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Jean-Charles Orsucci : "L'enjeu est d'élire un député européen qui soutient le processus d'autonomie"


Cécile Orsoni le Jeudi 23 Mai 2024 à 20:08

Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio, est candidat aux élections européennes sur la liste de Valérie Hayer (Renaissance). A deux semaines du scrutin, il évoque en exclusivité les enjeux cruciaux de cette élection pour la Corse.



- Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat aux élections européennes ?
- Ma candidature est née suite à une discussion à Bonifacio avec le Président de la République lors de sa venue en Corse en septembre dernier où il a tenu à l’Assemblée de Corse un discours historique, allant plus loin que ses prédécesseurs sur la voie de l’autonomie de notre île. Il souhaitait ainsi que je m’engage pour incarner la Corse et plus encore son ambition pour la Méditerranée. Après réflexion, avoir échangé avec le Premier ministre Gabriel Attal et consulté mes amis, j’ai décidé d’intégrer la liste de la majorité présidentielle « Besoin d’Europe » conduite par Valérie Hayer. Ma volonté, c’est d’être utile à la Corse, à la France et à l’Europe.

- Quelle serait votre priorité en tant que député européen ?
- Comme je viens de vous le dire, je veux pouvoir aider. Et sensibiliser notamment Bruxelles, mais aussi Paris à mieux appréhender les particularités voire les spécificités de la Corse. Elles sont nombreuses : transports, agriculture, pêche, développement économique, tourisme, foncier. Il y a aussi un processus parlementaire qui s’engage pour l’autonomie, je compte là aussi me faire entendre et peser dans les futures discussions. Je veux être la voix de la Corse à chaque fois qu’il faudra faire le trait d’union entre la Collectivité de Corse, ou de chacune des communes ou intercommunalités et les institutions européennes, avec le soutien de la majorité présidentielle et du gouvernement.

- Quel serait le dossier le plus important à défendre à Bruxelles ?
- L’Europe en Corse, c’est 110 millions € au travers de différents fonds. C’est dire son importance. L’action de l’Europe se concrétise dans tous les secteurs et joue un rôle crucial dans la réduction des disparités économiques et sociales des différentes régions. En Corse, c’est notamment l’installation de la fibre qui favorise le développement de nos entreprises, mais aussi améliore le quotidien de la population. C’est aussi le développement des espaces ruraux avec la démarche « Smart Paesi », villages intelligents à Cozzano. Cest encore, à Bastia, le projet du Mantinum, ce nouvel espace qui concilie patrimoine et tourisme tout en assurant le lien entre la ville haute et la ville basse… Tout est important.

- Travaillerez-vous avec la Collectivité de Corse ?
- J’ai toujours travaillé avec la Collectivité de Corse. Je le répète, je veux mettre du lien et du liant entre la Corse, le Gouvernement, le Parlement et les institutions européennes. Je veux être aussi les représentants des élus à Bruxelles.

- Vous êtes 22e sur la liste de Valérie Hayer. Pensez-vous avoir une chance d’être élu ?
- Évidemment. Mais il y a en fait deux candidats éligibles, les autres sont des candidatures de témoignages. Une candidate est sur la liste du Rassemblement national de Jordan Bardella qui est contre toute avancée institutionnelle, toute reconnaissance d’une quelconque spécificité. Pour caricaturer, je dirais que c’est une liste anti-corse ! Et la mienne sur la liste de la majorité présidentielle et qui soutient clairement le statut d’autonomie dans la République votée par une très large majorité des élus de l’Assemblée de Corse. Il y aura bien sûr ceux qui souhaiteront voter pour le Président de la République et le Gouvernement en me soutenant. Mais l’enjeu pour la Corse est bien de soutenir le processus en cours et donc de voter pour ma candidature, la seule qui puisse faire élire un député européen qui défendra les intérêts de notre île au lendemain du scrutin. L’enjeu ainsi posé est clair. Chaque Corse doit l’avoir à l’esprit quand il va aller voter.

