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Gilles Simeoni : « Ce qui est en train d’être fait par le Préfet avec le PTIC nous conduit dans une impasse »


La rédaction le Jeudi 25 Mars 2021 à 13:56

Les relations ne sont toujours pas au beau fixe entre le préfet, Pascal Lelarge, et le président du Conseil Exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni,. Lors de la session de l’Assemblée de Corse, jeudi matin, en réponse à une question orale, Gilles Simeoni a, une nouvelle fois, exprimé son désaccord profond quant à la méthode préfectorale qui prévaut à l’élaboration du plan de transformation et d'investissement pour la Corse (PTIC).



Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni. Photo : Michel Luccioni
Le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni. Photo : Michel Luccioni
Un problème de méthode. C'est l'avis du président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, sur ce sujet récurrent et polémique qui l'oppose au préfet de l'île, Pascal Lelarge, depuis quelques mois. Malgré un espoir d'amélioration, les discussions semblent toujours au point mort. C’est en tout cas ce qu’a répondu Gilles Simeoni, à une question orale de Romain Colonna, conseiller territorial de Femu a Corsica, jeudi matin, en ouverture de la session de l’Assemblée de Corse. Interrogé notamment sur l’état d’avancement des négociations relatives au PTIC , il exprime une « inquiétude forte et mon désaccord quand à la méthode qui semble prévaloir du côté de l'Etat et de son représentant dans l'île »  et qui va « déterminer la réussite du PTIC et du plan de relance économique et sociale, indispensable pour la Corse ». Et en donne les raisons. Rappelant les « plusieurs dizaines de réunions » et « trois comités de pilotage » menés sous l’égide de l’ancien préfet Franck Robine pour « établir un diagnostic rationnel » des besoins à l'échelle de l'île, le président de l’Exécutif refait l’historique. « Le PTIC a vocation à prendre la suite du PEI, c'est-à-dire achever la mise à niveau des infrastructures de la Corse. Nous avions identifié, avec le Préfet Robine, une liste d’opérations ayant éventuellement vocation à être retenues dans le cadre du PTIC » indique t-il, pour un total de 800 millions d’euros.

« La méthode de travail est suspendue »

Avec l’arrivée du préfet Pascal Lelarge, tout bascule : « La méthode de travail est suspendue » explique Gilles Simeoni. Pour être remplacée par une autre, uniquement tournée vers les communes et intercommunalités. « Nous avions, alors, listé dix critères de sélection des projets dans une logique d'équité des territoires et de pertinence.... Mais, le Préfet me fait savoir que l'Etat étant le payeur, il sera aussi le décideur, et qu'il a été acté par l'Etat de contractualiser directement avec les communes et intercommunalités. Je n’en conçois pas d’aigreur, les communes et intercommunalités  ont toutes leur légitimité et leur pertinence pour participer à ce débat » assure le président de l’Exécutif. mais, ajoute-t-il, solennellement, « Ce que fait le Préfet va nous conduire, les communes, les intercommunalités, la Collectivité de Corse, l'Etat et la Corse dans une impasse ». Une impasse de méthode et de fond.
 

Une « impasse tragique » pour la Corse

Pas question pour le président de l'Exécutif de rentrer dans une logique de concurrence avec les intercommunalités. Mais il soulève un premier problème : « Je ne connais pas le niveau d’engagement, mais si j’en crois ce qu'on m'en a dit, de manière non officielle et la presse, 80% des 500 millions € sont déjà intégralement pré-consommés au titre des engagements pris par le Préfet avec les intercommunalités. Sans que la CdC qui a vocation à cofinancer ne soit informée ou associée à cette discussion ». Et un second problème encore plus grave : « Comment allons-nous financer les 800 millions d’euros que nous avons identifiés ensemble et qui sont des projets à dimension territoriale d'infrastructures ? » interroge t-il. « Beaucoup de projets qui ont été signés aujourd'hui ne figuraient pas dans la liste du préfet Robine. Nous sommes, donc, face à un problème énorme de mise en oeuvre opérationnelle, de concurrence entre les projets et de déficit de financement ». Le président de l’Exécutif prévient que des dossiers majeurs en feront les frais : « Avec la méthode du Préfet de Corse, on ne pourra pas financer les chemins de fer, l’intermodalité, le plan Acqua Nostra 2050, l’assainissement, l’intérieur, la montagne, les routes, y compris les entrées de ville ou les routes de montagne… On va se retrouver devant une impasse tragique pour la Corse ». Il s'agit désormais pour Gilles Simeoni de : « Travailler main dans la main avec communes et intercommunalités et, si possible, je l’espère, avec l’État, à condition que son représentant revienne à une méthode qui était la méthode que nous avions actée ensemble au début ». Une méthode de respect des uns et des autres.