François Tatti, président de la Communauté d’agglomération de Bastia (CAB).
- Le sport est une compétence de la CAB. Comment abordez-vous cette problématique ?
- Nous avons décidé de profiter de ce grand événement de la Fête du sport, rassemblant le monde sportif de notre communauté, qui est riche et très actif, de cette présence massive, pour engager un premier débat qui nous servira dans notre stratégie de construction d’une nouvelle politique sportive. Il faut agréger cette problématique à l’ensemble des autres problématiques. La CAB est dans une situation financière extrêmement tendue. Nous devons penser l’avenir à partir de cette situation. Cela ne nous empêchera pas de construire, mais nous construisons avec un étalement de nos projets qui sera à prendre en considération.
- Comment réagissez-vous face à l’importante demande du monde sportif tant au niveau des subventions que de l’usage des équipements ?
- Les sujets, que nous voulons porter, ne se résument pas aux subventions ou au créneau d’utilisation des équipements ! Nous voulons poser les problèmes de fond d’une politique sportive : les usages, les utilisateurs, les problématiques de compétition, de service public, de santé, d’économie, de business… Tout ce qui fera le sport de demain. Nous voulons y travailler avec les acteurs pour le construire dans une acception démocratique, transparente et empreinte d’une volonté d’équité. C’est ce qui nous anime et ce que nous avons commencé à porter avec ce débat. Nous voulons faire en sorte que chacun puisse se retrouver dans la politique que nous construirons.
- Que va-t-il se passer ensuite ?
- Un travail d’itération. Ce débat est un premier échange. Le 7 octobre, nous aurons un second échange plus construit avec les acteurs du monde sportif et d’autres contributeurs, comme les mutuelles, pour alimenter notre réflexion. Cette réunion se déroulera, de 17 à 21 heures, autour de groupes de travail sur des thématiques choisies. Nous allons demander à chaque club et association sportive de nous transmettre leurs contributions. A la suite, nous décanterons un certain nombre de problématiques et d’orientations. Dans un 3ème temps, avant la fin de l’année, nous organiserons des Assises du sport pour valider les orientations de la politique que nous porterons durant ce mandat. Tout en sachant que notre politique se définit, non pas dans ces concertations, mais à l’assemblée communautaire.
- Que vous inspire le diagnostic sportif de la CAB effectué par Patrick Bayeux, expert auprès des collectivités locales ?
- Cet éminent expert a constaté que Bastia et la CAB ont une vie sportive très dynamique grâce à un grand nombre de pratiquants, qu’ils soient adhérents ou membres de clubs. Cette véritable effervescence sportive s’accompagne, en revanche, d’équipements vieillissants, qui datent tous des années 70 et sont en nombre inférieur à la moyenne nationale. Cela ne me choque pas outre-mesure du fait que nous sommes une collectivité plus pauvre que la moyenne nationale ! Il est, donc, logique que nous n’ayons pas le même nombre d’équipements. En revanche, il est apparu que nous avons un nombre d’agents qui, lui, permettrait de gérer le double des équipements existants ! Autre aspect phénoménal : malgré des difficultés, un nombre d’équipements insuffisants, vieillissants, parfois mal entretenus, notamment en termes de sécurité, nous constatons que nos clubs brillent au plan sportif dans la plupart des disciplines. Faut-il en conclure que c’est dans la difficulté que se forgent les caractères qui assurent ces résultats sportifs ? Je ne crois pas !
- A partir de ce constat, quelle stratégie pensez-vous privilégier ?
- Cette situation de départ doit nous permettre de trouver des solutions pour construire l’avenir en intégrant les nouveaux besoins du monde sportif, les besoins de demain. Les nouvelles technologies introduisent des pratiques différentes. Le sport-santé et le sport-senior sont des domaines importants. A côté des pratiques sportives dépendant du service public, il y a le sport-business qui relève de l’économie et ne peut être pratiqué dans les mêmes conditions dans nos établissements sportifs. Nous définirons, donc, des stratégies différenciées pour permettre aux différentes branches du sport d’exister et de prospérer tout en faisant en sorte que chacune contribue de manière équitable à l’effort collectif que nous devons fournir.
