- Le 5 mai dernier, vous avez questionné le gouvernement sur sa stratégie de déconfinement, pouvez-vous nous en dire plus ?
- J’étais très en colère lorsque la fameuse carte du gouvernement est sortie. Ce n’était pas l’erreur en elle-même qui me scandalisait, mais ce que cela démontrait comme dysfonctionnement majeur. Le mercredi précédent, le premier ministre avait eu des paroles fortes devant la représentation nationale. Il avait dit vouloir adapter les mesures en fonction des territoires, en concertation avec les autorités locales, ce qui est louable politiquement mais aussi sanitairement. Et deux jours après, on prend connaissance d’une carte avec trois départements qui présentaient des erreurs manifestes. En réalité, il n’y a eu aucune concertation avec les préfets, ni avec les ARS.
Il y aura prochainement une grande concertation nationale sur la santé. J’exprimerai mes remarques sur les dysfonctionnements que nous avons relevés à l’occasion de cette crise. Je remets notamment en cause le fonctionnement de l’agence nationale de santé publique, Santé Publique France. Il s’agit également de faire remonter les expériences concluantes : dans notre région nous avons assisté à une coopération efficace entre privé et public, entre l’hôpital et la clinique. Il faut péréniser et amplifier cette collaboration.
- Plus largement, quel est votre regard sur la gestion de la crise par le gouvernement, sur le continent comme sur l’île ?
- Il est toujours facile de dire « nous aurions fait mieux ». Une crise de cette ampleur est inédite. Certes, il y a eu des erreurs, des incohérences. Mais est-ce que cela a changé le déroulement de l’épidémie ? Je n’en suis pas certain. En France nous avons pu mieux nous en sortir qu’ailleurs grâce à notre qualité de soin. Bien sûr, on peut toujours faire mieux. Mais maintenant il faut tirer les leçons des errements du passé, par exemple sur la pénurie de masques ou sur les informations contradictoires sur le port de ces masques. Il faut désormais se préparer de manière opérationnelle à de nouvelles épidémies pour éviter les couacs. Je retiens néanmoins que le Premier Ministre a fait preuve de sang-froid et d’un vrai sens de l’Etat durant cette période.
Concernant la Corse, l’insularité a été une chance. Nous avons un personnel et des structures qui ont fonctionné de manière exemplaire. L’évacuation des 12 patients par le porte-avion Tonnerre a été décisif. Enfin, je trouve qu’il y a eu une bonne concertation avec les autorités, notamment le préfet.
- Vous vous êtes prononcé contre l’application Stop COVID. Pourquoi ?
- C’est une entrave insupportable aux libertés individuelles. Je suis pour la responsabilisation des individus, pas pour un traçage numérique. Je ne sais pas si l’on se rend bien compte de ce qu’il s’est passé en Chine ou en Corée, mais le traçage a été très loin, trop loin. Il y a eu des dénonciations, des personnes murées chez elles. Si c’est ce modèle-là que l’on nous propose, cela ne me convient pas. Suffisamment de gens sont morts pour garantir nos libertés… C’est une régression énorme. On sait pertinemment que toutes les données numériques sont forcément « aspirées » à un moment donné. Nier cela, c’est nier la réalité.
Par ailleurs, environ un million de personnes seulement ont téléchargé l’application, c’est trop peu, cela n’a aucun intérêt. D’autant que le virus ne circule plus.
Enfin, c’est une encoche dans le secret médical, qui peut entacher la relation de confiance entre le médecin et son patient.
- J’étais très en colère lorsque la fameuse carte du gouvernement est sortie. Ce n’était pas l’erreur en elle-même qui me scandalisait, mais ce que cela démontrait comme dysfonctionnement majeur. Le mercredi précédent, le premier ministre avait eu des paroles fortes devant la représentation nationale. Il avait dit vouloir adapter les mesures en fonction des territoires, en concertation avec les autorités locales, ce qui est louable politiquement mais aussi sanitairement. Et deux jours après, on prend connaissance d’une carte avec trois départements qui présentaient des erreurs manifestes. En réalité, il n’y a eu aucune concertation avec les préfets, ni avec les ARS.
