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INTERVIEW. Henry Padovani pose sa guitare à Bastia, "comme à la maison"


Laurent Hérin le Lundi 11 Mars 2024 à 11:35

Henry Padovani en a fait du chemin depuis Londres et la création du groupe Police. A quelques jours du début de sa tournée de quatre jours en terre bastiaise, il se raconte dans le film "Rock'n'roll of Corse" et sur scène, guitare à la main. Rencontre



Henry Padovani chez lui, dans le cap Corse © Anto Borie
Henry Padovani chez lui, dans le cap Corse © Anto Borie
« J'prends ma guitare à la main. Et j'ai peur de rien » chantait Jean-Jacques Goldman en 1987 dans Peur de rien blues. Dix ans plus tôt, de l'autre côté de la Manche, un tout jeune groupe composé de Sting, Stewart Copeland et Henry Padovani sort un double single : Fall out/Nothing achieving. La suite de l'histoire si vous ne la connaissez pas encore, il faut vous ruer, mercredi 13 mars, à 19 heures, au cinéma Le Régent pour découvrir Rock'n'roll... Of Corse! de Lionel Guedj, Stéphane Bébert. Ce film documentaire, présenté en 2010 au Festival de Cannes, revient, entre autre, sur les années londoniennes du "guitariste Corse". Après ce tour de chauffe cinématographique, Henry Padovani sera en chair et en os au Spartimusica puis au Club de l'Opéra les 14, 15 et 16 mars. Il a bien voulu répondre aux questions de CNI.

Henry Padovani, en tournée à Bastia, un peu comme à la maison © Maho
Henry Padovani, en tournée à Bastia, un peu comme à la maison © Maho
- Vous partez en tournée… à Bastia ?
- Oui, c’est pratique, ce n’est pas loin de Luri. Un jour, un peu comme ça, on en parle avec un ami en se disant : tiens, ça serait sympa de jouer à Bastia. Et voilà, il a tout organisé ! 

- Une tournée intitulée « Comme à la maison ». Parce qu’on entre dans votre intimité ?
- Surtout parce qu’avec ce genre de petites salles – Spartimusica comme le Club de l’Opéra – je joue à deux centimètres du public (rires). Impossible de tricher. C’est compliqué, mais c’est bien, plus intime, plus vrai. C’est le genre d’endroit dans lequel on peut dire : allez, on la recommence. Les spectateurs voient tes mains qui bougent, il y a un vrai partage. Et j’aime beaucoup ce club de l’Opéra, chez Milou. Tout comme le Spartimusica. Ça me rappelle des clubs de jazz et les petites salles que je faisais, à mes débuts, en Angleterre. C’est un public différent. Je n’ai pas joué depuis un moment, pour une reprise, c’est moins coincé (rires).

- Avant ces concerts, il y a le film ?
- Oui, pour ceux qui ne l’auraient pas vu ou qui voudraient le revoir, Rock’n roll of Corse passe ce mercredi, à 19 heures, au cinéma le Régent de Bastia. Ne le manquez pas !

- Présenté en 2010 à Cannes, il est sorti en 2016. Il a plus brillé en festival qu’en salle ?
- C'est sûr que ce n’est pas Dune ou Anatomie d’une chute (rires). Mais vous savez, pour un documentaire, il n’a pas si mal marché. Je n’ai aucun regret, le film correspond à une période. Surtout qu'on a fait le tour du monde avec. Du Japon à Singapour en passant par l’Australie, les USA ou encore l’Argentine. Il a été montré partout. C’est sûr qu’il a mis un peu de temps à sortir, notamment pour des questions de droit (le film est sorti en salle en 2016, NDLR). Avant ça, on l’a présenté au festival de Cannes suivi d’un concert sur la plage avec The Flying Padovani. Quel souvenir ! C’est Thierry Fremaux qui nous a invités, ça ne s’oublie pas. 

- Le film raconte les débuts du groupe Police. Vous êtes toujours en contact ? Vous serez par exemple à Ajaccio ? 
- Si Sting me le demande, alors j’y serais ! Sinon, sincère, ça me gonfle de descendre de Luri à Ajaccio. Je vais lui dire : ok, trouve-moi une chambre et j’amène ma guitare. Mais, vraiment, je vous le redis, ce n’est pas moi qui décide. Et je le comprends. Personne ne montera sur la scène du Spartimusica, jeudi, si je ne l'invite pas. Ça se prépare un concert, ce n’est pas un apéritif entre copains ! Il faut respecter la musique qu’on offre aux gens.

- Vous avez rejoint RCFM il y a un an pour une chronique musicale ?
- Oui et il semblerait que les gens soient contents. J’ai de bons retours des auditeurs. Je parle de mon ressenti sur les morceaux. Je parle aussi un peu de l’histoire du titre, quand je la connais, mais, surtout, je philosophe ! Et j’aime bien cette idée de remettre une chanson dans son contexte. 

- Récemment, vous avez déclaré : « Ce qui est important, ce n’est pas : “Comment” on joue une chanson, mais “Pourquoi” ? »
- Absolument. C’est ma version, chacun la sienne. J’essaye de ne pas jouer n’importe quel titre. Si je joue une chanson, il faut qu’elle ait un sens, pour moi et dans mon répertoire. J’aime bien la remettre dans un contexte. Surtout, elle doit être dans ma tête, je dois la connaître par cœur, sinon, je ne la joue pas !

- Un mot sur le rock en Corse ? Des groupes que vous suivez ?
- J’ai souvent l’impression que la Corse développe la musique corse. Elle n’a pas beaucoup changé depuis quelques années. On retrouve des sons ou des mélodies identiques même si la production s’est améliorée. Elle vit sa vie et c’est bien, mais j’aimerais parfois qu’elle en sorte, qu’on fasse un effort et qu’on se tourne vers l’extérieur. On retombe souvent dans le traditionnel. Il y a quelques exceptions comme ma copine Patrizia Gattaceca. Si elle décide de chanter en anglais, elle peut devient une rock star californienne ! (rires) Je l’adore, c’est mon héroïne. Et puis il y a Pierre Gambini. Voilà une musique que l'on peut écouter partout dans le monde. Et quand il jouait avec son groupe, quel bonheur. I Cantelli, c’était Radiohead en Corse !