Jean-Charles Orsucci, conseiller territorial sortant, président du groupe LREM Andà Per Dumane à l’Assemblée de Corse, maire de Bonifacio et chef de file de la liste "Terre de progrès" pour les élections territoriales des 20 et 27 juin.
- Votre programme s’axe sur un slogan : « Je veux donner aux Corses un toit, un emploi et la santé ». N’est-ce pas un peu utopique ?
- Pas du tout ! Quand on regarde les compétences de la Collectivité de Corse (CdC), je crois que dans ces trois thématiques - un toit, un emploi et la santé -, il y a beaucoup de choses à faire. Un fil conducteur est d’augmenter le pouvoir d’achat des Corses par des mesures concrètes que nous souhaitons mettre en place. Je vais en citer trois. Nous avons décidé de prêter 10 000 € à tous les jeunes Corses de 16 à 25 ans pour qu’ils arrivent à se former, à ouvrir un commerce, à avancer dans leurs études, à avoir un emploi. Nous faisons également du sujet du renoncement aux droits une priorité. Nous voulons aller chercher toutes les personnes, notamment les plus précaires, qui n’ont pas le RSA, pas de couverture mutuelle universelle (CMU), pour qu’elles obtiennent ces droits. C’est une façon d’augmenter leur pouvoir d’achat et de prend soin de leur santé. C’est une politique de prévention ! Enfin, nous voulons nous attaquer au problème des déchets pour, au-delà de la question environnementale qui est fondamentale d’un point de vue économique, éviter que les taxes afférentes au traitement des déchets ne continuent d’augmenter considérablement, comme c’est le cas depuis six ans. Aujourd’hui, il y a un différentiel de 50 millions € entre les taux pratiqués en Corse et sur le continent. Ces 50 millions €, je préférerais les allouer à l’Office HLM pour rénover des appartements, installer des jeux pour les enfants… La Collectivité de Corse pourrait aider les maires à les réaliser. Toutes ces thématiques relèvent de sa compétence.
- Ce prêt de 10 000 € aux jeunes, qui le finance ? Qui le garantit ? Qui en bénéficie ?
- C’est simple, ce prêt est octroyé et garanti par la Collectivité de Corse. Il sera, bien sûr, remboursé quand les pétitionnaires en auront la capacité. Probablement, dans certains cas, on abandonnera le remboursement quand il sera impossible à certaines personnes de rembourser. C’est un geste fort que nous voulons faire en direction de la jeunesse ! Cette mesure semble originale ici - et elle l’est ! - mais en réalité, en ayant échangé avec bon nombre de têtes de liste de la France continentale, elle est portée par bon nombre de candidats de la majorité présidentielle sur l’ensemble du territoire français. Nous savons tous que la crise sanitaire peut provoquer une crise économique et sociale que nous voulons pallier. De la même manière, nous nous adresserons aux 15 étudiants qui réussiront la première année de médecine pour leur proposer de les accompagner financièrement pendant le reste de leur formation avec une contrepartie : leur imposer de revenir en Corse s’installer dans des déserts médicaux. Cette opération permet à chacun de tirer parti d’une proposition concrète. J’aime bien cette notion de « gagnant-gagnant ».
- Avez-vous chiffré le coût financier pour la CdC ?
- Pas encore ! Nous n’avons pas la capacité de l’évaluer en amont. D’un point de vue technique, il faudra rentrer davantage dans l’opérationnalité et dans un débat qui aura lieu à l’Assemblée de Corse. Mais, de toute manière, c’est pour nous une ambition forte en direction de la jeunesse que nous comptons financer notamment par la réduction du train de vie de la collectivité de Corse. Parmi ces réductions, nous proposons un moratoire sur l’emploi. Nous voulons aussi avoir des certitudes. C’est pour cela qu’en matière de gouvernance, nous demanderons un audit à la Chambre régionale des comptes, dès notre arrivée aux responsabilités. Quand on voit certaines dépenses dans les Agences et Offices, il y a sûrement des réductions à faire qui permettront de financer ce dispositif. Quoiqu’il en soit, je le répète, c’est une priorité dans tous les cas de figure.