Il y aura prochainement une grande concertation nationale sur la santé. J’exprimerai mes remarques sur les dysfonctionnements que nous avons relevés à l’occasion de cette crise. Je remets notamment en cause le fonctionnement de l’agence nationale de santé publique, Santé Publique France. Il s’agit également de faire remonter les expériences concluantes : dans notre région nous avons assisté à une coopération efficace entre privé et public, entre l’hôpital et la clinique. Il faut péréniser et amplifier cette collaboration.
- Plus largement, quel est votre regard sur la gestion de la crise par le gouvernement, sur le continent comme sur l’île ?
- Il est toujours facile de dire « nous aurions fait mieux ». Une crise de cette ampleur est inédite. Certes, il y a eu des erreurs, des incohérences. Mais est-ce que cela a changé le déroulement de l’épidémie ? Je n’en suis pas certain. En France nous avons pu mieux nous en sortir qu’ailleurs grâce à notre qualité de soin. Bien sûr, on peut toujours faire mieux. Mais maintenant il faut tirer les leçons des errements du passé, par exemple sur la pénurie de masques ou sur les informations contradictoires sur le port de ces masques. Il faut désormais se préparer de manière opérationnelle à de nouvelles épidémies pour éviter les couacs. Je retiens néanmoins que le Premier Ministre a fait preuve de sang-froid et d’un vrai sens de l’Etat durant cette période.
Concernant la Corse, l’insularité a été une chance. Nous avons un personnel et des structures qui ont fonctionné de manière exemplaire. L’évacuation des 12 patients par le porte-avion Tonnerre a été décisif. Enfin, je trouve qu’il y a eu une bonne concertation avec les autorités, notamment le préfet.
- Vous vous êtes prononcé contre l’application Stop COVID. Pourquoi ?
- C’est une entrave insupportable aux libertés individuelles. Je suis pour la responsabilisation des individus, pas pour un traçage numérique. Je ne sais pas si l’on se rend bien compte de ce qu’il s’est passé en Chine ou en Corée, mais le traçage a été très loin, trop loin. Il y a eu des dénonciations, des personnes murées chez elles. Si c’est ce modèle-là que l’on nous propose, cela ne me convient pas. Suffisamment de gens sont morts pour garantir nos libertés… C’est une régression énorme. On sait pertinemment que toutes les données numériques sont forcément « aspirées » à un moment donné. Nier cela, c’est nier la réalité.
Par ailleurs, environ un million de personnes seulement ont téléchargé l’application, c’est trop peu, cela n’a aucun intérêt. D’autant que le virus ne circule plus.
Enfin, c’est une encoche dans le secret médical, qui peut entacher la relation de confiance entre le médecin et son patient.
- Le Greenpass proposé par Gilles Simeoni a fait beaucoup de bruit. Qu’en pensez-vous ?
- J’étais totalement contre. D’abord, pour moi il est inconcevable de présenter un résultat d’analyse à un non-médecin. Le seul pays qui a imposé cela, ce sont les Etats-Unis lors de l’épidémie du SIDA, où il fallait être séronégatif pour entrer sur le sol américain. En France, nous n’avons jamais fait de telles choses. Et puis, tout cela était nébuleux : qu’allait-on devoir présenter, et à qui ?
Nous parlions tout à l’heure de croisement des données. Lorsqu'un passager prend l’avion, il possède un identifiant international associé à son billet. Ce numéro aurait très bien pu être recoupé au pass, et ces informations récupérées, avec tout le risque que cela suppose.
Par ailleurs, Stop-COVID - car j’associe les deux dispositifs qui sont pour moi de même nature, est intervenu le jour anniversaire de la création du conseil national de la Résistance. On ne peut pas célébrer un tel évènement et d’un autre côté vouloir entraver les libertés sous des prétextes contestables.
