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Grève des médecins libéraux : en Corse, une mobilisation peu suivie mais soutenue par les professionnels


Thibaud KEREBEL le Mardi 3 Janvier 2023 à 12:22

L’appel à la grève national lancé par le collectif « Médecins pour demain » au lendemain de Noël n’est pas particulièrement suivi en Corse. Mais si le mode d’action ne convainc pas tout le monde, les revendications, elles, font l’unanimité.



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Depuis le 26 décembre, un mouvement de grève des médecins se propage sur le continent, à l’initiative du collectif « Médecins pour demain ». Ce lundi 2 janvier, l’initiative a même été reconduite d’une semaine, s’étalant jusqu’au 8 janvier.
Mais en Corse, cela ne prend pas. Si aucun chiffre de participation n’a été dévoilé, car les médecins libéraux ne sont pas tenus de se signaler (ni au conseil de l’ordre, ni à l’ARS), le ressenti sur le terrain n’est pas celui d’une mobilisation générale. Pour le docteur Dr Antoine Grisoni, président de l'union régionale des professionnels de santé (URPS)-médecins libéraux de Corse, c’est une conséquence du choix du mode opératoire, plus que du fond du problème.

« Les médecins ne font jamais grève, c’est compliqué à titre individuel et collectif. On n’a pas ça dans notre ADN, on ne peut pas cesser de travailler. Éthiquement, la plupart des médecins ne se sentent pas de le faire, et pourtant on les y pousse, parce qu’il n’y a pas d’autre moyen d’action. Et concernant les manifestations, je ne pense pas que ce soit une action pertinente non plus. J’ai souvenir d’une manifestation à Paris où on était 45 000, et ça n’avait pas changé grand-chose. » Mais dans le fond, le président de l’URPS-ML sait que même si « les médecins ne sont pas prêts à fermer les cabinets », l’action est indispensable, car « il n’y aura jamais de bon moment ». Alors, « peut-être que le fait de montrer les dents peut servir ».

Une gradation du prix des consultations, selon la réalité du travail

Ce sentiment de dernière chance n’est pas nouveau, loin de là. Le Dr Antoine Grisoni estime d’ailleurs, comme l’immense majorité des professionnels de santé, que « le système sanitaire est en train de s’effondrer ». « Les moyens manquent, les interventions sont décalées, il y a une pénurie de soins en ville… Il va falloir trouver une solution. » Et cela passe, selon lui, par l’aide des médecins généralistes. « Dans l’urgence, il faut augmenter le tarif des consultations, pour pouvoir embaucher du personnel de manière simple, sans passer par des tâches administratives interminables. » Et si le collectif « Médecins pour demain » souhaite faire évoluer le prix d’une consultation de 25 à 50 euros, Antoine Grisoni se montre plus nuancé. « Pour nous, il faudrait passer à 30 euros pour une consultation simple, et augmenter cette base en fonction de la complexité. Une gradation du prix, qui tiendrait compte de la charge de travail et de la réalité du travail. »

À ce sujet des, les négociations avec le gouvernement devraient justement reprendre, et le président de l’URPS-ML imagine que « beaucoup de médecins vont attendre de voir ce qui se dit », avant, peut-être, de faire évoluer leur position. C’est ce qui explique aussi la faible mobilisation en Corse. L'appel à la manifestation de ce jeudi 5 janvier ne devrait donc pas être très suivi sur l'île. « Peut-être que quelques médecins se réuniront, mais on n’a pas le sentiment qu’il y aura un suivi massif en Corse. Ce sera probablement plus important au niveau national. Mais encore une fois, même si le mode d'action n'est pas partagé par tous, l'objectif est commun. »
docteur Dr Antoine Grisoni, président de l'union régionale des professionnels de santé (URPS)-médecins libéraux de Corse
docteur Dr Antoine Grisoni, président de l'union régionale des professionnels de santé (URPS)-médecins libéraux de Corse