- Pas du tout ! Quand on regarde les compétences de la Collectivité de Corse (CdC), je crois que dans ces trois thématiques - un toit, un emploi et la santé -, il y a beaucoup de choses à faire. Un fil conducteur est d’augmenter le pouvoir d’achat des Corses par des mesures concrètes que nous souhaitons mettre en place. Je vais en citer trois. Nous avons décidé de prêter 10 000 € à tous les jeunes Corses de 16 à 25 ans pour qu’ils arrivent à se former, à ouvrir un commerce, à avancer dans leurs études, à avoir un emploi. Nous faisons également du sujet du renoncement aux droits une priorité. Nous voulons aller chercher toutes les personnes, notamment les plus précaires, qui n’ont pas le RSA, pas de couverture mutuelle universelle (CMU), pour qu’elles obtiennent ces droits. C’est une façon d’augmenter leur pouvoir d’achat et de prend soin de leur santé. C’est une politique de prévention ! Enfin, nous voulons nous attaquer au problème des déchets pour, au-delà de la question environnementale qui est fondamentale d’un point de vue économique, éviter que les taxes afférentes au traitement des déchets ne continuent d’augmenter considérablement, comme c’est le cas depuis six ans. Aujourd’hui, il y a un différentiel de 50 millions € entre les taux pratiqués en Corse et sur le continent. Ces 50 millions €, je préférerais les allouer à l’Office HLM pour rénover des appartements, installer des jeux pour les enfants… La Collectivité de Corse pourrait aider les maires à les réaliser. Toutes ces thématiques relèvent de sa compétence.
- Ce prêt de 10 000 € aux jeunes, qui le finance ? Qui le garantit ? Qui en bénéficie ?
- C’est simple, ce prêt est octroyé et garanti par la Collectivité de Corse. Il sera, bien sûr, remboursé quand les pétitionnaires en auront la capacité. Probablement, dans certains cas, on abandonnera le remboursement quand il sera impossible à certaines personnes de rembourser. C’est un geste fort que nous voulons faire en direction de la jeunesse ! Cette mesure semble originale ici - et elle l’est ! - mais en réalité, en ayant échangé avec bon nombre de têtes de liste de la France continentale, elle est portée par bon nombre de candidats de la majorité présidentielle sur l’ensemble du territoire français. Nous savons tous que la crise sanitaire peut provoquer une crise économique et sociale que nous voulons pallier. De la même manière, nous nous adresserons aux 15 étudiants qui réussiront la première année de médecine pour leur proposer de les accompagner financièrement pendant le reste de leur formation avec une contrepartie : leur imposer de revenir en Corse s’installer dans des déserts médicaux. Cette opération permet à chacun de tirer parti d’une proposition concrète. J’aime bien cette notion de « gagnant-gagnant ».
- Avez-vous chiffré le coût financier pour la CdC ?
- Pas encore ! Nous n’avons pas la capacité de l’évaluer en amont. D’un point de vue technique, il faudra rentrer davantage dans l’opérationnalité et dans un débat qui aura lieu à l’Assemblée de Corse. Mais, de toute manière, c’est pour nous une ambition forte en direction de la jeunesse que nous comptons financer notamment par la réduction du train de vie de la collectivité de Corse. Parmi ces réductions, nous proposons un moratoire sur l’emploi. Nous voulons aussi avoir des certitudes. C’est pour cela qu’en matière de gouvernance, nous demanderons un audit à la Chambre régionale des comptes, dès notre arrivée aux responsabilités. Quand on voit certaines dépenses dans les Agences et Offices, il y a sûrement des réductions à faire qui permettront de financer ce dispositif. Quoiqu’il en soit, je le répète, c’est une priorité dans tous les cas de figure.
- Concernant les déchets, vous proposez un référendum d’initiative locale. N’est-ce pas compliqué à mettre en œuvre ?