- Comment comptez-vous résoudre la question du mauvais état des infrastructures et du manque de moyens pour en construire de nouvelles ? Avec quelles priorités ?
- D’abord, nous n’avons pas le choix : nous devons sécuriser les équipements qui ne le sont pas. Ensuite, nous allons mieux entretenir, mieux gérer et mettre à niveau les équipements existants. Et, puis, nous travaillerons pour définir nos priorités de demain. Si nous avons les moyens d’investir dans de nouveaux équipements, ceux-ci devront répondre à un besoin qui s’exprime et ne peut être traduit dans les équipements existants. Peut-être y-a-t-il des disciplines nouvelles ou des pratiques différentes à mettre en œuvre ! En dehors des équipements traditionnels, piscines, Cosec, stades… il faut privilégier le sport de pleine nature et des aménagements extérieurs de plage, de montagne, de parcours permettant de développer certaines pratiques dans de meilleures conditions qu’aujourd’hui.
- Vous avez abordé, lors du débat, la question des relations avec le Sporting qui étaient houleuses avec l’ancienne municipalité. Qu’en est-il aujourd’hui ?
- Avec le Sporting, comme avec les clubs amateurs, si nous n’avons pas les mêmes objectifs, nous avons au moins les mêmes méthodes. Nous voulons, par la concertation et la discussion, objectiver les éléments concrets plutôt que d’agir avec la passion qui nous anime habituellement et finit parfois par créer des blocages. Nous avons, donc, missionné un expert qui a fait le point de la situation avec le Sporting et livré des éléments techniques, financiers... Cela a été une première étape importante. A partir de là, nous avons engagé une discussion qui nous a permis d’avancer fortement sur la nature du contrat qui doit nous lier, sur sa durée et sur son contenu.
- Etes-vous d’accord sur ses trois points ?
- Disons qu’il y a des points de convergence très forts ! Nous continuons à travailler pour déterminer le juste prix qui est, bien entendu, lié aux capacités du club. Le Sporting est un petit club qui fait des miracles ! Nous devons, donc, respecter cette situation. Nous n’allons pas considérer le Sporting comme une poule aux œufs d’or dont il faudrait s’emparer ! Pas du tout ! En revanche, nous avons, nous aussi, des exigences financières et d’équité que nous devons prendre en compte. Nous avons demandé une estimation aux services fiscaux, aux Domaines, comme nous sommes tenus de le faire, afin d’apprécier, dans sa réalité, l’évaluation financière des biens que nous mettons à la disposition du club et les conditions dans lesquelles nous les mettons. Nous attendons cette estimation pour finaliser nos discussions financières.
- Peut-on dire que les relations sont apaisées ?
- Oui ! Nous sommes, d’ores et déjà, dans une situation apaisée avec une convention provisoire qui a été signée au mois d’août et sera prorogée au prochain Conseil communautaire qui aura lieu mardi. Cette convention apporte une première contribution du Sporting de 25000 € par match. On ne part, donc, pas de rien ! Le but est d’arriver, le plus vite possible, à une convention définitive où chacun saura à quoi s’en tenir dans la durée.
- Une contribution de 25 000 € par match n’est-ce pas suffisant ?
