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Jean Cardi : « Le RN est le seul mouvement qui s’oppose vraiment aux diktats de Macron »


Nicole Mari le Mardi 31 Mai 2022 à 20:05

Ancien syndicaliste, qui fut longtemps président de la Coordination rurale, Jean Cardi se lance dans la bataille pour les élections législatives des 12 et 19 juin sur la 2ème circonscription de Haute-Corse. Cet éleveur de Plaine Orientale, explique à Corse Net Infos qu’il s’est engagé sous les couleurs du Rassemblement national (RN) parce que c’est le seul parti qui s’oppose au Macronisme. Il défend la ruralité, une agriculture de production et d’exportation, propose le gel de la dette des petites entreprises, mais aussi plus de solidarité entre les Corses et avec la France. Et veut faire entendre la voix du peuple.



Jean Cardi, candidat du Rassemblement national (RN) sur la 2ème circonscription de Haute-Corse pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Photo CNI.
Jean Cardi, candidat du Rassemblement national (RN) sur la 2ème circonscription de Haute-Corse pour les élections législatives des 12 et 19 juin. Photo CNI.
- Pourquoi avez-vous décidé d’être candidat aux législatives ? C’est la première fois ?
- Oui ! J’ai décidé d’être candidat pour défendre la ruralité, notre culture, notre profession qui sont très menacées en Corse. On voudrait que la Corse devienne une terre de production et d’exportation, mais on importe tout à 98 %. Depuis de nombreuses années, tous les producteurs souffrent de cette concurrence venue d’ailleurs. Certains font même du fromage avec du lait importé, et le baptisent : « Fromage corse » ! Nous avons un patrimoine magnifique, de l’eau, du soleil, des terres, et il n’y a même pas 10 % de la terre cultivable qui est cultivée. L’île de Malte, qui est aussi grande que le Cap Corse, exporte des légumes, alors qu’elle n’a pas d’eau. Avec toute l’eau que nous avons, nous importons des légumes ! On marche sur la tête ! Je parle de l’agriculture, mais c’est le cas aussi dans la restauration où l’on ne peut plus vraiment manger un plat avec des produits d’ici. Il manque aussi beaucoup d’artisanat. Je voudrais que la Corse ne soit plus une île de fonctionnaires, mais une île de producteurs. Trop de fonctionnaires grève le budget et empêche l’investissement. Il faut changer de méthode, de stratégie. A nos enfants et petits-enfants, aux générations qui vont venir, laissons-leur une terre productive, pas une terre d’hostilité, de désertification. Toutes ces raisons m’ont poussé à me présenter.

- Vous êtes un ancien syndicaliste. Est-ce ce combat que vous poursuivez aujourd’hui en politique ?
- Oui ! J’ai toujours défendu l’agriculture. Quand je vois ce qu’on faisait à l’époque, comment on pouvait rassembler du monde, maintenant les syndicats ne font plus que des discours. On met toujours en exergue les fraudes. Il faut arrêter avec tout cela ! La Corse n’est pas un pays de fraudeurs ! C’est un pays où les gens veulent travailler, créer, il faut leur donner la chance de pouvoir vivre tranquille sur leur terre. C’est primordial ! Le reste, c’est du baratin ! On n’a plus le temps de faire du baratin aujourd’hui, c’est trop tard ! Je pense qu’on a besoin de plus de solidarité entre nous les Corses, mais aussi avec la France. La Corse est une île qui fait partie de la République française. Elle n’a peut-être pas eu jusqu’à présent tous les droits auxquels elle pouvait prétendre, surtout du point de vue du développement économique, mais il faut éviter tous ces conflits qui sont nés, il y a quelques mois et quelques années. La haine, qui est en train de se développer, si on n’agit pas tous ensemble, va nous achever.

- Vous vous présentez avec l’investiture RN. Pourquoi ce choix ?
- Le RN est le seul mouvement qui s’oppose vraiment aux diktats de Macron concernant sa politique économique, sociale et financière. C’est le seul mouvement qui lui tient tête. La politique de Macron, c’est l’économie des banques ! Elle finira par anéantir la France entière. Tout le monde le ressent. Si on continue dans cette optique, on va devenir locataire chez nous ! Les équipes, qui sont au pouvoir dans toute l’Europe, pas seulement en France, vont devenir les propriétaires de nos biens et vont nous les louer. Nos parents nous ont laissé des biens, des maisons dans les villages, des terres… On doit pouvoir les transmettre à nos enfants. La transmission des métiers de la terre, de l’artisanat et du tourisme faisait la richesse de nos régions et de nos montagnes, dans les Alpes comme en Corse. Tous les petits restaurants de village sans en train de disparaître. Il faut stopper cette hémorragie de toute notre richesse culturelle et économique. Et puis, je pense que le RN a beaucoup évolué. Peut-être qu’il y a 20 ou 30 ans, je n’aurais pas adhéré. On qualifie le RN de raciste ou de xénophobe, c'est faux ! Le Rassemblement national est le mouvement qui gêne le plus le Macronisme parce qu’il veut barrer la route à ses dérives.