- Non ! J’ai lu les déclarations de quelqu’un d’assez éminent dans la majorité territoriale puisqu’il s’agit du président de l’assemblée de Corse sortant. Il dit que les efforts financiers nécessaires n’ont pas été fait en direction du tri, de cette volonté politique qui avait été affichée. Je vous rappelle qu’on nous avait promis de régler le problème des déchets dans les six mois, après 2015. Le constat, aujourd’hui, est dramatique ! Six ans plus tard, le problème n’est non seulement pas résolu, mais il a même grandement empiré ! Notre objectif est de le régler et ce, là encore, quoiqu’il en coûte ! Ceci dit, avec 1 milliard de dettes, nous pensions que nous aurions pu faire mieux. Il faut certes diminuer la dette, mais, dans un premier temps, avant de la diminuer, nous avons l’ambition d’aider fortement les intercommunalités par une politique territorialisée. Le tri doit faire un bond considérable, ce qui nous laissera des marges de manœuvre pour, à terme, régler définitivement le problème.
- Concrètement, quelle politique entendez-vous mener en la matière ?
- Premièrement, nous pensons qu’il y a aussi des économies à réaliser dans le tout public, du début à la fin, de la collecte jusqu’au traitement ultime. Il y a, ensuite, un questionnement à poser aux Corses, à savoir comment on traite le déchet ultime, celui qu’on n’arrivera pas à traiter. Et là, sur cette question, nous donnerons la parole aux Corses. C’est eux qui ont vocation à choisir entre l’enfouissement et la valorisation thermique. C’est à eux de trancher ! Mais, d’abord, donnons-nous les moyens d’avoir un certain laps de temps, 3 ou 4 ans, pour gérer les poubelles en augmentant fortement le tri. Donc, le tri, le tri et encore le tri… et un choix sur les déchets ultimes.
- Vous voulez fusionner le Syvadec avec l’Office de l’environnement. C’est une idée assez partagée, mais est-elle réalisable ?
- Nous sommes très clairement pour la fusion entre le Syvadec et l’Office de l’environnement. La dilution des responsabilités n’est jamais une bonne chose ! Le citoyen doit pouvoir identifier celui qui a pris la décision. En la matière, il ne s’agit pas de supprimer une structure mais de la fusionner parce qu’il y a au Syvadec de grandes compétences.
- Autre sujet : le PADDUC. Vous l’avez voté en 2015. Aujourd’hui, vous demandez sa révision partielle. Pourquoi ?
- Je suis pour sa révision ! Mais, peu importe que je sois pour ou contre, c’est la loi qui nous oblige à réviser le PADDUC. Je rappelle que c’est un texte réglementaire de portée régionale, il ne s’agit ni d’une Constitution, ni même d’une loi. Je regrette que la majorité territoriale ne l’ait pas mis en révision rapidement. Ce document, qui est un bon document avec une bonne philosophie, a, comme tout document, des imperfections. Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est de régler ces imperfections. Je le dis d’autant mieux que j’ai une expérience importante et, à mon avis, capitale en la matière puisque je suis maire d’une commune. Je vois bien les difficultés à élaborer des Plans locaux d’urbanisme (PLU) avec ce document. Ce n’est pas spécifique à Bonifacio, quasiment aucun PLU n’est sorti en Corse depuis 10 ans ! Je ne parle même pas des PLU intercommunaux, pas un n’existe aujourd’hui en Corse !
- Sur quelles bases, le PADDUC doit-il, selon vous, être révisé ?
- Sans rentrer dans un débat trop technique, nous avons besoin qu’il définisse, par exemple, les zones urbanisées des territoires. C’est fondamental pour pouvoir élaborer nos PLU ! Il faut aussi réfléchir sur la cartographie des Espaces proches du rivage parce que nous savons qu’on termes d’agriculture, en fonction du trait, on peut implanter ou non des structures de production. Il faut avoir une carte fiable sur les espaces stratégiques agricoles (ESA), elle ne l’est pas ! Je donne souvent l’exemple du parking du stade de foot de Bonifacio situé en ESA. C’est une bêtise ! A l’inverse, des terrains, que les agriculteurs ont souhaité voir classer en agricole, ne le sont pas aujourd’hui. En matière d’agriculture, il ne suffit pas de changer la cartographie du PADDUC pour implanter des agriculteurs, il faut une politique beaucoup plus transversale et ambitieuse que celle que nous avons eu jusqu’à présent.