- Nous avons, pour la CAB, des estimations bien supérieures, correspondant à des dépenses, des frais que nous engageons. Mais, nous voulons que les choses soient objectivées. Donc, nous attendons les expertises et nous finaliserons en fonction de l’ensemble des paramètres. Aujourd’hui, cette convention temporaire est un socle à partir duquel nous pouvons continuer les discussions. Nous sommes déjà dans une situation conforme à la légalité. Nous travaillerons à la pérenniser. A ce stade, je ne peux pas me prononcer plus sur le contenu définitif de nos conventions.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Nous avons décidé de profiter de ce grand événement de la Fête du sport, rassemblant le monde sportif de notre communauté, qui est riche et très actif, de cette présence massive, pour engager un premier débat qui nous servira dans notre stratégie de construction d’une nouvelle politique sportive. Il faut agréger cette problématique à l’ensemble des autres problématiques. La CAB est dans une situation financière extrêmement tendue. Nous devons penser l’avenir à partir de cette situation. Cela ne nous empêchera pas de construire, mais nous construisons avec un étalement de nos projets qui sera à prendre en considération.
- Comment réagissez-vous face à l’importante demande du monde sportif tant au niveau des subventions que de l’usage des équipements ?
- Les sujets, que nous voulons porter, ne se résument pas aux subventions ou au créneau d’utilisation des équipements ! Nous voulons poser les problèmes de fond d’une politique sportive : les usages, les utilisateurs, les problématiques de compétition, de service public, de santé, d’économie, de business… Tout ce qui fera le sport de demain. Nous voulons y travailler avec les acteurs pour le construire dans une acception démocratique, transparente et empreinte d’une volonté d’équité. C’est ce qui nous anime et ce que nous avons commencé à porter avec ce débat. Nous voulons faire en sorte que chacun puisse se retrouver dans la politique que nous construirons.
- Que va-t-il se passer ensuite ?
- Un travail d’itération. Ce débat est un premier échange. Le 7 octobre, nous aurons un second échange plus construit avec les acteurs du monde sportif et d’autres contributeurs, comme les mutuelles, pour alimenter notre réflexion. Cette réunion se déroulera, de 17 à 21 heures, autour de groupes de travail sur des thématiques choisies. Nous allons demander à chaque club et association sportive de nous transmettre leurs contributions. A la suite, nous décanterons un certain nombre de problématiques et d’orientations. Dans un 3ème temps, avant la fin de l’année, nous organiserons des Assises du sport pour valider les orientations de la politique que nous porterons durant ce mandat. Tout en sachant que notre politique se définit, non pas dans ces concertations, mais à l’assemblée communautaire.
- Que vous inspire le diagnostic sportif de la CAB effectué par Patrick Bayeux, expert auprès des collectivités locales ?
- Cet éminent expert a constaté que Bastia et la CAB ont une vie sportive très dynamique grâce à un grand nombre de pratiquants, qu’ils soient adhérents ou membres de clubs. Cette véritable effervescence sportive s’accompagne, en revanche, d’équipements vieillissants, qui datent tous des années 70 et sont en nombre inférieur à la moyenne nationale. Cela ne me choque pas outre-mesure du fait que nous sommes une collectivité plus pauvre que la moyenne nationale ! Il est, donc, logique que nous n’ayons pas le même nombre d’équipements. En revanche, il est apparu que nous avons un nombre d’agents qui, lui, permettrait de gérer le double des équipements existants ! Autre aspect phénoménal : malgré des difficultés, un nombre d’équipements insuffisants, vieillissants, parfois mal entretenus, notamment en termes de sécurité, nous constatons que nos clubs brillent au plan sportif dans la plupart des disciplines. Faut-il en conclure que c’est dans la difficulté que se forgent les caractères qui assurent ces résultats sportifs ? Je ne crois pas !
- A partir de ce constat, quelle stratégie pensez-vous privilégier ?
- Cette situation de départ doit nous permettre de trouver des solutions pour construire l’avenir en intégrant les nouveaux besoins du monde sportif, les besoins de demain. Les nouvelles technologies introduisent des pratiques différentes. Le sport-santé et le sport-senior sont des domaines importants. A côté des pratiques sportives dépendant du service public, il y a le sport-business qui relève de l’économie et ne peut être pratiqué dans les mêmes conditions dans nos établissements sportifs. Nous définirons, donc, des stratégies différenciées pour permettre aux différentes branches du sport d’exister et de prospérer tout en faisant en sorte que chacune contribue de manière équitable à l’effort collectif que nous devons fournir.