Enfin, il y a le problème de fiabilité du test : quand le fait-on ? quand le refait-on ? Certes, des modèles mathématiques existent mais trop d’incertitudes persistent. On risquait de mettre en place un dispositif contraignant et qui n’est pas éthique.
- Au-delà de ces considérations éthiques, cette proposition a suscité des inquiétudes chez de nombreux professionnels du tourisme, pensez-vous que cela va jouer sur la saison ?
- A titre personnel je ne me serais pas soumis à un tel test, j’imagine que de nombreuses personnes peuvent penser comme moi, donc oui cela a pu constituer un frein au moment des réservations. Je pense que la tentation naturelle sera probablement à la proximité pour cette saison.
D’autant qu’il y a des inquiétudes quant à une possible seconde vague de l’épidémie. La Corse, compte tenu de la nécessité de prendre l’avion ou le bateau, peut de ce point de vue ne pas apparaitre comme une destination rassurante.
Ce qui est clair, c’est que ce qui a été perdu ne sera pas rattrapé. Mais je pense que l’on peut avoir une saison a minima. J’espère que nous aurons une belle arrière-saison, notamment avec la baisse de circulation de l’épidémie.
- Ajaccio rouvre une partie de ses écoles. Les collèges et lycées restent fermés, sur décision - contestée de la Collectivité de Corse. Quelle est votre position ?
- J’étais d’accord avec le maire pour ne pas ouvrir les écoles d’Ajaccio. Aujourd’hui je trouve bien que certaines écoles ouvrent, pour répondre à un impératif peut-être plus social qu’éducatif. Concernant les collèges et lycées, pour les mêmes raisons, j’estime que l’on pourrait aujourd’hui ouvrir quelques classes. Je trouve dommage de la part de la Collectivité de Corse de ne pas permettre cette réouverture, et ce de manière unilatérale. Les choses devraient se faire dans la concertation.
- J’étais totalement contre. D’abord, pour moi il est inconcevable de présenter un résultat d’analyse à un non-médecin. Le seul pays qui a imposé cela, ce sont les Etats-Unis lors de l’épidémie du SIDA, où il fallait être séronégatif pour entrer sur le sol américain. En France, nous n’avons jamais fait de telles choses. Et puis, tout cela était nébuleux : qu’allait-on devoir présenter, et à qui ?
Nous parlions tout à l’heure de croisement des données. Lorsqu'un passager prend l’avion, il possède un identifiant international associé à son billet. Ce numéro aurait très bien pu être recoupé au pass, et ces informations récupérées, avec tout le risque que cela suppose.
Par ailleurs, Stop-COVID - car j’associe les deux dispositifs qui sont pour moi de même nature, est intervenu le jour anniversaire de la création du conseil national de la Résistance. On ne peut pas célébrer un tel évènement et d’un autre côté vouloir entraver les libertés sous des prétextes contestables.
Enfin, il y a le problème de fiabilité du test : quand le fait-on ? quand le refait-on ? Certes, des modèles mathématiques existent mais trop d’incertitudes persistent. On risquait de mettre en place un dispositif contraignant et qui n’est pas éthique.
- Au-delà de ces considérations éthiques, cette proposition a suscité des inquiétudes chez de nombreux professionnels du tourisme, pensez-vous que cela va jouer sur la saison ?
- A titre personnel je ne me serais pas soumis à un tel test, j’imagine que de nombreuses personnes peuvent penser comme moi, donc oui cela a pu constituer un frein au moment des réservations. Je pense que la tentation naturelle sera probablement à la proximité pour cette saison.
D’autant qu’il y a des inquiétudes quant à une possible seconde vague de l’épidémie. La Corse, compte tenu de la nécessité de prendre l’avion ou le bateau, peut de ce point de vue ne pas apparaitre comme une destination rassurante.