- Il y a un tel empilement de lois bien plus contraignantes en matière d’urbanisme. Le PADDUC n’a-t-il pas bon dos ? N’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ?
- Je suis entièrement d’accord avec vous ! Le PADDUC n’est pas l’alpha et l’oméga de nos soucis. C’est exactement l’empilement que vous dénoncez : les Lois Littoral et Montagne qui datent de 1986, et toutes les lois qui se sont succédées. Mais, là aussi, je suis critique vis-à-vis de la majorité territoriale sortante. Il y a trois ans, dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron et dans le cadre de la Loi Elan, mon adjoint à l’urbanisme avait proposé aux députés de la majorité territoriale de porter le projet de différenciation dans les documents d’urbanisme entre la maison principale et la maison secondaire. À l’époque, cette proposition avait été balayée d’un revers de main par la majorité territoriale. Comme il ne suffira pas de changer le PADDUC pour avancer véritablement sur la question de l’urbanisme, je propose une mesure très forte dans le cadre de cette campagne : des États généraux de l’urbanisme. Là aussi, ne pointons pas uniquement la majorité territoriale ! Il faut absolument mettre autour de la table les services de l’État, l’Agence de l’urbanisme, les collectivités locales, les associations, les chambres consulaires… Aujourd’hui, quand un maire élabore son PLU, et j’en parle en connaissance de cause, il a, face à lui, des gens qui se comportent comme des censeurs, pas comme des gens qui viennent l’aider. Il faut donc un état d’esprit différent pour aider les maires à élaborer ces documents dont la priorité doit être de donner aux Corses les moyens de pouvoir vivre dignement sur cette terre dans des logements dignes de ce nom. Je n’oppose pas ça à la maison secondaire. C’est une histoire de proportion et d’équilibre !
- Justement, vous avez voté pour le statut de résident afin de lutter contre la spéculation et la flambée des résidences secondaires. Y êtes-vous toujours aussi favorable ?
- L’état d’esprit, qui sous-tend ce statut de résident, doit être conservé. A savoir, donner la priorité aux gens qui ont vocation à grandir et à vivre sur cette terre. Il faut aussi être pragmatique ! Mon projet a trois qualités : celui de vouloir être progressiste, pragmatique et républicain. Si vous repartez de ces trois éléments là, nous savons que le statut de résident, nous ne sommes pas près de l’avoir ! Il y a une vraie difficulté qui, d’ailleurs, ne relève pas du droit français, mais du droit européen. Va-t-on attendre un hypothétique statut de résident pour faire des choses ? Non ! Nous devons, à droit constant dans le cadre de la loi 4D, du droit positif actuel, travailler sur la différenciation entre maison principale et maison secondaire. La majorité territoriale semble aujourd’hui revenir à de meilleurs sentiments sur le sujet, je m’en félicite ! Je veux avancer sans attendre une révision constitutionnelle que souhaite le Président de la République, mais qui reste, elle aussi, hypothétique parce qu’elle relève de contingences politiques compliquées. Donc, travaillons à droit constant, il y a des choses à faire !
- Je suis pour sa révision ! Mais, peu importe que je sois pour ou contre, c’est la loi qui nous oblige à réviser le PADDUC. Je rappelle que c’est un texte réglementaire de portée régionale, il ne s’agit ni d’une Constitution, ni même d’une loi. Je regrette que la majorité territoriale ne l’ait pas mis en révision rapidement. Ce document, qui est un bon document avec une bonne philosophie, a, comme tout document, des imperfections. Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est de régler ces imperfections. Je le dis d’autant mieux que j’ai une expérience importante et, à mon avis, capitale en la matière puisque je suis maire d’une commune. Je vois bien les difficultés à élaborer des Plans locaux d’urbanisme (PLU) avec ce document. Ce n’est pas spécifique à Bonifacio, quasiment aucun PLU n’est sorti en Corse depuis 10 ans ! Je ne parle même pas des PLU intercommunaux, pas un n’existe aujourd’hui en Corse !
- Sur quelles bases, le PADDUC doit-il, selon vous, être révisé ?
