en prendre aux résidences secondaires à travers l’outil fiscal, il faut absolument différencier la maison familiale des Corses dans leur village, qu’il n’est pas question de surtaxer, de la résidence que des étrangers achètent pour généralement la louer illégalement au noir pendant la saison estivale. Sauf que le gouvernement s’est opposé, même à la simple résidence administrative ! Il est tout à fait évident qu’il faudra être très offensif par rapport à Paris, si l’on veut se faire entendre sur les questions essentielles, comme le foncier, l’officialité de la langue corse, le statut fiscal et social, et la question des prisonniers qui, malheureusement, reste pendante.
- Pensez-vous qu’un rapport de forces avec l’Etat fonctionnera mieux ?
- Si l’on veut se faire entendre de Paris, le système de la soumission et de la déférence ne fonctionne pas ! La France, que ce soit en Corse ou ailleurs, n’a jamais cédé que sous la pression de revendications offensives ! On ne va pas revenir 20 ans en arrière, les choses ont changé. En revanche, réinventer un rapport de force avec Paris est une nécessité absolue ! Si on se contente d’enregistrer les refus qui nous sont opposés, on ne pourra pas avancer dans un seul des dossiers que je viens d’énumérer. Prenant un exemple tout à fait parlant et toujours d’actualité : la question sanitaire. En février 2020, au tout début de la crise, j’ai proposé, en Conférence des présidents et en présence du préfet, un certificat sanitaire pour entrer en Corse. En mars 2020, je l’ai présenté devant l’Assemblée, mais je n’ai pas reçu beaucoup de soutien et même un refus total de la part de l’État. Le président du Conseil exécutif l’a repris sous le nom de « Green Pass » et notre majorité l’a voté. Quand l’administration d’État a dit « Non », nous avons proposé à nos partenaires de Femu a Corsica et au président de l’Exécutif de mettre en œuvre cette certification sanitaire en faisant pression sur Air Corsica, qui est notre compagnie, et sur Corsica Linea que nous subventionnons très largement. Le président du l’Exécutif a refusé de rentrer dans cette démarche de confrontation avec l’administration d’État. C’est très dommage parce qu’il y a eu la saison estivale sans aucun contrôle et la deuxième vague avec les conséquences sanitaires et économiques que l’on sait !
- Jean Charles Orsucci et Laurent Marcangeli disent exactement le contraire et affirment qu’ils obtiendront plus de l’Etat que votre bras de fer ?
- C’est doublement faux ! Dans la pratique, il n’y a eu aucun bras de fer avec l’État, et c’est bien là le problème ! Il y a eu, peut-être, de temps en temps, quelques agacements du président de l’Exécutif qui a été un peu bougon dans ses déclarations à l’Assemblée de Corse, mais nullement opposé à l’administration d’État, au préfet et au gouvernement. A aucun moment ! Ensuite, Paris ne sera pas plus généreux si on est plus soumis, plus conciliant, plus déférent ! Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que la France a toujours méprisé ce genre de comportement. Le peu que nous avons obtenu en Corse depuis des dizaines d’années l’a été par des démarches stratégiques offensives, pas par l’effet de la bienveillance parisienne. La lutte armée en a fait partie et a été déterminante s’agissant de l’ouverture de l’Université de Corse, des quatre statuts particuliers, du respect relatif de notre littoral… Il faut avoir un comportement combatif, pas un comportement de soumission qui, malheureusement, a été de mise. C’est notre droit et notre devoir de le faire ! La stratégie choisie par le président de l’Exécutif est pratiquement celle que Jean Martin Mondoloni appelait « la stratégie de déférence ». C’est une erreur stratégique qu’il faudra corriger dans les mois à venir !
- Si vous êtes réélu, quelle serait pour vous la priorité immédiate ?
- Il y en a de multiples. D’abord, permettre aux Corses de travailler dignement sur leur terre. La question de la fiscalité est essentielle pour développer une économie au service des Corses. La deuxième priorité, c’est la maîtrise totale ou la plus complète possible par les pouvoirs publics des secteurs stratégiques, c’est-à-dire le transport, les déchets, l’eau, la santé. Ne pas garder dans le giron du service public un secteur comme les déchets, c’est la porte ouverte à toutes les dérives ! Il suffit de regarder ce qu’il s’est passé en Italie. Enfin, la question sociale pour mettre en œuvre tous les projets qui ont déjà été validés. Et la seule garantie pour que tout cela soit mis en œuvre, c’est que Corsica Libera pèse suffisamment dans les années à venir sur la situation institutionnelle de la Corse.
- Si vous deviez résumez en un mot votre projet ?
- Fà nazione ! L’idée nationale est au centre de notre démarche. Je rappelle que les Corses ont voté pour l’idée nationale en 2017 à la majorité absolue. Il ne faut pas opérer un recul en diluant ce message.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Si l’on veut se faire entendre de Paris, le système de la soumission et de la déférence ne fonctionne pas ! La France, que ce soit en Corse ou ailleurs, n’a jamais cédé que sous la pression de revendications offensives ! On ne va pas revenir 20 ans en arrière, les choses ont changé. En revanche, réinventer un rapport de force avec Paris est une nécessité absolue ! Si on se contente d’enregistrer les refus qui nous sont opposés, on ne pourra pas avancer dans un seul des dossiers que je viens d’énumérer. Prenant un exemple tout à fait parlant et toujours d’actualité : la question sanitaire. En février 2020, au tout début de la crise, j’ai proposé, en Conférence des présidents et en présence du préfet, un certificat sanitaire pour entrer en Corse. En mars 2020, je l’ai présenté devant l’Assemblée, mais je n’ai pas reçu beaucoup de soutien et même un refus total de la part de l’État. Le président du Conseil exécutif l’a repris sous le nom de « Green Pass » et notre majorité l’a voté. Quand l’administration d’État a dit « Non », nous avons proposé à nos partenaires de Femu a Corsica et au président de l’Exécutif de mettre en œuvre cette certification sanitaire en faisant pression sur Air Corsica, qui est notre compagnie, et sur Corsica Linea que nous subventionnons très largement. Le président du l’Exécutif a refusé de rentrer dans cette démarche de confrontation avec l’administration d’État. C’est très dommage parce qu’il y a eu la saison estivale sans aucun contrôle et la deuxième vague avec les conséquences sanitaires et économiques que l’on sait !
- Jean Charles Orsucci et Laurent Marcangeli disent exactement le contraire et affirment qu’ils obtiendront plus de l’Etat que votre bras de fer ?
- C’est doublement faux ! Dans la pratique, il n’y a eu aucun bras de fer avec l’État, et c’est bien là le problème ! Il y a eu, peut-être, de temps en temps, quelques agacements du président de l’Exécutif qui a été un peu bougon dans ses déclarations à l’Assemblée de Corse, mais nullement opposé à l’administration d’État, au préfet et au gouvernement. A aucun moment ! Ensuite, Paris ne sera pas plus généreux si on est plus soumis, plus conciliant, plus déférent ! Si l’histoire nous enseigne quelque chose, c’est que la France a toujours méprisé ce genre de comportement. Le peu que nous avons obtenu en Corse depuis des dizaines d’années l’a été par des démarches stratégiques offensives, pas par l’effet de la bienveillance parisienne. La lutte armée en a fait partie et a été déterminante s’agissant de l’ouverture de l’Université de Corse, des quatre statuts particuliers, du respect relatif de notre littoral… Il faut avoir un comportement combatif, pas un comportement de soumission qui, malheureusement, a été de mise. C’est notre droit et notre devoir de le faire ! La stratégie choisie par le président de l’Exécutif est pratiquement celle que Jean Martin Mondoloni appelait « la stratégie de déférence ». C’est une erreur stratégique qu’il faudra corriger dans les mois à venir !
- Si vous êtes réélu, quelle serait pour vous la priorité immédiate ?
- Il y en a de multiples. D’abord, permettre aux Corses de travailler dignement sur leur terre. La question de la fiscalité est essentielle pour développer une économie au service des Corses. La deuxième priorité, c’est la maîtrise totale ou la plus complète possible par les pouvoirs publics des secteurs stratégiques, c’est-à-dire le transport, les déchets, l’eau, la santé. Ne pas garder dans le giron du service public un secteur comme les déchets, c’est la porte ouverte à toutes les dérives ! Il suffit de regarder ce qu’il s’est passé en Italie. Enfin, la question sociale pour mettre en œuvre tous les projets qui ont déjà été validés. Et la seule garantie pour que tout cela soit mis en œuvre, c’est que Corsica Libera pèse suffisamment dans les années à venir sur la situation institutionnelle de la Corse.
- Si vous deviez résumez en un mot votre projet ?
- Fà nazione ! L’idée nationale est au centre de notre démarche. Je rappelle que les Corses ont voté pour l’idée nationale en 2017 à la majorité absolue. Il ne faut pas opérer un recul en diluant ce message.
Propos recueillis par Nicole MARI.