- Pourquoi avez-vous décidé de vous lancer dans cette élection législative, est-ce une première ?
- Tout à fait. L’idée, c’est d'offrir un autre choix aux électeurs de cette circonscription. Aujourd’hui, il y a déjà deux candidatures nationalistes déclarées : le sortant Jean-Félix Acquaviva et Lionel Mortini. Ma volonté est de proposer aux personnes, qui ont des idées un peu différentes de celles de ces candidats, de pouvoir s’exprimer sur les sujets qui comptent pour les Corses : le pouvoir d’achat, l’accès au logement, la santé, et mettre cela en parallèle avec les sujets institutionnels, portés par mes deux concurrents. D’une manière plus générale, c’est aussi ma volonté de lutter contre la pensée unique. Aujourd’hui, un parti politique est au pouvoir en Corse et truste toutes les responsabilités politiques, depuis l’Exécutif jusqu’à la présidence de l’Assemblée, en passant par les députés et sénateurs, notamment en Haute-Corse. Même si c'est advenu démocratiquement, je pense que cela pose un problème de représentativité, car c’est une voix unique qui parle au nom de tous.
- Pensez-vous vraiment que la division des Nationalistes pourrait vous profiter ?
- Il arrive aux Nationalistes ce qui est arrivé aux autres partis précédemment, à droite comme à gauche : quand on est au pouvoir, on a tendance à se diviser, et quand on est challenger, on a tendance à s’unir. Il y a donc deux candidats nationalistes sur la ligne de départ, on peut noter aussi qu’il n’y a pas vraiment de candidat de la gauche, ni de la droite républicaine. Je suis le seul à pouvoir incarner ces valeurs. Donc oui, le jeu m’est plutôt favorable de ce point de vue.
- Pourquoi n’avez-vous pas demandé l’investiture des Républicains dont vous êtes le président de la Fédération en Haute-Corse ?
- Il faut être honnête, aujourd’hui, les Républicains sont en pleine refonte. C’est un parti qui est destiné à complètement changer et tant mieux, car nous avons touché un niveau d’étiage qui est quand même très bas. Je suis en attente de savoir quelle ligne politique va l’emporter. Si elle correspond à ce que j’appelle le gaullisme social, c'est-à-dire une droite forte et solidaire comme celle incarnée par le maire de Cannes, David Lisnard, je serai très heureux de continuer l’aventure. Si demain, on va vers des extrêmes, j’en tirerai les conséquences. Je me voyais mal partir avec une étiquette sans savoir ce qu’elle représente. Et puis, ce qu’on attend d’une élection législative, c’est la rencontre d’un homme ou d’une femme avec un territoire. C’est ce que je propose, avec mes valeurs : le travail, la solidarité, la transmission de nos racines, de notre patrimoine, de notre langue.
- Mais si vous étiez élu, siègeriez-vous dans la majorité ou dans l’opposition ?
- Plutôt dans une opposition constructive, car je reste fidèle à mes idées de droite, mais je ne serai pas dans l’opposition stérile à tout prix. Si le gouvernement prend des mesures qui me semblent essentielles ou intéressantes, il faudra l’accompagner. Mais, bien évidemment, je ne siègerai pas dans la majorité présidentielle.
- Quel bilan faites-vous du député sortant Jean-Félix Acquaviva ?
- J’entends - et c’est le jeu - qu’il est plutôt fier de son bilan. J’ai du mal à trouver des éléments concrets. Je n’ai pas l’impression qu’en cinq ans, la situation des Corses, et plus particulièrement de ceux de la circonscription, se soit améliorée. En matière de pouvoir d’achat, on ne peut pas dire que cela aille mieux. En matière d’accès au logement, les prix n’ont jamais été aussi forts. La différence entre les résidences secondaires et principales a continué à augmenter, c’est un fait. Et pour la santé, je n’ai pas l’impression qu’il y ait eu des avancées extraordinaires sur la création d’un hôpital dans le Sud du département ou de structures adaptées aux malades atteints du cancer. Bien sûr, tout n’est pas noir, mais si l’objectif premier était d’aider les Corses, on ne peut pas dire qu’il soit atteint !
- Si vous êtes élu, quelle sera votre priorité ?
- Je considère que les évolutions institutionnelles ne sont pas la priorité. La priorité, c’est ce qui impacte le quotidien des Corses. Notamment, le pouvoir d’achat. Il faut que l’État intervienne pour réguler les prix, en fixant, par exemple, un prix inférieur de 10% sur l’île. Ce genre de dispositif existe en Outre-Mer, donc il serait tout à fait pertinent ici. De même qu’une TVA extrêmement réduite pour les produits de première nécessité. On ne peut pas la faire disparaitre, comme le disent certains, mais on peut la réduire. Et pour l’accès au logement, je suis pour que les maires, qui le souhaitent, puissent limiter sur tout ou partie de leur territoire le nombre de résidences secondaires, à l’exception des biens de famille. Pour les personnes qui ont leur résidence principale en Corse, cette mesure ne s’appliquerait pas. La priorité doit être donnée aux Corses. Il ne s’agit pas de faire disparaître l’immobilier, qui fait aussi la richesse du territoire, mais de le limiter pour ne pas que les choses se fassent au détriment des Corses.
- Plus que l'autonomie, que doivent, donc, selon vous, aborder les discussions avec Paris ?
- Au gré des discussions, il va falloir porter un message en faveur des entreprises, maintenir nos avantages mais aussi en acquérir d’autres, je pense notamment aux mesures sur les charges sociales. Mais en parallèle de ces mesures économiques, il faudra aussi des mesures à destination des ménages et des personnes âgées. Aujourd’hui, la situation est très difficile pour les gens, il faut donc à tout prix que la négociation qui aura lieu avec Paris comporte un volet social très fort.
- Une élection législative, c’est aussi un binôme, qui est le vôtre ?
- Ma suppléante sera Hélène Astolfi, deuxième adjointe au maire de Calvi. Je la remercie d’avoir accepté, car le rôle de suppléant n’est pas un rôle facile. Pour moi, elle coche toutes les cases ! Elle est d’un territoire très complémentaire avec le mien, je suis de la Plaine orientale, elle est de Balagne, et surtout, elle a un profil auquel je m’identifie complètement puisqu’elle est en charge du social et de l’aide aux personnes à Calvi. C’est ce que je considère comme la priorité pour la Corse.