- Sans rentrer dans un débat trop technique, nous avons besoin qu’il définisse, par exemple, les zones urbanisées des territoires. C’est fondamental pour pouvoir élaborer nos PLU ! Il faut aussi réfléchir sur la cartographie des Espaces proches du rivage parce que nous savons qu’on termes d’agriculture, en fonction du trait, on peut implanter ou non des structures de production. Il faut avoir une carte fiable sur les espaces stratégiques agricoles (ESA), elle ne l’est pas ! Je donne souvent l’exemple du parking du stade de foot de Bonifacio situé en ESA. C’est une bêtise ! A l’inverse, des terrains, que les agriculteurs ont souhaité voir classer en agricole, ne le sont pas aujourd’hui. En matière d’agriculture, il ne suffit pas de changer la cartographie du PADDUC pour implanter des agriculteurs, il faut une politique beaucoup plus transversale et ambitieuse que celle que nous avons eu jusqu’à présent.
- Il y a un tel empilement de lois bien plus contraignantes en matière d’urbanisme. Le PADDUC n’a-t-il pas bon dos ? N’est-ce pas l’arbre qui cache la forêt ?
- Je suis entièrement d’accord avec vous ! Le PADDUC n’est pas l’alpha et l’oméga de nos soucis. C’est exactement l’empilement que vous dénoncez : les Lois Littoral et Montagne qui datent de 1986, et toutes les lois qui se sont succédées. Mais, là aussi, je suis critique vis-à-vis de la majorité territoriale sortante. Il y a trois ans, dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron et dans le cadre de la Loi Elan, mon adjoint à l’urbanisme avait proposé aux députés de la majorité territoriale de porter le projet de différenciation dans les documents d’urbanisme entre la maison principale et la maison secondaire. À l’époque, cette proposition avait été balayée d’un revers de main par la majorité territoriale. Comme il ne suffira pas de changer le PADDUC pour avancer véritablement sur la question de l’urbanisme, je propose une mesure très forte dans le cadre de cette campagne : des États généraux de l’urbanisme. Là aussi, ne pointons pas uniquement la majorité territoriale ! Il faut absolument mettre autour de la table les services de l’État, l’Agence de l’urbanisme, les collectivités locales, les associations, les chambres consulaires… Aujourd’hui, quand un maire élabore son PLU, et j’en parle en connaissance de cause, il a, face à lui, des gens qui se comportent comme des censeurs, pas comme des gens qui viennent l’aider. Il faut donc un état d’esprit différent pour aider les maires à élaborer ces documents dont la priorité doit être de donner aux Corses les moyens de pouvoir vivre dignement sur cette terre dans des logements dignes de ce nom. Je n’oppose pas ça à la maison secondaire. C’est une histoire de proportion et d’équilibre !
- Justement, vous avez voté pour le statut de résident afin de lutter contre la spéculation et la flambée des résidences secondaires. Y êtes-vous toujours aussi favorable ?
- L’état d’esprit, qui sous-tend ce statut de résident, doit être conservé. A savoir, donner la priorité aux gens qui ont vocation à grandir et à vivre sur cette terre. Il faut aussi être pragmatique ! Mon projet a trois qualités : celui de vouloir être progressiste, pragmatique et républicain. Si vous repartez de ces trois éléments là, nous savons que le statut de résident, nous ne sommes pas près de l’avoir ! Il y a une vraie difficulté qui, d’ailleurs, ne relève pas du droit français, mais du droit européen. Va-t-on attendre un hypothétique statut de résident pour faire des choses ? Non ! Nous devons, à droit constant dans le cadre de la loi 4D, du droit positif actuel, travailler sur la différenciation entre maison principale et maison secondaire. La majorité territoriale semble aujourd’hui revenir à de meilleurs sentiments sur le sujet, je m’en félicite ! Je veux avancer sans attendre une révision constitutionnelle que souhaite le Président de la République, mais qui reste, elle aussi, hypothétique parce qu’elle relève de contingences politiques compliquées. Donc, travaillons à droit constant, il y a des choses à faire !
- Concernant la relance économique, vous dites que la CDC est « enferrée dans la culture de l’emploi public ». Comment comptez-vous en sortir ?