Ce qui est clair, c’est que ce qui a été perdu ne sera pas rattrapé. Mais je pense que l’on peut avoir une saison a minima. J’espère que nous aurons une belle arrière-saison, notamment avec la baisse de circulation de l’épidémie.
- Ajaccio rouvre une partie de ses écoles. Les collèges et lycées restent fermés, sur décision - contestée de la Collectivité de Corse. Quelle est votre position ?
- J’étais d’accord avec le maire pour ne pas ouvrir les écoles d’Ajaccio. Aujourd’hui je trouve bien que certaines écoles ouvrent, pour répondre à un impératif peut-être plus social qu’éducatif. Concernant les collèges et lycées, pour les mêmes raisons, j’estime que l’on pourrait aujourd’hui ouvrir quelques classes. Je trouve dommage de la part de la Collectivité de Corse de ne pas permettre cette réouverture, et ce de manière unilatérale. Les choses devraient se faire dans la concertation.
- A l’Assemblée nationale, vous siégez à la commission de la défense nationale et des forces armées, quel est votre rôle ?
- Il y a deux aspects de mon mandat de député qui me réjouissent : le temps que je passe en circonscription, au contact des habitants et mes travaux au sein de la commission de la défense. J’y suis rapporteur pour le budget de l’armée de l’air et mercredi je vais être nommé co-rapporteur d’une mission d’information sur les hélicoptères. Nous avons pus de 5100 personnels engagés notamment en Afrique en Irak ou en Syrie, qui luttent contre des groupes terroristes très structurés. C’est un sujet brûlant, qui ne va faire que croître. Nous allons mener ce combat encore de nombreuses années, malheureusement. Ces groupes apparaissent sous des formes de plus en plus diffuses et sournoises. Face à eux, nos démocraties ont des armées qui respectent des accords, des règles d’engagement. C’est un combat asymétrique. La crise sanitaire a un peu mis le voile sur ces questions mais elles ne vont pas tarder à reprendre tout leur intérêt.
- Quels sont vos rapports avec les trois autres députés de Corse ?
- Des rapports cordiaux, mais aucun travail en commun. Ponctuellement, il nous est arrivé de soutenir des initiatives extrêmement consensuelles.
Mais nous n’avons pas les mêmes priorités : la modification de la constitution n’en est pas une à mon sens. J’aurais souhaité que nous puissions nous emparer de sujets tels que la gestion des déchets, en utilisant mon expérience de président de la CAPA. Là, c’était du concret. Mais cela n’a pas été possible.
- Que proposeriez-vous sur ce sujet des déchets ?
- Devons-nous opter pour des unités qui produisent de l’énergie ou des unités qui visent à rendre le tri plus performant ? Je n’ai pas de dogme en la matière. Ce qui me semble aberrant aujourd’hui c’est qu’en 2020, la Corse soit incapable de gérer ses 200 000 tonnes de déchets. Quand il y a une crise sanitaire, on s’adresse à des chercheurs et des médecins. Face à cette crise des déchets, nous devons nous adresser à des techniciens. Ce n’est pas Laurent Marcangeli, Jean-Jacques Ferrara ou Gilles Simeoni qui doit prendre la décision. Le politique doit faire appel à des spécialistes et trancher ensuite parmi les différentes options, c’est cela son rôle.
Aujourd’hui, tout le monde parle à tort et à travers sans être spécialiste. Un exemple, lorsque l’on parle d’un objectif à 65% de tri, mais à quel horizon le place t-on? Et si un jour nous y arrivons, que fait-on des 35% ? Nous continuons à les enfouir ? Voilà les questionnements que nous devons avoir.
- Nous entamons la deuxième partie de votre mandat, pensez-vous à vous représenter ?
- Aujourd’hui si je devais donner une réponse je dirais oui. Car j’ai beaucoup de choses à faire encore, à apprendre. Car être député cela s’apprend : le fonctionnement de l’Assemblée, du pouvoir législatif, les rapports avec les représentants de l’Etat… Et puis on apprend également à personnaliser sa façon d’exercer ses fonctions. J’ai beaucoup de choses à donner, à la fois à la population de ma circonscription mais aussi dans le cadre de mes travaux au sein de l’Assemblée.
