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Futur port de plaisance de Porto-Vecchio : zoom sur plusieurs nouveautés


le Jeudi 21 Mars 2024 à 11:08

Plus qu’une simple extension, le projet porto-vecchiais va transfigurer l’environnement portuaire de la cité de Sel. En voici quelques exemples.



De l'autre côté du port, côté nord, du sable va être acheminé pour recréer une plage urbaine. REPRO PHOTO CABINET D'ARCHITECTE RICHEZ_ASSOCIES
De l'autre côté du port, côté nord, du sable va être acheminé pour recréer une plage urbaine. REPRO PHOTO CABINET D'ARCHITECTE RICHEZ_ASSOCIES
Un îlot artificiel

Il a déjà un nom : l’îlot de la Cioccia. Construit à l’entrée du futur port, il se trouvera à l’emplacement précis d’un affleurement rocheux, matérialisé par un cône rouge en béton. Faire un îlot à cet endroit permettra de contourner l’écueil de navigation, bien connu des plaisanciers et des pêcheurs porto-vecchiais. Il sera constitué par « des remblais qui sont récupérés pour affouiller le port », précise Stéphane Lucchini, du cabinet éponyme, l’architecte de l’emprise principale du port.

Sur l’îlot, pas de plage, mais une promenade piétonne, de même qu’un accès pour de petits véhicules d’entretien. Sa superficie reste à définir : « Il y aura au moins 800 m2 au sol », évalue Stéphane Lucchini. L’ilot accueillera un poste avancé de la capitainerie, des sanitaires publics et aussi… une hélisurface, soit une zone d’atterrissage pour hélicoptères. Celle-ci se trouvera à proximité immédiate des anneaux réservés aux plus gros bateaux. De quoi permettre aux milliardaires de passer, en un clin d’œil, de l’hélico au yacht ? « On ne dit pas non, mais on ne dit pas oui non plus, tempère, prudent, Julien Galichet, le chargé de mission de l’extension du port de plaisance. A ce stade, il est prématuré de parler d’une activité commerciale. Cette hélisurface servira en premier lieu pour les opérations de secours. »

Les anneaux de plaisance

La capacité d’accueil du futur port de plaisance va plus que doubler, passant de 380 à 803 anneaux. Comment les bateaux seront-ils répartis ? « Ca ira crescendo, explique Stéphane Lucchini. Les petites unités (les bateaux de 6 à 8 m) seront devant l’actuelle capitainerie. Et plus on ira vers le large, plus les bateaux seront grands, car on gagnera en profondeur et en tirant d’eau ». Les plus grands bateaux (jusqu’à 70 m de long) n’entreront pas dans le port. Ils stationneront de l’autre côté du brise-clapot, cette nouvelle jetée qui sera construite au large.

Le QG des pêcheurs

Un lieu de vie dédié à la pêche sera aménagé dans l’actuelle capitainerie qui regroupera la prudhommie des pêcheurs avec un marché couvert constitué de boxes, de chambres froides et d’étals : « L’idée est de ne pas excentrer la production de la pêche locale, pour la mettre en avant au mieux », souligne Stéphane Lucchini, qui avoue n’avoir rien inventé : « Les pêcheurs étaient déjà là il y a deux siècles. »

Le pompage des eaux grises et noires

En divers endroits du port, les plaisanciers pourront se raccorder à des stations de pompage des eaux grises et noires. Les eaux grises, c’est le nom qui est donné aux eaux usées d’un bateau (issues de la douche, du lavabo…). Elles sont faiblement polluées, au contraire des eaux noires qui s’agglomèrent à des produits toxiques ou excréments. Aujourd’hui, chaque bateau est équipé d’un réservoir qui leur permet de collecter ces eaux usées. Mais aujourd’hui, le port de Porto-Vecchio ne permet pas aux plaisanciers de vidanger leurs eaux usées : « Comme on ne propose rien, les gens déchargent en mer », regrette Julien Galichet. A l’issue de la construction du port, la municipalité prévoit donc de capter ces eaux grises et noires, de les retraiter via la station d’épuration, pour ensuite les réutiliser au rinçage des bateaux. Car « rincer des bateaux à l’eau potable, ce n’est plus possible », soupire le chargé de mission. Ces eaux retraitées serviront également à l’arrosage des espaces verts et au nettoyage des voiries.

Par ailleurs, un système anti-pollution pourra se déployer grâce à des filets spongieux, longs d’une centaine de mètres, dont la propriété première est d’absorber les carburants ou fioul lourd.

On pourra se promener en direction de la grande jetée, côté mer. REPRO CABINET D'ARCHITECTE LUCCHINI
On pourra se promener en direction de la grande jetée, côté mer. REPRO CABINET D'ARCHITECTE LUCCHINI
L’aire de carénage

Une aire de carénage doit être construite dans la partie sud, celle qui est dévolue à la zone technique du port de plaisance, avec notamment la station d’avitaillement. « Pour l’entretien des bateaux, il en faut une sur chaque port », confirme Stéphane Lucchini. Cette aire de carénage « permettra de lever des bateaux jusqu’à 35 mètres de long ». La municipalité porto-vecchiaise souhaite néanmoins la déplacer encore plus au sud, sur l’emprise du port de commerce, car « l’activité de carénage génère un certain nombre de nuisances, même si celles-ci seront encadrées et limitées », rassure Julien Galichet. Mais plus elle sera éloignée des commerces et des hôtels, mieux ce sera. Or le foncier sur lequel est établi le port de commerce appartient à la Collectivité de Corse : « On a commencé à échanger avec eux », indique le chargé de mission.

Et une plage urbaine !

« Sous les eucaplyptus, à l’abri du vent et face aux roches de granit, c’est là que le plan d’eau est le plus sympa », apprécie Stéphane Lucchini. Porto-Vecchio n’avait plus de plage en ville ? Le projet prévoit d’en recréer une, sur environ 700 mètres de linéaire, entre l’hôtel Shegara et l’entrée nord du futur port. « Les remblais successifs réalisés depuis cinquante ans avaient fait disparaître tout le sable », rappelle l’architecte, qui est catégorique : « Ici, l’eau n’est pas polluée. On peut s’y baigner déjà aujourd’hui. »