- J’ai un avantage : je suis maire d’une commune de 3000 habitants qui a, depuis deux mandats, investit plus de 100 millions €. Nous avons su créer une vraie dynamique économique. Pour réussir, il faut avoir la volonté d’inculquer, à la jeunesse, la culture de l’entreprenariat. C’est important ! La Collectivité de Corse doit y participer. Il faut aussi, dans l’immédiateté et face à la crise sanitaire, réussir le plan de relance. Pour cela, il est nécessaire que l’État et la Collectivité de Corse marchent main dans la main. Les financements du PTIC, du Plan de relance et le reliquat du PEI doivent être mis en œuvre pour retrouver une dynamique économique. C’est fondamental ! Le tourisme doit être un élément clé ! Je pense que les tourismes sont une véritable chance pour la Corse ! De façon directe et indirecte. Nous devons travailler à créer une véritable marque Corse qui garantit la qualité, la production locale...
- Comment être performant ?
- D’abord, en optimisant les outils qui ont fait leurs preuves. Le plus bel outil, que l’on connaisse aujourd’hui, est le crédit d’impôt. Les entreprises attendent une assiette beaucoup plus large, notamment le secteur des transports, des énergies renouvelables où nous devons être exemplaires. Bien sûr, la solidarité nationale devra y participer. Nous sommes légitimes à la revendiquer. C’est comme cela que nous obtiendrons des résultats ! Il y a en Corse de nombreuses réussites dans le domaine de la viticulture, de la recherche. Le prix de Stella Mare en est la démonstration. Je profite de cette campagne pour le dire. À l’inverse, ce que j’entends aussi et qui relève véritablement de la compétence de la collectivité de Corse, c’est que les entreprises ont beaucoup de mal à trouver, non pas des Corsophones pour prioriser l’emploi local, mais tout simplement des employés formés. Les bars et les restaurants, mais aussi le secteur de l’optique de l’audition, manquent de main-d’œuvre qualifiée. Les EHPAD manquent d’aides-soignants, tout comme dans les hôpitaux. Nous sommes, à travers la Collectivité unique, les héritiers des anciens Conseils généraux dont nous avons récupéré les compétences. Notre population est très vieillissante, elle a besoin d’être aidée. Il y a un gisement d’emplois, certes publics, à créer, mais aussi privés. C’est sur ces thématiques là que nous devons travailler et être plus opérationnels, plus ambitieux.
- N’avez-vous pas toujours martelé que la santé devait rester une compétence d’Etat ?
- Oui ! Je suis un décentralisateur convaincu, je suis pour une autonomie réglementaire et législative, en dehors bien évidemment des missions régaliennes, mais j’ai toujours exclu la santé et l’éducation. D’ailleurs, vu les sommes nécessaires, seule, la solidarité nationale peut nous aider à les obtenir ! Cette solidarité nationale ne peut venir en Corse que si les relations entre la Collectivité de Corse et l’État sont au beau fixe. Ce n’est pas en entretenant, comme l’a fait le président de l’Exécutif jusqu’à aujourd’hui, un sentiment de défiance envers l’État que nous obtiendrons des moyens importants ! C’est pour cela que ma proximité avec le Président de la République peut être un élément facilitateur. J’en suis intimement convaincu !
- N’y-a-t-il pas une contradiction entre la création de ces emplois publics et votre volonté de les dégraisser à la CdC ?
- Non ! La culture de la gauche rocardienne, de laquelle je me revendique, c’est de créer des richesses pour les répartir. Je l’ai fait localement à Bonifacio : le port de plaisance, les parkings, la maison secondaire… sont des piliers qui permettent d’alimenter des réalisations en matière de logement social, de services à la personne, aux personnes âgées, à l’enfance… La puissance publique permet au monde de l’entreprise de se développer, ensuite elle pratique l’impôt et sa progressivité pour assurer les services publics dont on a besoin et qui sont fondamentaux. On a besoin de police, de justice, de solidarité nationale. Il n’y a pas de contradiction, au contraire il y a la complémentarité !
- Si vous êtes élus, quelle serait, pour vous, la priorité immédiate ?
