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Grève dans les écoles : forte mobilisation en Corse


Philippe Peraut le Jeudi 13 Janvier 2022 à 18:12

Exaspérés par la valse des protocoles sanitaires liés à l’épidémie de Covid-19, enseignants et personnels scolaires étaient en grève ce jeudi en Corse où à Ajaccio et Bastia une centaine d’enseignants, réunis autour de l’ensemble des syndicats, ont manifesté leur mécontentement face aux mesures gouvernementales qu’ils jugent inappropriées et inquiétantes.



A Ajaccio - photo Michel Luccioni
A Ajaccio - photo Michel Luccioni
Exaspérés par la valse des protocoles sanitaires liés au Covid-19, ils étaient plus d’une centaine les enseignants et autres personnels de l'Education nationale, du Grand Ajaccio, qui ont participé ce jeudi à une large grève nationale et manifesté pour demander des réponses au gouvernement, dont le chef, Jean Castex, va recevoir les syndicats ce jeudi soir. L'ensemble des syndicats de l'Education nationale, rassemblant enseignants mais aussi infirmières ou personnels de vie scolaire, parents d'élèves et, fait plus rare, inspecteurs ou chefs d'établissements, ont participé à cette journée de mobilisation, dénonçant "une pagaille indescriptible" en raison des protocoles sanitaires.

Après 22 mois de crise sanitaire, et des modifications incessantes des protocole les enseignants sont au bord de la crise ."S’il faut faire une grève illimitée, nous le ferons, peste Stéphanie Silvani, enseignante dans le privé, on est là pour manifester contre ce protocole ridicule, le gouvernement nous fait tourbillonner, les parents d’élèves et les enseignants n’en peuvent plus... "
 
« On n’en peut plus ! »

Un sentiment confirmé, quelques instants plus tard, par une autre enseignante du Grand Ajaccio. "Les classes se réduisent comme une peau de chagrin. On ouvre, on ferme. Les mesures prises par le ministre de l’Education Nationale changent du jour au lendemain...On n’en peut plus ! "

Une bonne demi-heure après leur arrivée, Ghjuvan-Petru Luciani, Secrétaire National du STC Educazione, prend la parole. "Cette une journée de protestation contre ces mesures qui ne veulent plus rien dire...Depuis deux ans, on s’est efforcé de répondre au mieux pour assurer le bon déroulement des cours de nos enfants du primaire et du secondaire et ce, dans leur strict intérêt. Là, « ci n’hè una techja » ! On nous sort un protocole le 3 janvier et il change deux jours plus tard. Cette situation ne peut plus durer. S’il faut des masques FFP2 et plus de moyens matériels dans les écoles, il faut nous les donner. On s’est réunis ici pour dénoncer ces conditions de travail inacceptables..."

En fin de matinée, une délégation a été reçue par le recteur de l’Académie de Corse "Il a botté en touche toutes nos revendications, ajoute Ghjuvan-Petru Luciani, nous avons demandé à ce que les retraités, qui sont considérés comme personnes à risque, ne soient pas engagées en remplacement des titulaires, il répond que c ‘est discriminatoire. Ensuite, il s’est borné à évoquer « une plus grande fluidité dans la communication. On n’a pas besoin de communication mais simplement de pouvoir travailler dans des conditions dignes...."

Ce vendredi, les écoles vont rouvrir mais la gronde, elle va se poursuivre et déboucher, sans doute sur d’autres actions...
 

A Bastia c'est aussi l'épuisement

Devant l’inspection académique de Bastia
Devant l’inspection académique de Bastia
A Bastia où l'ensemble des syndicats enseignants, ainsi que des chefs d'établissements, ont appelé à manifester, une centaine de personnes s'est rassemblée à 10 heures devant l'inspection d'académie. Pour tous, le constat est le même : après 22 mois de crise sanitaire et des modifications incessantes c'est l'épuisement, l'exaspération et le "ras-le-bol", après une rentrée de janvier qui "n'a pas été anticipée" et un "protocole inapplicable".
Pour enseignants et personnel des écoles les conditions de travail sont devenues très difficiles depuis Noël. Si les syndicats dénoncent "des conditions de travail dégradées et  un manque de moyens de protection, de purificateurs d’air, des masques et des remplaçants pour venir combler les absences liées à la pandémie." les professeurs, qui depuis la rentrée travaillent en demie jauge à cause du nombre important d'absents, regrettent aussi que l'école soit désormais une sorte de garderie. "
Le protocole actuel ne protège pas les élèves, les personnels et leurs familles mais de plus il désorganise complètement l'école. D
ans les conditions actuelles, les élèves ne peuvent pas apprendre correctement, leur nombre étant très fluctuant et l'enseignement hybride entre présentiel et distanciel impossible à mettre en œuvre".

Un protocole sanitaire découvert à la télé Parmi les enseignants certains disent se sentir perdus face aux protocoles qui changent et "qu'on découvert à la télé la veille de la rentrée" explique cette enseignante spécialisée de Bastia qui, comme ses collègues, plaide pour la fermeture des classes dans le 1er degré, dès qu'il y a un cas de Covid. 

Un taux de grévistes contrasté

Selon le rectorat, 51.82 % des enseignants 1er degré  et 37.87%E du second degré étaient en grève : les syndicats ont dénombré,quant à eux, 60% de grévistes à l’école, collèges et lycées.  Selon eux, cet écart est à imputer à une remontée exhaustive de la situation "ils ne tiennent pas en compte toutes les classes fermées à cause du Covid" explique Fabien Mineo représentant du Snuipp-FSU en Haute-Corse.