- Comment comptez-vous résoudre la question du mauvais état des infrastructures et du manque de moyens pour en construire de nouvelles ? Avec quelles priorités ?
- D’abord, nous n’avons pas le choix : nous devons sécuriser les équipements qui ne le sont pas. Ensuite, nous allons mieux entretenir, mieux gérer et mettre à niveau les équipements existants. Et, puis, nous travaillerons pour définir nos priorités de demain. Si nous avons les moyens d’investir dans de nouveaux équipements, ceux-ci devront répondre à un besoin qui s’exprime et ne peut être traduit dans les équipements existants. Peut-être y-a-t-il des disciplines nouvelles ou des pratiques différentes à mettre en œuvre ! En dehors des équipements traditionnels, piscines, Cosec, stades… il faut privilégier le sport de pleine nature et des aménagements extérieurs de plage, de montagne, de parcours permettant de développer certaines pratiques dans de meilleures conditions qu’aujourd’hui.
- Vous avez abordé, lors du débat, la question des relations avec le Sporting qui étaient houleuses avec l’ancienne municipalité. Qu’en est-il aujourd’hui ?
- Avec le Sporting, comme avec les clubs amateurs, si nous n’avons pas les mêmes objectifs, nous avons au moins les mêmes méthodes. Nous voulons, par la concertation et la discussion, objectiver les éléments concrets plutôt que d’agir avec la passion qui nous anime habituellement et finit parfois par créer des blocages. Nous avons, donc, missionné un expert qui a fait le point de la situation avec le Sporting et livré des éléments techniques, financiers... Cela a été une première étape importante. A partir de là, nous avons engagé une discussion qui nous a permis d’avancer fortement sur la nature du contrat qui doit nous lier, sur sa durée et sur son contenu.
- Etes-vous d’accord sur ses trois points ?
- Disons qu’il y a des points de convergence très forts ! Nous continuons à travailler pour déterminer le juste prix qui est, bien entendu, lié aux capacités du club. Le Sporting est un petit club qui fait des miracles ! Nous devons, donc, respecter cette situation. Nous n’allons pas considérer le Sporting comme une poule aux œufs d’or dont il faudrait s’emparer ! Pas du tout ! En revanche, nous avons, nous aussi, des exigences financières et d’équité que nous devons prendre en compte. Nous avons demandé une estimation aux services fiscaux, aux Domaines, comme nous sommes tenus de le faire, afin d’apprécier, dans sa réalité, l’évaluation financière des biens que nous mettons à la disposition du club et les conditions dans lesquelles nous les mettons. Nous attendons cette estimation pour finaliser nos discussions financières.
- Peut-on dire que les relations sont apaisées ?
- Oui ! Nous sommes, d’ores et déjà, dans une situation apaisée avec une convention provisoire qui a été signée au mois d’août et sera prorogée au prochain Conseil communautaire qui aura lieu mardi. Cette convention apporte une première contribution du Sporting de 25000 € par match. On ne part, donc, pas de rien ! Le but est d’arriver, le plus vite possible, à une convention définitive où chacun saura à quoi s’en tenir dans la durée.
- Une contribution de 25 000 € par match n’est-ce pas suffisant ?
- Nous avons, pour la CAB, des estimations bien supérieures, correspondant à des dépenses, des frais que nous engageons. Mais, nous voulons que les choses soient objectivées. Donc, nous attendons les expertises et nous finaliserons en fonction de l’ensemble des paramètres. Aujourd’hui, cette convention temporaire est un socle à partir duquel nous pouvons continuer les discussions. Nous sommes déjà dans une situation conforme à la légalité. Nous travaillerons à la pérenniser. A ce stade, je ne peux pas me prononcer plus sur le contenu définitif de nos conventions.
Propos recueillis par Nicole MARI
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