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Guillaume Lacroix (Europe Territoires Écologie) : la Corse à Bruxelles "avec l'expérience de Philippe Meynier"


Morgane Duchene le Samedi 18 Mai 2024 à 19:02

Le président du Parti radical de gauche mène la liste Europe Territoires Écologie aux élections européennes. Dans le cadre de sa campagne électorale, il est passé par la Corse, ce jeudi, notamment à Bastia où il a rencontré le président de l'exécutif Gilles Simeoni, et le maire Pierre Savelli.



Guillaume Lacroix (au centre), président du Parti radical de gauche et tête de liste Europe Territoires Ecologie aux élections européennes avec François Alfonsi : après Bastia, il s'est rendu à Patrimonio
Guillaume Lacroix (au centre), président du Parti radical de gauche et tête de liste Europe Territoires Ecologie aux élections européennes avec François Alfonsi : après Bastia, il s'est rendu à Patrimonio
- Vous portez la liste du Parti radical de gauche aux élections européennes. Pourquoi avez-vous choisi de représenter votre parti seul, plutôt que de vous allier avec d'autres formations de gauche ?
- Nous avons choisi de ne pas nous joindre à des grandes listes nationales pour une raison précise : depuis deux ans, nous avons adopté une position ferme et claire en refusant tout accord avec La France Insoumise (LFI). Nous n'étions pas dans la NUPES (Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale) et nous avons refusé d'y entrer. Nous étions ouverts à un rassemblement plus large pour cette élection européenne, mais seulement à condition qu'il soit garanti qu'il n'y aurait plus d'accords futurs avec LFI. N'ayant pas obtenu ces garanties, nous avons décidé de poursuivre seuls, en nous basant sur nos valeurs et nos principes.

- Quelles sont les principales forces politiques et idéologiques que vous rassemblez au sein de votre liste Europe Territoires Ecologie ?
- Notre liste rassemble des femmes et des hommes principalement issus du centre gauche, pro-européens et profondément ancrés dans les territoires. Nous collaborons de longue date avec Régions et Peuples Solidaires, un partenariat né de notre présence commune dans les groupes parlementaires à l'Assemblée nationale depuis deux mandatures et au Parlement européen du temps où le Parti radical de gauche y avait un groupe.
Nous avons également un partenariat avec Volt, une organisation atypique et unique en son genre. Volt est la seule formation politique à avoir un parti identique dans chaque pays européen et dispose déjà de députés au Parlement européen dans plusieurs pays.
D'autres formations politiques que nous regroupons proviennent de la tradition sociale-démocrate française et républicaine, que je représente aussi. Notre ambition est de parler d'Europe de manière concrète, en abordant les réponses aux enjeux du quotidien plutôt que de s'en tenir aux grands principes théoriques.


- À qui s'adresse votre projet politique pour l'Union européenne  ?
Notre projet s'adresse à tous les Français, dans toute leur diversité. Nous nous appuyons sur le principe de partir du réel. Aujourd'hui, nous avons deux propositions majeures que nous présentons régulièrement.
Premièrement, nous défendons l'idée d'une "Europe sanitaire". Tout comme nous avons su fabriquer des avions et des fusées ensemble dans le cadre d'Airbus, nous devons pouvoir produire des médicaments essentiels comme le paracétamol et l’amoxicilline en Europe. Il s'agit de reproduire le succès de l'industrie aéronautique dans le domaine pharmaceutique.
Deuxièmement, nous proposons un volet logement dans le Pacte Vert européen. Nous souhaitons créer un statut de résident pour faciliter l'accès au logement dans les métropoles, les zones tendues et les territoires touristiques. Il est crucial que les personnes puissent se loger près de leur lieu de travail, et que l'achat de la résidence principale soit prioritaire.
Notre discours s'adresse à cette France qui doute, qui hésite entre l'abstention et le vote pour l'extrême droite. Nous expliquons que l'extrême droite, c'est le repli sur soi sans solutions, aggravant encore les problèmes actuels. En Corse, par exemple, il est paradoxal de voir un soutien élevé pour un parti nationaliste d'État tout en revendiquant l'autonomie. Le Rassemblement National incarne cette contradiction.

- Quelles sont les grandes lignes de votre programme pour l’Union européenne, notamment en ce qui concerne les questions environnementales et sociales ?
- Aujourd’hui, nous pensons qu’il est crucial d’améliorer le mix énergétique. Nous ne devons pas abandonner le nucléaire, car c’est une source d’énergie décarbonée. Malgré son coût, il reste plus viable que beaucoup d’autres énergies. Nous proposons donc de continuer à investir dans le nucléaire, tout en rattrapant notre retard dans les énergies renouvelables. Pour chaque euro investi dans le nucléaire, nous proposons de mettre trois euros dans les énergies renouvelables. En outre, nous visons à interdire les polluants éternels d’ici 2027. Nous comprenons que cette transition affectera l’emploi, c’est pourquoi nous nous donnons trois ans pour permettre à la recherche de trouver des alternatives écologiques et acceptables pour l’environnement et la santé humaine. Nous prévoyons d’investir dans la recherche pour faciliter cette interdiction.
Sur le plan social, nous évitons la démagogie d’un salaire minimum européen unique, car les niveaux de vie varient trop entre les pays de l’UE. À la place, nous proposons d’instaurer un revenu de base minimum commun à tous les États membres, ce qui permettrait de poser les bases d’une Europe sociale plus équitable.
Concernant le logement et le statut de résident, nous reconnaissons que ce sont des questions cruciales pour le pouvoir d’achat. Par conséquent, notre programme social inclut des mesures pour améliorer l’accès au logement et assurer un statut de résident stable et équitable.

