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Inquiétude autour de la pyrale du buis, cet insecte ravageur apparu en Corse il y a dix ans


le Mardi 26 Décembre 2023 à 19:24

Vos haies de buis font grise mine ? La faute en incombe peut-être à un insecte originaire d'Asie, arrivé en Corse il y a une dizaine d'années : la pyrale du buis. Tout récemment, cette espèce de papillon envahissante a nourri l'inquiétude des élus de l'Assemblée de Corse.



Les pyrales du buis sortent de leurs cocons au printemps puis deviennent papillons au mois de juin.
Les pyrales du buis sortent de leurs cocons au printemps puis deviennent papillons au mois de juin.
Faut-il lutter contre la pyrale du buis ? La question a été posée dans l'hémicycle ajaccien par Jean Biancucci (Fà Populu Inseme). Selon le conseiller territorial, "là où la pyrale sévit, il ne reste plus  que des arbustes squelettes en voie de pourrissement. On atteint très vite un point de non-retour et la régénération ne s'opère plus. Il s'agit plus précisément de la ponte par des papillons de milliers d'œufs qui génèrent ensuite plusieurs cycles annuels de chenilles qui s'attaquent aux feuilles de buis", que ce soit dans le maquis ou dans les jardins des particuliers.

Ce sont les chenilles, de couleur verte, qui grignotent les buis, provoquant leur défloration. Cela se passe au printemps, avant la métamorphose de la pyrale qui devient papillon dans la courant du mois de juin. Son potentiel de nuisance sur le buis n'est pas aussi spectaculaire que celui du bombyx disparate sur les chênaies de l'île, qu'on a connu ravagées par cycles sur des années bien précises, ou bien sur celui du charançon rouge sur les palmiers. Mais la pyrale du buis fait tout de même l'objet d'une surveillance, commencée en 2017, soit quatre à cinq ans après l'arrivée de l'insecte dans l'île. L'Office de l'environnement s'est basé sur le programme européen ALIEM (actions pour limiter les risques de diffusion des espèces introduites et envahissantes). C'est notamment dans ce cadre qu'une étude a été confiée à la FREDON Corse, la Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles.

Des pièges positionnés sur trois sites

Répondant à Jean Biancucci à  l'Assemblée de Corse, Guy Armanet a précisé que "cet organisme à vocation sanitaire gère un réseau de pièges et publie ses résultats sur un bulletin". Sollicitée par nos soins, Géraldine Hoen, responsable du pôle prestation à la FREDON, complète les propos tenus par le président de l'Office environnemental de la Corse : "Il s'agit d'un programme de surveillance, j'insiste là-dessus. La lutte n'est pas organisée sur la pyrale du buis actuellement car elle n'occasionne pas d'impact économique fort, si ce n'est sur l'ornemental.

Les pièges ont été positionnés en centre Corse, dans la région ajaccienne et en plaine orientale. Et après un net recul du ravageur observé en 2022, la pyrale du buis s'est révélée de nouveau assez présente sur ces trois sites, confirme la FREDON dans son bulletin d'octobre 2023. Pour autant, la présence de la pyrale du buis n'est pas hors de contrôle, rassure Géraldine Hoen : "Oui, on a une inquiétude car on retrouve des buis dévastés en milieu naturel, mais ça fait longtemps que ça s'observe. Et je ne pense pas que l'on puisse parler d'une prolifération inquiétante cette année, par rapport à d'autres années. On n'est pas sur une croissance exponentielle de la pyrale du buis."

Quelles solutions de lutte ?

Pour contenir le ravageur, tout le monde est en capacité d'agir à son échelle, en achetant des pièges à phéromones pour papillons qui vont contribuer à limiter les populations de pyrale du buis, empêchant les papillons de pondre. La FREDON préconise aussi de pulvériser sur le buis la bactérie bacillus thuringiensis, à un bémol près puisque cette bactérie "touche aussi d'autres insectes", prévient Géraldine Hoen. Dernière solution pour réguler la pyrale du buis : favoriser sa prédation par les mésanges, en installant dans son jardin un abri à mésange.

Et à l'échelon institutionnel, "un renforcement des actions est souhaité, confirme Guy Armanet. Un troisième projet ALIEM devrait démarrer au premier trimestre. Le réseau de pièges sera étendu pour contribuer au mieux à la surveillance de notre territoire. Et en appui technique, les services de l'Office de l'environnement pourront être mobilisés." Mais au-delà des actions de surveillance ou de lutte, Guy Armanet n'écarte pas la perspective de développer "une filière de production locale" de buis, lequel se répartit sur l'ensemble de la Corse.