Corse Net Infos - Pure player corse

Figari : Core in Fronte dénonce une concurrence malsaine et des pratiques viles contre les taxis et loueurs corses


Nicole Mari le Samedi 5 Août 2023 à 18:42

Nouvelle action de Core in Fronte, samedi matin à l’aéroport de Figari, pour apporter son soutien aux artisans taxis, transporteurs et loueurs de l’Extrême-Sud. Le parti indépendantiste dénonce une concurrence déloyale venue d’ailleurs et une ubérisation d’une activité « livrée à tous les traficotages » et préjudiciable aux artisans locaux. Il appelle la Chambre de commerce et d’industrie et les acteurs institutionnels de mettre un terme à ces agissements « malsains » et à l’Assemblée de Corse qui, en juin, a voté à l’unanimité une motion de soutien, d’agir en ce sens. Le témoignage en vidéo de Ghjacumu Culioli, artisan taxi à Figari.



Core in Fronte devant l'aéroport de Figari pour apporter son soutien aux taxis, transporteurs et loueurs corses. (Photo CIF).
Core in Fronte devant l'aéroport de Figari pour apporter son soutien aux taxis, transporteurs et loueurs corses. (Photo CIF).

« Basta ! ». C’est en termes clairs et durs que le parti indépendantiste Core in Fronte a dénoncé, samedi matin, devant l’aéroport de Figari, la concurrence que subissent les artisans taxis, les transporteurs et loueurs corses qui travaillent dans l’Extrême-Sud. Une action de soutien ferme et réitérée qui fait suite à une motion que ses élus avaient déposée et fait adoptée à l’unanimité lors de la session de fin juin de l’Assemblée de Corse. Mais comme rien n’a changé depuis, Core in Fronte remonte au créneau pour défendre ces acteurs économiques qui font face à ce qu’il qualifie de « situation délétère qui se nourrit d'une dérèglementation des activités professionnelles concernées. Cette dérèglementation contredit paradoxalement le régime juridique et qualitatif requis quant à l’exercice des emplois impliqués. Elle outrepasse le fonctionnement des cotisations et contributions dues, nourrissant un circuit para-commercial affairiste, dégagé de toute obligation d’encadrement spécialisé, de respect du droit social et de sécurité ». De ce fait, ajoute-t-il, « elle condamne à la disparition tous ces artisans pour grande partie originaires de notre pays et qui participent activement à notre économie ». Et d’asséner : « Nous ne pouvons l’accepter ! ».
 
Ubérisation et traficotages
Pour le parti indépendantiste, cette dérégulation, « fruit du système capitaliste et financier en vigueur, consiste à transgresser les règles qui définissent le marché. La logique de l’offre et de la demande, ainsi dégagée, engendre une ubérisation d’une activité livrée à tous les traficotages ». Une situation d’autant plus inquiétante, affirme-t-il, qu’elle « ouvre les portes à une multitude d’inconsistantes sociétés et autres insolents individus qui n’ont que faire de notre équilibre social et culturel pour se livrer à de viles pratiques pour l’immédiat profit. On ne compte plus le nombre de ces équipages fraîchement débarqués sans respect aucun pour les travailleurs d’ici et qui s’adonnent, avec mépris des règles de fonctionnement et de sécurité en usage, à ces manèges para-commerciaux consacrant par là-même une nouvelle vague de colonisation de peuplement, hautaine et sans retenue… ». Core in Fronte exprime également sa colère sur ce qu’il appelle le « comble de l’ignominie », à savoir les contrôles qui semblent ne concerner que les artisans corses : « Malgré cette motion adoptée, malgré les responsables d’institutions informés, ce sont aujourd’hui les artisans taxis qui subissent les contrôles répressifs de la Gendarmerie nationale française… Étrangement pendant des mois, malgré des appels et des alertes des métiers affectés, cette même Gendarmerie était aux abonnés absents … ». Et de marteler : « Nous refusons ce diktat de l’ubérisation institutionnalisée ! ».
 
Une meute venue d’ailleurs
Ces faits sont confirmés par Ghjacumu Culioli, artisan taxi à Figari, qui raconte comment cette concurrence venue d’ailleurs conduit les artisans corses à la paupérisation : « Je suis né à Figari, d’une famille de Figari, et je fais ce métier depuis 37 ans. Petit à petit, nous sommes en train de voir notre disparition parce qu’il y a des gens qui débarquent d’ailleurs sans se préoccuper, sans respect, et qui veulent nous enlever notre pain. Ce n’est pas possible d’accepter cela ! Il y en a qui viennent ici devant nous charger nos clients, et personne ne dit rien ! L’aéroport de Figari est un aéroport ouvert à tous ». Des gens, poursuit-il, qui ne connaissent rien à la Corse et qui ne sont là que pour faire du profit, comme il l’explique, in lingua nostra, en vidéo :

Ghjacumu Culioli, artisan taxi à Figari : "On nous enlève notre pain"

L’appel aux élus
Le parti indépendantiste a donc décidé d’interpeller les autorités en place, « particulièrement celles exerçant la gestion du périmètre de l’aéroport de Figari ». Il prévient qu’il n’est pas question « d’accepter que cette zone clairement délimitée et ses alentours deviennent une sphère interlope livrée à ce maquignonnage véhiculé ». Il demande à la Chambre de commerce et d’industrie qui gère l’aéroport de Figari, mais aussi à tous les organismes et acteurs institutionnels « de mettre un terme à ces malsains agissements et de prendre les dispositions nécessaires pour assurer les artisans taxis, les transporteurs et les loueurs de l’exercice de leur profession ». Il appelle également les élus et forces politiques qui ont voté unanimement la motion de juin de concrétiser ce soutien sur le terrain et d’agir dans ce sens. Et là aussi d’avertir : « Nous n’accepterons pas cette dérégulation programmée qui vise à faire disparaitre un secteur et une activité économique sociale et culturelle au profit de cette meute venue d’ailleurs avec pour seul code celui de l’envahissement et de l’étranglement bon marché basé sur le profit ». Avant de conclure en réitérant son soutien aux artisans corses partout dans l’île : « Semu à fianc’à i nosci paisani, quiddi chi notti è ghjornu travaddani par u so stantapani incù rispettu, drittu e dignità. Simu à fianc’à iddi ricusendu a so sparizioni parchì participighjani à l’ecunumia di u nosciu paesu e dinò à a vita suciali e culturala. Simu à fianc’à iddi chi un vulemu di sta derigulazioni imposta da stu capitalisimu chi accumpagna a culunizzazioni di pupulamentu. Semu e saremu sempri à fianc’à i nosci paisani ».
 
N.M.