- Il est urgent de lancer les États généraux de l’urbanisme et de mettre en place une politique très volontariste sur la question du renoncement aux droits. Lorsqu’on est de gauche et que l’on veut combattre les inégalités, il faut permettre aux gens d’avoir le RSA et la CMU. Et évidemment, on n’a plus le choix : il faut mettre le paquet, quoi qu’il en coûte, sur les déchets. Ceci dit, je ne suis pas un élu qui fait campagne en promettant le Grand soir et en disant que je vais révolutionner les choses. Je crois que la Corse a un avenir fort aussi en Europe et en Méditerranée. S’il y a, donc, un geste symbolique à faire, c’est de rencontrer nos voisins pour imaginer des solutions ensemble. C’est l’état d’esprit qui sera le mien.
- Le « quoiqu’il en coûte » du président Macron, pensez-vous que la Corse en a les moyens ?
- Dans la vie, il faut faire des choix ! Le président de l’Exécutif sortant, tout le monde le reconnait, s’il a peut-être une difficulté, c’est de faire des choix. Il faut savoir renoncer, déplaire. C’est ça la responsabilité d’un élu politique ! Je l’ai fait dans ma commune. Avec 1 milliard de dettes je le rappelle, il y a, à mon avis, quelques marges de manœuvre à dégager. En tout cas, c’est sur cette question des déchets qui est fondamentale en termes de santé publique, de pouvoir d’achat, de protection environnementale qu’il faut réussir. Là encore, il faudra peut-être obtenir de la solidarité nationale. Il faut que la Corse en ait conscience ! Lorsque l’État donne 180 millions € pour la continuité territoriale, 200 millions € pour l’énergie, nous avons besoin d’entretenir avec lui des relations pérennes et performantes. Le président et la ministre Jacqueline Gourault l’ont rappelé, il reste un reliquat sur le PEI pour les déchets, j’en ferai une priorité. Il faudra, dans un premier temps, renoncer à autre chose et y revenir dans un second temps. C’est ça le rôle de l’élu !
- Quel mot résumerait votre projet politique ?
- Solidarité.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- J’ai un avantage : je suis maire d’une commune de 3000 habitants qui a, depuis deux mandats, investit plus de 100 millions €. Nous avons su créer une vraie dynamique économique. Pour réussir, il faut avoir la volonté d’inculquer, à la jeunesse, la culture de l’entreprenariat. C’est important ! La Collectivité de Corse doit y participer. Il faut aussi, dans l’immédiateté et face à la crise sanitaire, réussir le plan de relance. Pour cela, il est nécessaire que l’État et la Collectivité de Corse marchent main dans la main. Les financements du PTIC, du Plan de relance et le reliquat du PEI doivent être mis en œuvre pour retrouver une dynamique économique. C’est fondamental ! Le tourisme doit être un élément clé ! Je pense que les tourismes sont une véritable chance pour la Corse ! De façon directe et indirecte. Nous devons travailler à créer une véritable marque Corse qui garantit la qualité, la production locale...
- Comment être performant ?
- D’abord, en optimisant les outils qui ont fait leurs preuves. Le plus bel outil, que l’on connaisse aujourd’hui, est le crédit d’impôt. Les entreprises attendent une assiette beaucoup plus large, notamment le secteur des transports, des énergies renouvelables où nous devons être exemplaires. Bien sûr, la solidarité nationale devra y participer. Nous sommes légitimes à la revendiquer. C’est comme cela que nous obtiendrons des résultats ! Il y a en Corse de nombreuses réussites dans le domaine de la viticulture, de la recherche. Le prix de Stella Mare en est la démonstration. Je profite de cette campagne pour le dire. À l’inverse, ce que j’entends aussi et qui relève véritablement de la compétence de la collectivité de Corse, c’est que les entreprises ont beaucoup de mal à trouver, non pas des Corsophones pour prioriser l’emploi local, mais tout simplement des employés formés. Les bars et les restaurants, mais aussi le secteur de l’optique de l’audition, manquent de main-d’œuvre qualifiée. Les EHPAD manquent d’aides-soignants, tout comme dans les hôpitaux. Nous sommes, à travers la Collectivité unique, les héritiers des anciens Conseils généraux dont nous avons récupéré les compétences. Notre population est très vieillissante, elle a besoin d’être aidée. Il y a un gisement d’emplois, certes publics, à créer, mais aussi privés. C’est sur ces thématiques là que nous devons travailler et être plus opérationnels, plus ambitieux.
