Présenté par l'entourage du Président de la République comme une véritable révolution citoyenne, le grand débat est enfin lancé. Faut-il être optimiste sur son issue ou au contraire – comme la majorité de la population si l'on en croit les enquêtes d'opinion – se montrer définitivement sceptique à son sujet ? Emmanuel Macron, dans sa lettre aux Français, a annoncé son objectif – ambitieux compte tenu du climat actuel : transformer les colère en solutions. Et on a jusqu'au 15 mars pour cela, apaiser le pays et l'engager sur des perspectives heureuses.
Il est évident que l'exercice proposé, s'il ne répond pas explicitement à la mobilisation des gilets jaunes, en est néanmoins la conséquence directe. Mais ce mouvement, mobilisé contre tout et parfois contre lui-même, lance un catalogue de revendications de bric et de broc, dans une accélération effrénée que la France des exclus réclame comme un rattrapage définitif. Ce rattrapage n'implique pas qu'un effort social – fiscalité, bas salaires, retraites...- mais aussi un aggiornamento démocratique qui touche au cœur les modalités de la représentation nationale : les gilets jaunes, dans leur déclinaison radicale du rejet, n'oublient pas les parlementaires, et les élus en général, qu'ils installent dans la même caste de privilégiés que les hauts fonctionnaires et l'appareil de l’État. Dans les manifestations, on condamne la notion de pouvoir sans partage qui aurait prévalu jusqu'à présent.
La prudence des élus locaux
C'est pourquoi l'idée est lancée et sera débattue : des citoyens non élus peuvent-ils participer à la décision publique ? Mais cette éventualité vertueuse a ses limites, qui se font jour, en Corse comme ailleurs, dès les premières séances du grand débat national. Les gilets jaunes, en effet, récusent les élus comme partie prenante aux propositions. Les contestataires veulent être les éléments actifs et prépondérants dans les décisions qui ressortiront lors des conclusions des échanges. Ils ne souhaitent pas de pilotes ou de courroies de transmission de quelque sorte que ce soit. Une telle attitude est-elle productive ? Rien n'est moins sûr. Les corps intermédiaires, les structures auxquelles le suffrage universel donne sa légitimité, ne peuvent pas être mis à l'écart du processus. Emmanuel Macron l'a bien compris, qui veut faire des élus locaux, des maires en particulier, l'ossature de la réflexion collective.
Pour cela, la démocratie représentative doit retrouver ses droits face à ceux que s'arroge la rue. Mais ceux qui un jour ou l'autre auront des comptes à rendre devant les électeurs sont prudents. Ce débat n'est pas le leur. Ils veulent bien en être les facilitateurs, mais en aucun cas en passer pour les organisateurs, surtout s'il capote. Cette position de prudence est confortée par l'attitude des gilets jaunes, qui considèrent tout intermédiaire comme un adversaire potentiel.
Il est évident que l'exercice proposé, s'il ne répond pas explicitement à la mobilisation des gilets jaunes, en est néanmoins la conséquence directe. Mais ce mouvement, mobilisé contre tout et parfois contre lui-même, lance un catalogue de revendications de bric et de broc, dans une accélération effrénée que la France des exclus réclame comme un rattrapage définitif. Ce rattrapage n'implique pas qu'un effort social – fiscalité, bas salaires, retraites...- mais aussi un aggiornamento démocratique qui touche au cœur les modalités de la représentation nationale : les gilets jaunes, dans leur déclinaison radicale du rejet, n'oublient pas les parlementaires, et les élus en général, qu'ils installent dans la même caste de privilégiés que les hauts fonctionnaires et l'appareil de l’État. Dans les manifestations, on condamne la notion de pouvoir sans partage qui aurait prévalu jusqu'à présent.
La prudence des élus locaux
C'est pourquoi l'idée est lancée et sera débattue : des citoyens non élus peuvent-ils participer à la décision publique ? Mais cette éventualité vertueuse a ses limites, qui se font jour, en Corse comme ailleurs, dès les premières séances du grand débat national. Les gilets jaunes, en effet, récusent les élus comme partie prenante aux propositions. Les contestataires veulent être les éléments actifs et prépondérants dans les décisions qui ressortiront lors des conclusions des échanges. Ils ne souhaitent pas de pilotes ou de courroies de transmission de quelque sorte que ce soit. Une telle attitude est-elle productive ? Rien n'est moins sûr. Les corps intermédiaires, les structures auxquelles le suffrage universel donne sa légitimité, ne peuvent pas être mis à l'écart du processus. Emmanuel Macron l'a bien compris, qui veut faire des élus locaux, des maires en particulier, l'ossature de la réflexion collective.
Pour cela, la démocratie représentative doit retrouver ses droits face à ceux que s'arroge la rue. Mais ceux qui un jour ou l'autre auront des comptes à rendre devant les électeurs sont prudents. Ce débat n'est pas le leur. Ils veulent bien en être les facilitateurs, mais en aucun cas en passer pour les organisateurs, surtout s'il capote. Cette position de prudence est confortée par l'attitude des gilets jaunes, qui considèrent tout intermédiaire comme un adversaire potentiel.