- Comment expliquez-vous le score de Marine Le Pen en Corse ?
- Les Corses en ont marre d’être envahis par des communautés qui ne veulent pas accepter le même destin que nous. Elles ne sont pas là pour vivre tranquillement, mais pour imposer leurs idées, leur culture, leur religion. On a beau dire que le vote RN est un vote de protestation, mais on peut protester en votant pour d’autres partis. Le vote de protestation, qui s’est rassemblé sur le mouvement de Marine Le Pen, est significatif et se produira de plus en plus. C’est un mouvement qu’il faut structurer, il est utile à la France. Quand je vois qu’un mouvement islamiste présente plus de 100 candidats aux élections législatives, je dis : stop ! Que les catholiques essayent de présenter des candidats aux élections en Algérie ou dans n’importe quel autre pays musulman, on ne les laissera pas faire. Je pense que Marine Le Pen aime son pays, qu’elle est sincère, Macron aime l’argent et Mélenchon va nous conduire à la charia. Si le mouvement LFI prend de l’importance, dans cinq ans, c’est la charia en France. Et ça, je dis non ! Et que ce Président de la République soit élu par une minorité et qu’il nous mette à genoux, nous ne l’accepterons jamais !

- Est-ce, pour vous, l'enjeu premier de ce scrutin ?
- Oui ! Le premier enjeu, c’est de défendre ce que nous sommes ! Défendre l’individu qui est renié dans son existence même. Nous ne voulons pas mourir, nous avons le droit de vivre ! Macron a une politique pernicieuse. Il fait croire qu’il va changer les choses, qu’il va vers les gens, mais en fait, non ! C’est un président qui n’aime pas son peuple, qui n’a pas d’âme. Il ne ressent pas qu’il y a un peuple avec un cœur qui bat. Tout le monde dit que c’est le président des banquiers. Je crois plutôt qu’il est au service des banques, c’est différent. Il est nourri et ne vit que par ce système, son proche entourage avec lui. Il met la France à genoux pour servir les banques européennes et délocaliser. Lutter contre la délocalisation c’est aussi une raison importante de mon engagement. Pourquoi produire ailleurs ce qu’on peut produire chez nous. C’est grave même en matière de pollution ! On transporte les produits par avion, par bateau, et ça pollue. Il faut des circuits courts. Il faut se battre, sinon on n’y arrivera pas. Je voulais aussi dénoncer le manque de moyens.
 
- C’est-à-dire ?
- Il y a deux ans, lorsque la crise du Covid est arrivée, on ne donnait pas assez de moyens aux infirmières, aux médecins, aux gens qui venaient au secours des populations, aux pompiers. Mais quand la guerre d’Ukraine a éclaté, la France a mobilisé des milliards pour cette guerre. Je ne suis pas contre, mais les dirigeants européens n’ont pas le souci du peuple ukrainien, ils ont le souci des richesses de l’Ukraine. C’est révoltant ! La Corse se remet de deux années de Covid, et voilà qu’arrivent la pénurie en Ukraine, l’augmentation des prix, cela ne fait qu’augmenter le problème de l’insularité qui n’a jamais été résolu parce que justement, on fait tout venir de l’extérieur. L’insularité, on la ressent parce qu’on est dépendant, dépouillé. Si on produisait sur place la majeure partie des choses que l’on consomme et que l’on revend, on la ressentirait moins. C’est toujours le problème de la délocalisation. Les financiers s’accordent pour exploiter des gens dans des pays où il n’y a pas de système social. La mondialisation, c’est la fin de l’humanité ! Il faut réformer le système et donner des salaires et des retraites plus décentes.

