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Faute de CO2, la production d’eau gazeuse est-elle menacée en Corse ?


Julia Sereni le Lundi 5 Septembre 2022 à 20:45

Les eaux corses, notamment gazeuses, ont-elles du souci à se faire ? Une double menace plane sur elles : la pénurie d’approvisionnement en bouteilles en verre, mais aussi en CO2 qui permet de gazéifier les boissons, les deux étant liées au cours du gaz.



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« Avec les informations de ce matin, je suis très inquiète », souffle Françoise Ciavaldini. En ce lundi 5 septembre, la patronne des eaux de Zilia est préoccupée. Les prix du gaz viennent d’augmenter de 30%, après l’annonce de la Russie d’interrompre les livraisons via le gazoduc Nord Stream 1, qui alimente l’Europe. Une décision prise à Moscou, qui se répercute jusqu’en Balagne. Car ce que craint l’usine de Zilia, c’est une double pénurie, en bouteilles en verre et en CO2, utilisé pour gazéifier l’eau, les deux étant liées au cours du gaz.
 
Celui-ci est en effet utilisé en grande quantité dans les fours chauffés à hautes températures, pour fabriquer le verre. Par ailleurs, la guerre en Ukraine a provoqué l’arrêt de la production de sept usines de production de bouteilles, filiales des deux géants du verre Owens-Illinois et Verallia. De quoi faire grimper le prix du verre de près de 25 % à 50 % en 2022, selon France TV Info« Le marché est tendu », confirmait Jacques Bordat, président de la fédération des industries du verre en France, en mai dernier, dans un entretien à l’AFP.

Une bouteille d’eau au prix d’une bouteille de champagne

Et cela n’est pas près de s’arranger, selon Françoise Ciavaldini. « Ce matin, nous avons eu des nouvelles de nos verriers d’Italie, de France, et avec la pénurie qui s’installe, cela va susciter une forte augmentation sur le verre », déplore-t-elle. Un problème auquel la cheffe d’entreprise est d’ores et déjà confrontée. « Nous sommes en rupture de pas mal de formats, et tout laisse à présager une pénurie encore plus importante dans les mois qui viennent et l’an prochain », estime Françoise Ciavaldini. D’autant que le secteur du verre avait déjà subi un coup d’arrêt important en raison de la crise sanitaire.
 
Et pour l’avenir, la patronne de Zilia ne se montre pas sereine. « Cela va engendrer un coût énorme pour la production et l’achat du verre, bientôt une bouteille d’eau va revenir au prix d’une bouteille de champagne ! », ironise-t-elle. L’augmentation, cet été, s’est chiffrée à hauteur de dix centimes par bouteille. « C’est énorme, c’est très cher », commente Françoise Ciavaldini. Un coût que l’entreprise a dû répercuter sur le consommateur. « Mais sur une bouteille d’eau, on ne pourra pas répercuter indéfiniment, après, elle ne se vendra plus ! », relève-t-elle. Plus encore que l’augmentation, « c’est surtout la pénurie qui fait peur ». Alors la PDG envisage de se tourner vers les marchés du Maghreb, comme ultime recours.

L'autre menace : la pénurie de CO2

Une autre menace pèse sur les eaux, uniquement gazeuses cette fois, celle de la pénurie de CO2. Chez nos voisins italiens, l’entreprise Sant’Anna, un des plus gros producteurs européens d’eau pétillante, a stoppé début juillet sa production  près de Turin, faute de gaz carbonique. Et là encore, c’est la pénurie de gaz qui est en cause. « La production d’eau gazeuse est liée indirectement à celle des engrais. En faisant une recombinaison de l’ammoniac du gaz naturel à l’azote de l’air, on peut produire du CO2 industriel, du dioxyde de carbone. C’est ce CO2 qui est injecté dans les boissons gazeuses de toutes sortes pour les faire pétiller », expliquent nos confères de Radio-Classique.
 
« Pour l’instant, nous en avons encore, mais jusqu’à quand ? », s’interroge Françoise Ciavaldini.  « Carton, bois, verre, gaz, tout augmente, et nos entreprises peuvent être mises en danger », s’inquiète-t-elle. Pourtant, la cheffe d’entreprise veut rester optimiste. « On s’adaptera, chaque jour suffit sa peine », conclut-elle, philosophe. En espérant passer entre les gouttes.