- Si vous êtes élu et que Nathalie Antona aussi, accepterez-vous de travailler avec elle si l’occasion se présente pour défendre des dossiers corses ?
- Je ne vois pas comment la candidate et plus largement le Rassemblement national pourrait défendre les dossiers corses, au regard de l’histoire de ce mouvement, de toutes ses positions sur notre île et notamment sa vision jacobine comme en atteste leur position fermée sur la question institutionnelle que les Corses ont définie comme prioritaire. Je serai donc présent, avec mon groupe, pour défendre notre île à Bruxelles et à Strasbourg.

- En cas d’élection, allez-vous quitter la mairie pour cause de cumul ?
- Si j’ai l’honneur d’être élu, je resterai un conseiller municipal actif au poids politique renforcé. Notre mouvement Bonifacio 21 a été créé en 2004 et composé de personnes aux compétences et valeurs humaines reconnues, transcendant tous les clivages politiques et avec pour seul objectif : servir Bonifacio. Aussi, je fais toute confiance et la Ville de Bonifacio avec moi, à l’équipe qui m’accompagne depuis 2008 et à la personne que nous choisirons pour me succéder.

- En Corse, qui sont les élus qui soutiennent votre candidature ?
- En premier lieu, Laurent Marcangeli, dont j’avais sollicité l’avis et qui m’avait encouragé lors de ma réflexion initiale, m’a renouvelé son soutien. Il a d’ailleurs réservé avec Stéphane Sbraggia, le maire d’Ajaccio et Président du Pays Ajaccien et d’autres élus ajacciens, un accueil très chaleureux à Valérie Hayer, lors de son étape dans la cité impériale il y a quelques jours. Jean-Christophe Angelini, le maire de Porto-Vecchio et Président de notre intercommunalité, a également exprimé son soutien avec pragmatisme et courage. Il n’est pas devenu macroniste pour autant. En revanche, son attachement à la lutte contre l’extrême droite, les enjeux importants liés au processus institutionnel en cours et la reconnaissance d’une démarche cohérente de ma part au regard des convictions que je porte depuis toujours, notre engagement mutuel dans l’Extrême-Sud l’ont convaincu d’appuyer ma candidature. Enfin plusieurs élus partout en Corse m’ont spontanément appelé pour m’encourager. Pour les mêmes raisons qui ont conduit le leader du groupe Avanzemu et du PNC à me soutenir, j’attends maintenant de Gilles Simeoni qu’il adopte la même attitude au nom de notre parcours commun, de nos convergences et surtout à l’aune du débat sur l’autonomie dont je suis un fervent partisan depuis le début de mon engagement politique, comme en atteste chacune de mes positions en tant que maire ou Président de groupe à l’Assemblée de Corse. Le communiqué, qu’il avait écrit après nous avoir reçu Valérie Hayer, Laurent Marcangeli et moi-même dans son bureau, nous avait laissés sur notre faim. J’attends maintenant qu’il clarifie sa position et affiche un soutien clair. Je ne demande à personne d’être macroniste, mais plutôt à travers ma personne, d’encourager le processus en cours, mais aussi de représenter nos valeurs communes et la Corse au sein des instances européennes.

- Selon vous, les résultats des Européennes auront-ils un impact sur ce processus d’autonomie ?
- Évidemment tout le monde va regarder attentivement les résultats en Corse. Tous ceux à Paris qui le soutiennent ou que nous devrons convaincre dans les semaines à venir ne comprendraient pas que les urnes nous soient défavorables le 9 juin au soir. À l’inverse, tous ceux qui, ici et sur le continent, y sont hostiles auront beau jeu de se réclamer d’un hypothétique bon résultat de la liste RN et donc demander un arrêt du processus. Rappelons que le RN de Jordan Bardella s’est servie de la victoire de Marine Le Pen sur l’île aux présidentielles de 2022 pour dire que les Corses étaient opposés au processus. C’est une des conséquences inévitables du scrutin, il ne faut pas se le cacher. Pour toutes ces raisons, j’appelle les Corses à voter pour ma candidature et donc voter dimanche 9 juin, la liste « Besoin d’Europe » conduite par Valérie Hayer.