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Jean-Charles Martinelli (CMA de Corse) : "non à la baisse de la prise en charge des contrats d'apprentissage"


C.-V. M le Jeudi 20 Juillet 2023 à 08:39

Alors que le gouvernement envisage une baisse globale des niveaux de prise en charge des contrats d’apprentissage, dès septembre, la Chambre de métiers et de l’artisanat de Corse monte au créneau pour demander le report et le retrait de ces dispositions et de nouvelles discussions.



Jean-Charles Martinelli, président de la chambre de métiers et de l'artisanat de Corse se dit inquiet : « Cette situation risquerait de renforcer la pénurie de main-d’œuvre » (CNI )
Jean-Charles Martinelli, président de la chambre de métiers et de l'artisanat de Corse se dit inquiet : « Cette situation risquerait de renforcer la pénurie de main-d’œuvre » (CNI )
 Elles sont 12 autres chambres comme elle, soutenues par la CMA France, qui vont tenter de faire retirer la décision prise par France Compétences d'entériner cette baisse parfois de 10 % qui va frapper la prise en charge des contrats d'apprentissage. 
Pour Jean-Charles Martinelli, cela est inconcevable, car, la coupe risque d’être abrupte. Le président de la Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA) de Corse se dit en tout cas « très en colère ». Il s’alarme, au même titre que ses pairs des diverses CMA de France des projets du Gouvernement sur le financement des contrats d’apprentissage.


De quoi s'agit-il ?
France compétences a diffusé le 7 juillet une liste de recommandations avec l’objectif de conduire à une baisse globale de 5 % de la dépense de financement de l’apprentissage. Or, très concrètement, cette nouvelle baisse, cumulée aux différentes augmentations de charges, va engendrer pour la plupart des formations dispensées un déficit que les 2 CFA de Corse ne seront pas en mesure de supporter avec des pertes qui, à première vue, se chiffreraient à plusieurs dizaines de milliers d'euros et qui seraient synonymes de catastrophe pour les établissements insulaires.

"C’est donc la qualité de l’apprentissage, mais aussi et surtout l’existence même de formations ou de CFA, qui sont directement menacés. Alors que le gouvernement affiche la volonté d’atteindre le million d’apprentis à l’horizon 2027, cette décision vient en totale contradiction avec l’objectif !" martèlent, comme lui,  les présidents des diverses CMA qui estiment que "s’il faut faire des économies, il faut d’abord intervenir sur les formations qui dégagent le plus de profits et produisent le moins de bénéfices en matière d’insertion dans l’emploi. C’est précisément ce que préconise la Cour des comptes dans son tout récent rapport."

Mais quoi qu'il en soit pour la CMA de Corse, "trop, c'est trop"
Jean-Charles Martinelli, pour qui cette situation risquerait de renforcer la pénurie de main-d’œuvre,  et ses élus demandent le report de la baisse des niveaux de prise en charge et  l’ouverture d’une réelle concertation sur le financement de l’apprentissage, afin de définir des niveaux qui soient à la fois soutenables et conformes aux objectifs stratégiques précisés par l’État et les branches professionnelles.

Autre problème qui interpelle les chambres de métiers et de l'artisanat : l'apprentissage dans les lycées professionnels préconisé par le Gouvernement.
Sur ce plan aussi le risque est grand pour les ressortissants des CMA.
"Les gens qui sortent de nos centres de formation participent aussi, en reprenant parfois l'entreprise où ils sont employés, à la préservation de l'emploi. Pourra-t-on en dire autant des lycéens ? Pas sûr", souligne Jean-Charles Martinelli qui s'étonne que l'on prône d'un côté un tel enseignement et que de l'autre on mette en danger les centres de formation des apprentis dont les élèves, en Corse notamment, sont assurés, formés comme ils le sont, de trouver à s'employer "à 80% dans les 7 mois qui suivent leur sortie de l'apprentissage."

Processus de Beauveau, saison touristique, partenariat avec la CCI, taxe d'apprentissage

"Pourquoi les artisans de Corse ne seraient-ils pas associés au processus de Beauveau ?
Jean-Charles Martinelli et la CMA se sont posé la question à l'heure où l'on évoque une avancée institutionnelle pour l'île.
"Il est inimaginable que nous ne soyons pas associés au processus".
Le message des artisans insulaires a été entendu. "Le président du Conseil exécutif nous l'a assuré"

En revanche rien n'est venu contrarier le partenariat avec la chambre de commerce et d'industrie de Corse voulue par la loi. Parce que le président de la CCI, Jean Dominici et Jean-Charles Martinelli s'estiment de longue date. Mais aussi parce que les deux chambres partagent bien des intérêts et des projets en commun tout en gardant leurs prérogatives et leur entité propre.
Le plus beau est sans doute la réalisation de cette école hôtelière qui verra prochainement le jour à Ajaccio.

Sur la situation économique de l'heure, liée à la saison touristique,  le président de la CMA n'a pas voulu trop s'étendre.
"On ne peut dresser un bilan dès le 15 juillet. On le fera à la fin septembre. À ce moment on pourra dire si la saison a été mauvaise, moyenne ou bonne".

Jean-Charles Martinelli a tenu enfin à s'exprimer sur la taxe d'apprentissage dont toute société doit obligatoirement s'acquitter et dont une partie est destinée à financer la formation.
"Je demande aux chefs d'entreprise de Corse via leurs experts-comptables de la verser à la CMA de Corse qui est en mesure de la recevoir pour la mettre au service de notre jeunesse."
Il est vrai que si la grande majorité des entreprises de l'île entend le message, la formation que veut rogner France Compétences, on sait comment, pourrait sans doute mieux supporter le choc.