- Allez-vous prendre part aux élections territoriales ?
- En tant que député de la Corse-du-Sud, je devrai prendre part à une démarche. Pour être clair, je suis favorable à une candidature de Laurent Marcangeli. C’est le seul à pouvoir incarner un vrai projet. Il a été réélu au premier tour maire d’Ajaccio, président de la CAPA. À Ajaccio, les électeurs ont validé tout ce qui a été initié depuis 2014. De la même façon, à la communauté d’agglomération, ils ont validé son projet et sa façon d’appréhender l’intercommunalité. Le bon fonctionnement de la CAPA témoigne de capacité à gérer un ensemble de communes et d’élus qui ne partagent pas les mêmes opinions. Et cela, c’est très intéressant. Cela n’a pas été possible partout, à la CAB par exemple.
- Parlons partis politiques. Vous êtes Secrétaire général adjoint des Républicains en charge de la Corse, en quoi consiste ce rôle ? De quelle manière s’organise aujourd’hui le mouvement au niveau local ?
- Dans la nouvelle organisation souhaitée par Christian Jacob, ont été désignés des secrétaires généraux adjoints chargés des territoires. J’ai été choisi pour la Corse. La ligne aujourd’hui incarnée par Christian Jacob, Aurélien Pradié, et tant d’autres, me convient tout à fait, plus que par le passé. Il y a un renouveau, de nouveaux visages. Aujourd’hui, après le succès du premier tour des municipales, les Républicains se portent plutôt bien.
À Ajaccio, Rose-Marie Ottavy-Sarrola, 4ème adjointe au maire, est secrétaire départementale du mouvement. De nombreux élus sont également membres du parti.
Mais le temps des partis tels qu’on les a connus n’est plus d’actualité, un parti ne fonctionne plus comme avant. L’important, c’est de se retrouver pour les enjeux nationaux. Est-il encore nécessaire de maintenir artificiellement des structures qui n’ont pas lieu d’être ? Nous n’avons pas forcément besoin d’avoir un local, cela ne fonctionne plus comme cela. Mais cela ne nous empêche pas de travailler, de réfléchir, et, en tant que Républicains, nous apporterons notre contribution au débat territorial. Ce qui est certain, c’est que nous devons nous ouvrir, pas nous refermer.
- Il y a deux aspects de mon mandat de député qui me réjouissent : le temps que je passe en circonscription, au contact des habitants et mes travaux au sein de la commission de la défense. J’y suis rapporteur pour le budget de l’armée de l’air et mercredi je vais être nommé co-rapporteur d’une mission d’information sur les hélicoptères. Nous avons pus de 5100 personnels engagés notamment en Afrique en Irak ou en Syrie, qui luttent contre des groupes terroristes très structurés. C’est un sujet brûlant, qui ne va faire que croître. Nous allons mener ce combat encore de nombreuses années, malheureusement. Ces groupes apparaissent sous des formes de plus en plus diffuses et sournoises. Face à eux, nos démocraties ont des armées qui respectent des accords, des règles d’engagement. C’est un combat asymétrique. La crise sanitaire a un peu mis le voile sur ces questions mais elles ne vont pas tarder à reprendre tout leur intérêt.
- Quels sont vos rapports avec les trois autres députés de Corse ?
- Des rapports cordiaux, mais aucun travail en commun. Ponctuellement, il nous est arrivé de soutenir des initiatives extrêmement consensuelles.
Mais nous n’avons pas les mêmes priorités : la modification de la constitution n’en est pas une à mon sens. J’aurais souhaité que nous puissions nous emparer de sujets tels que la gestion des déchets, en utilisant mon expérience de président de la CAPA. Là, c’était du concret. Mais cela n’a pas été possible.