- Quelles sont les mesures locales que vous défendrez si vous étiez élu ?
- J’essaierai, avec d’autres collègues, de faire un projet de loi pour obtenir le gel de la dette des entreprises en Corse, pas des très grosses entreprises qui viennent d’ailleurs, mais des exploitations agricoles, des petits restaurateurs, des artisans, des entreprises de tourisme de montagne, des pêcheurs, des petits commerçants locaux. Il faut aussi étudier un dossier économique de relance parce que c’est toute l’économie qui est vraiment par terre en Corse. Ce que je reproche un peu aux élus, c’est de ne pas dire la vérité. S’il n’y a pas ce gel de la dette pour repartir d’une façon beaucoup plus rigoureuse, on peut arriver à des problèmes sociaux très graves. Il n'y a plus de création d'emplois. Les chiffres du chômage, de l’agriculture … sont tous mensongers. Entre les deux guerres, il y avait 800 000 brebis en Corse, il n’y en a même pas 20 000 aujourd’hui. Vous vous rendez compte où nous en sommes arrivés ! Le peu qui reste de producteurs, que ce soit dans l’élevage ou dans l’agriculture, sont endettés jusqu’au cou, mais les gens ne le disent pas. Il faut aussi parler des retraites des agriculteurs. J’ai 50 ans de métier, si je prenais ma retraite, je toucherais 583 € par mois. Les ouvriers qui ont travaillé toute leur vie sont dans la misère. Les gens attendent que les produits soient périmés pour les acheter à moitié prix. On en est là en Corse ! Jamais je n’ai vu en Corse une telle misère, jamais ! Ça me révolte ! Et c’est pour ça que je me présente.
 
- Que pensez-vous des discussions qui vont s’ouvrir avec le gouvernement sur l’autonomie ?
- La Corse, ça fait 250 ans qu’elle est française, il ne faut plus mentir aux Corses en leur faisant croire qu’ils vont avoir l’indépendance. Dans le monde où l’on vit aujourd’hui, on ne peut pas avoir d’indépendance politique. La France elle-même n’est pas indépendante. C’est pour cela qu’il faut revenir vers le citoyen, vers le peuple, l’humain. Tous ces jeunes, il ne faut plus les envoyer au casse-pipe, ça ne sert à rien, ça ne fera que retarder le problème de l’évolution économique et sociale. Ça n’a plus rien à voir avec ce que pouvaient faire les nationalistes lors de la création du FLNC. C'était autre chose. Aujourd’hui, il faut défendre les peuples. Les Français sont un peuple comme nous. Il ne faut pas haïr la France. Il ne faut pas dire : « la France dehors ! », il faut changer le gouvernement de la France parce qu’elle est mal gouvernée. Je pense très sincèrement que la France entière est au bord de l’explosion sociale, non seulement parce qu’il y a de la misère et un manque de liberté, qu’il y a une colère sourde et une haine sans nom, mais aussi parce que des groupes inconnus, qui viennent d’autres pays, veulent faire la loi. Macron, je le regrette, ne fait rien pour les arrêter ! C’est très grave ! Il y a des endroits de Provence qui étaient magnifiques et où les gens ont peur d’aller à la plage, peur de se faire frapper ou de se faire voler la voiture. L’insécurité vient s’ajouter à la misère, c’est une insécurité terrible. Il y a aussi beaucoup de corruption dans toute la France. On peut plus se voiler la face devant une telle corruption qui est inégalée et pernicieuse parce qu’elle s’appuie sur le détournement des lois. C’est aussi l’un des détonateurs qui me pousse à m’exprimer !
 
- Comment se déroule votre campagne ?
- Je tourne dans les villages, je rencontre les gens, je fais du porte-à-porte. Je suis un candidat modeste. Ma seule prétention, c’est la force de combattre et le courage. Avec mon suppléant, Tony Cardi, qui était candidat en 2017 et qui est originaire de Calenzana, nous essayons de couvrir le maximum de terrain, d’être honnêtes, sincères, de faire triompher cette quête de justice parce qu’il y a beaucoup trop de chômeurs, trop de misère, trop d’injustice en Corse.

- Pensez-vous que la vague RN peut se concrétiser sur une législative ?
- Oui ! Je pense que les raisons et les sentiments, qui ont motivé les Corses et les Français en général à voter Marine Le Pen, vont se retrouver aux législatives. Peut-être pas à 100 %. Mais une grande partie des gens qui ont voté pour Marine Le Pen aux présidentielles voteront pour les candidats RN aux législatives. Ce qui me rend très confiant. Quelque soit le résultat de l’élection, nous sommes appelés à être plus présents sur le terrain pour faire entendre la voix du peuple. Ce qui nous freine un peu ce sont les réseaux sociaux. Les gens, du moment qu’ils ont mis « J’aime » sur Facebook, croient avoir fait leur devoir, mais la situation est telle que le devoir, il faut aller le faire dans la rue. Avant il y avait les drapeaux rouges, verts… maintenant le monde est arrivé à une telle situation de pénurie et de misère que le seul drapeau est l’entente entre les humains pour sauver l’humanité qui est en grand danger.

Propos recueillis par Nicole MARI.