- N’avez-vous pas toujours martelé que la santé devait rester une compétence d’Etat ?
- Oui ! Je suis un décentralisateur convaincu, je suis pour une autonomie réglementaire et législative, en dehors bien évidemment des missions régaliennes, mais j’ai toujours exclu la santé et l’éducation. D’ailleurs, vu les sommes nécessaires, seule, la solidarité nationale peut nous aider à les obtenir ! Cette solidarité nationale ne peut venir en Corse que si les relations entre la Collectivité de Corse et l’État sont au beau fixe. Ce n’est pas en entretenant, comme l’a fait le président de l’Exécutif jusqu’à aujourd’hui, un sentiment de défiance envers l’État que nous obtiendrons des moyens importants ! C’est pour cela que ma proximité avec le Président de la République peut être un élément facilitateur. J’en suis intimement convaincu !
- N’y-a-t-il pas une contradiction entre la création de ces emplois publics et votre volonté de les dégraisser à la CdC ?
- Non ! La culture de la gauche rocardienne, de laquelle je me revendique, c’est de créer des richesses pour les répartir. Je l’ai fait localement à Bonifacio : le port de plaisance, les parkings, la maison secondaire… sont des piliers qui permettent d’alimenter des réalisations en matière de logement social, de services à la personne, aux personnes âgées, à l’enfance… La puissance publique permet au monde de l’entreprise de se développer, ensuite elle pratique l’impôt et sa progressivité pour assurer les services publics dont on a besoin et qui sont fondamentaux. On a besoin de police, de justice, de solidarité nationale. Il n’y a pas de contradiction, au contraire il y a la complémentarité !
- Si vous êtes élus, quelle serait, pour vous, la priorité immédiate ?
- Il est urgent de lancer les États généraux de l’urbanisme et de mettre en place une politique très volontariste sur la question du renoncement aux droits. Lorsqu’on est de gauche et que l’on veut combattre les inégalités, il faut permettre aux gens d’avoir le RSA et la CMU. Et évidemment, on n’a plus le choix : il faut mettre le paquet, quoi qu’il en coûte, sur les déchets. Ceci dit, je ne suis pas un élu qui fait campagne en promettant le Grand soir et en disant que je vais révolutionner les choses. Je crois que la Corse a un avenir fort aussi en Europe et en Méditerranée. S’il y a, donc, un geste symbolique à faire, c’est de rencontrer nos voisins pour imaginer des solutions ensemble. C’est l’état d’esprit qui sera le mien.
- Le « quoiqu’il en coûte » du président Macron, pensez-vous que la Corse en a les moyens ?
- Dans la vie, il faut faire des choix ! Le président de l’Exécutif sortant, tout le monde le reconnait, s’il a peut-être une difficulté, c’est de faire des choix. Il faut savoir renoncer, déplaire. C’est ça la responsabilité d’un élu politique ! Je l’ai fait dans ma commune. Avec 1 milliard de dettes je le rappelle, il y a, à mon avis, quelques marges de manœuvre à dégager. En tout cas, c’est sur cette question des déchets qui est fondamentale en termes de santé publique, de pouvoir d’achat, de protection environnementale qu’il faut réussir. Là encore, il faudra peut-être obtenir de la solidarité nationale. Il faut que la Corse en ait conscience ! Lorsque l’État donne 180 millions € pour la continuité territoriale, 200 millions € pour l’énergie, nous avons besoin d’entretenir avec lui des relations pérennes et performantes. Le président et la ministre Jacqueline Gourault l’ont rappelé, il reste un reliquat sur le PEI pour les déchets, j’en ferai une priorité. Il faudra, dans un premier temps, renoncer à autre chose et y revenir dans un second temps. C’est ça le rôle de l’élu !
- Quel mot résumerait votre projet politique ?
- Solidarité.
Propos recueillis par Nicole MARI.