- Que proposeriez-vous sur ce sujet des déchets ?
- Devons-nous opter pour des unités qui produisent de l’énergie ou des unités qui visent à rendre le tri plus performant ? Je n’ai pas de dogme en la matière. Ce qui me semble aberrant aujourd’hui c’est qu’en 2020, la Corse soit incapable de gérer ses 200 000 tonnes de déchets. Quand il y a une crise sanitaire, on s’adresse à des chercheurs et des médecins. Face à cette crise des déchets, nous devons nous adresser à des techniciens. Ce n’est pas Laurent Marcangeli, Jean-Jacques Ferrara ou Gilles Simeoni qui doit prendre la décision. Le politique doit faire appel à des spécialistes et trancher ensuite parmi les différentes options, c’est cela son rôle.
Aujourd’hui, tout le monde parle à tort et à travers sans être spécialiste. Un exemple, lorsque l’on parle d’un objectif à 65% de tri, mais à quel horizon le place t-on? Et si un jour nous y arrivons, que fait-on des 35% ? Nous continuons à les enfouir ? Voilà les questionnements que nous devons avoir.
- Nous entamons la deuxième partie de votre mandat, pensez-vous à vous représenter ?
- Aujourd’hui si je devais donner une réponse je dirais oui. Car j’ai beaucoup de choses à faire encore, à apprendre. Car être député cela s’apprend : le fonctionnement de l’Assemblée, du pouvoir législatif, les rapports avec les représentants de l’Etat… Et puis on apprend également à personnaliser sa façon d’exercer ses fonctions. J’ai beaucoup de choses à donner, à la fois à la population de ma circonscription mais aussi dans le cadre de mes travaux au sein de l’Assemblée.
- Allez-vous prendre part aux élections territoriales ?
- En tant que député de la Corse-du-Sud, je devrai prendre part à une démarche. Pour être clair, je suis favorable à une candidature de Laurent Marcangeli. C’est le seul à pouvoir incarner un vrai projet. Il a été réélu au premier tour maire d’Ajaccio, président de la CAPA. À Ajaccio, les électeurs ont validé tout ce qui a été initié depuis 2014. De la même façon, à la communauté d’agglomération, ils ont validé son projet et sa façon d’appréhender l’intercommunalité. Le bon fonctionnement de la CAPA témoigne de capacité à gérer un ensemble de communes et d’élus qui ne partagent pas les mêmes opinions. Et cela, c’est très intéressant. Cela n’a pas été possible partout, à la CAB par exemple.
- Parlons partis politiques. Vous êtes Secrétaire général adjoint des Républicains en charge de la Corse, en quoi consiste ce rôle ? De quelle manière s’organise aujourd’hui le mouvement au niveau local ?
- Dans la nouvelle organisation souhaitée par Christian Jacob, ont été désignés des secrétaires généraux adjoints chargés des territoires. J’ai été choisi pour la Corse. La ligne aujourd’hui incarnée par Christian Jacob, Aurélien Pradié, et tant d’autres, me convient tout à fait, plus que par le passé. Il y a un renouveau, de nouveaux visages. Aujourd’hui, après le succès du premier tour des municipales, les Républicains se portent plutôt bien.
À Ajaccio, Rose-Marie Ottavy-Sarrola, 4ème adjointe au maire, est secrétaire départementale du mouvement. De nombreux élus sont également membres du parti.
Mais le temps des partis tels qu’on les a connus n’est plus d’actualité, un parti ne fonctionne plus comme avant. L’important, c’est de se retrouver pour les enjeux nationaux. Est-il encore nécessaire de maintenir artificiellement des structures qui n’ont pas lieu d’être ? Nous n’avons pas forcément besoin d’avoir un local, cela ne fonctionne plus comme cela. Mais cela ne nous empêche pas de travailler, de réfléchir, et, en tant que Républicains, nous apporterons notre contribution au débat territorial. Ce qui est certain, c’est que nous devons nous ouvrir, pas nous refermer.