- ​ Comment pouvez-vous proposer des mesures concrètes pour renforcer l'intégration européenne tout en respectant les spécificités des régions telles que la Corse ? 
- Pour renforcer l'intégration européenne tout en tenant compte des spécificités régionales comme la Corse, il est crucial d'accroître le niveau de démocratie au sein de l'UE. Actuellement, le Parlement européen est souvent limité à approuver les propositions de la Commission européenne. Pour remédier à cela, nous proposons de donner au Parlement européen davantage de pouvoir législatif autonome, lui permettant de proposer des lois de sa propre initiative.

Comment défendre efficacement les particularités d'une région comme la Corse au sein de l'Union européenne ?
- En ce qui concerne la représentation des territoires au niveau européen, nous suggérons de transformer le Comité des Régions en un véritable Sénat Européen. Actuellement, le Comité des Régions offre une plateforme pour la représentation des territoires, mais il opère de manière parallèle aux institutions européennes. En intégrant le Comité des Régions en tant que Sénat Européen, nous garantirions que les voix des régions comme la Corse soient pleinement prises en compte dans le processus décisionnel de l'UE. Cela permettrait de défendre efficacement les spécificités de la Corse et d'autres régions similaires au sein de l'Union européenne

- Quelle est votre vision de la position de la Corse au sein du projet européen, et quelles mesures concrètes comptez-vous prendre pour défendre les intérêts de la Corse au Parlement européen ?
- La Corse joue un rôle essentiel dans le paysage européen, tant sur le plan culturel que géopolitique. Pourtant, certains accords internationaux et européens, tels que la charte sur les droits des minorités et des langues régionales, n'ont pas été ratifiés par la France, privant ainsi la Corse de ses droits légitimes. Nous nous engageons fermement à pousser la France à ratifier ces accords qui permettent de garantir le respect de l'autodétermination, des droits des minorités et des langues régionales en Corse. Ce combat, que nous menons aux côtés de François Alfonsi, est au cœur de notre projet de liste, car il est crucial de faire entendre la voix de la Corse et de défendre ses intérêts au sein des instances européennes.

- Quelles stratégies envisagez-vous pour promouvoir le développement économique et social de la Corse dans le contexte européen, notamment en ce qui concerne l'agriculture et la préservation de l'environnement insulaire ?
- En ce qui concerne l'agriculture, l'inclusion de Philippe Meynier sur notre liste en dit long sur notre engagement envers cette question. Nous proposons tout d'abord une harmonisation des normes de production à l'échelle européenne, afin de résoudre les problèmes de concurrence entre agriculteurs résultant de normes disparates. Il est crucial d'instaurer une plus grande cohérence dans ces normes pour favoriser une concurrence équitable. De plus, nous plaidons en faveur d'une aide agricole régionalisée à travers toute l'Europe, et non pas seulement en Corse. Cette approche, contrairement aux subventions à l'hectare, prend en compte les besoins spécifiques de chaque région, notamment le maintien de l'élevage et la diversification des cultures, ainsi que le soutien à l'emploi dans les exploitations.
En ce qui concerne l'environnement, notre priorité est de nous concentrer sur des initiatives telles que la transition énergétique et la cessation de l'utilisation de polluants persistants. Il est crucial de résoudre ensemble le défi pressant de la gestion de l'eau, une ressource vitale. Le PRG a depuis longtemps plaidé en faveur de la nationalisation de l'eau, afin de garantir son accès équitable et sa gestion publique. Cette idée, initiée par des figures comme Michel Crépeau, mérite d'être sérieusement explorée aujourd'hui.
 
- Votre liste intègre Philippe Meynier, un syndicaliste agricole corse. Pourquoi avoir choisi un candidat insulaire en position éligible sur votre liste et quel sera son rôle dans votre projet pour l'Europe ?
- Tout d'abord, l'élection fonctionne par blocs, ce qui signifie qu'en cas de succès électoral, un Corse sera élu. En atteignant 5 % des voix, Philippe Meynier obtiendra un siège, assurant ainsi une voix pour les préoccupations corses au Parlement européen. De plus, je suis convaincu que la Corse revêt une importance cruciale dans le contexte méditerranéen de l'Europe aujourd'hui, un sujet souvent négligé. Bien qu'il y ait eu des progrès dans la coopération euro-méditerranéenne, des questions fondamentales demeurent : quelle est notre vision de la Méditerranée et sa place dans notre politique ? Comment protégeons-nous ses écosystèmes fragiles ? La question migratoire, qui affecte toute la région méditerranéenne, y compris la Corse, est également cruciale. Ainsi, le rôle de la Corse dans ces enjeux est primordial et sa voix doit être entendue, ce que nous nous engageons à assurer.
Philippe Meynier a également contribué significativement à l'élaboration de notre programme, notamment sur les questions agricoles, mais également sur les enjeux régionaux. Sa contribution a été précieuse dans la conception de notre projet. En outre, notre rencontre fortuite lors du salon de l'agriculture, évoquée autour d'une clémentine, a favorisé des échanges fructueux sur les questions européennes et territoriales qui nous préoccupent, en plus des enjeux agricoles qui y sont étroitement liés. Je suis confiant quant à la représentation de la Corse au Parlement européen avec l'expérience et l'engagement de Philippe Meynier.