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Fièvre catarrhale : Après avoir bloqué la route Ajaccio-Bastia, les éleveurs obtiennent une première avancée


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Mardi 28 Novembre 2023 à 19:40

Mardi 28 novembre au matin, avec l’ensemble des éleveurs ovins et caprins, l’Interprofession laitière a bloqué l’axe Bastia-Aiacciu, au niveau du Chalet de Vivariu. Cette action s’inscrivait dans le cadre des démarches entreprises par l’ILOCC, il y a deux semaines, pour alerter l’opinion et les services de l’État sur l’urgence de la situation : la fièvre catarrhale fait des ravages dans les troupeaux corses.



« Nous avons pris cette décision pour tenter d’accélérer le processus de réponse des services de l’État… Pour que les éleveurs qui sont dans une grande détresse financière reçoivent enfin une réponse », explique son Président, Jean-Louis Paoli, très inquiet de l’absence de réaction des instances dirigeantes devant la progression inéluctable de la maladie. « Depuis que nous avons formulé nos demandes [NdlR : mercredi 15 novembre], le nombre de foyers infectieux a doublé. L’an passé, nous avions du mal à nourrir les bêtes. Cette année, c’est le même problème… sauf que cette fois les éleveurs se demandent comment ils vont nourrir leur famille. On est passé à l’étape supérieure… »

De nombreux soutiens
Après l’appel de l’Interprofession laitière, les éleveurs se sont donc rassemblés à Vivariu pour établir le blocage de la route. Ceux qui n’avaient pas pu se déplacer avaient témoigné leur soutien par téléphone. Avaient répondu à l’appel les différents syndicats agricoles de Corse, l’ODARC, l’OS – Organisme de Sélection de Corse –, la Corsia qui s’occupe principalement de la commercialisation des béliers pour le développement de la race nustrale, et la GDS qui accompagne les éleveurs dans la dimension sanitaire. « Des politiques sont aussi venus spontanément nous soutenir », complète Jean-Louis Paoli.

Une action payante…
Les éleveurs ont distribué des tracts aux automobilistes. « Notre objectif était de leur expliquer ce qui se passe, de les informer, de leur faire prendre conscience de l’importance de consommer “local” en mangeant de l’agneau, du cabri, des fromages... mais aussi les autres productions. Et cela pour préserver notre agriculture, notre histoire, notre identité. » L’action s’est révélée payante : les manifestants ayant obtenu d’être reçus par le Président de l’exécutif et le Président de l’ODARC – un premier rendez-vous à 14 heures – ; puis, à 15 heures, par la Préfecture de Haute-Corse.

…Mais une réponse très partielle aux attentes
Une délégation des représentants professionnels, syndicaux et des Chambres d’Agriculture a donc été accueillie dans un premier temps à la Collectivité de Corse par Gilles Simeoni et Dominique Livrelli : « On a reçu une écoute attentive et un réel soutien, estime le Président de l’ILOCC. Puis ils nous ont accompagnés à la Préfecture. » Là, la délégation a rencontré le Préfet de Haute-Corse et le DRAAF. « On a eu une réponse partielle à nos demandes », rapporte Jean-Louis Paoli. Les éleveurs ont obtenu qu’une indemnisation serait versée pour la vaccination des bêtes – puisqu’il a bien été acté qu’il était indispensable de les vacciner. Cela répondait à la première des trois demandes qu’ils avaient formulées auprès des services de l’État. En revanche, concernant la deuxième demande, celle d’une indemnisation des pertes causées aux éleveurs par la fièvre catarrhale, « c’est un échec. La proposition qu’ils nous ont faite ne nous convient pas. Il faut revoir la copie ». Le troisième point n’a pas non plus été traité. « Il nous manque l’essentiel », conclut Jean-Louis Paoli.

Rendez-vous a été pris pour une nouvelle rencontre, jeudi matin, à la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt.