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Européennes : Nathaly Antona (RN) " Je serai la voix de la Corse à Bruxelles"


Michela Vanti le Mercredi 5 Juin 2024 à 13:22

A quelques jours des élections européennes, la confiance est de mise au sein du Rassemblement national comme en témoigne "sans fausse modestie" Nathaly Antona déléguée adjointe du Rassemblement National en Corse, candidate en 5e position sur la liste de Jordan Bardella et en passe de devenir la première femme corse députée au Parlement européen. Elle partage avec CNI sa vision de l'Europe et promet de "tout mettre en œuvre afin que la Commission européenne prenne en compte le handicap de l'insularité pour les Corses et leurs entreprises"



Nathaly Antona
Nathaly Antona
 
- Pourquoi avez-vous décidé de participer aux élections européennes ? Qu'est-ce qui vous a motivée à rejoindre la liste de Jordan Bardella ? 
- Ma candidature pour figurer sur la liste de Jordan Bardella est la suite logique de mon engagement au sein de la fédération de Corse. C'est aussi la volonté de la fédération d'avoir une voix à Bruxelles pour rendre audibles les problématiques corses. Enfin, il était important que ce soit une femme qui représente la Corse pour la première fois au Parlement européen.


- Quelle est votre vision de l'européanisme et comment votre candidat, Jordan Bardella, et vous-même, envisagez-vous l'avenir de l'Europe ?
- Dans un premier temps, il faut arrêter avec les mensonges et les caricatures. Nous ne voulons pas quitter l'Europe. Notre souhait est de réparer ce qui ne fonctionne pas et de consolider ce qui va. Nous envisageons une Europe de citoyens et de Nations,  une Europe qui respecte les peuples tout en bâtissant un projet commun. Nous sommes à l'opposé de la vision d'Emmanuel Macron qui préfère une Europe fédéraliste où le citoyen est un simple consommateur dont l'avis ne compte pas. 


- Le RN a connu une progression significative dans les sondages depuis 2019. À quoi attribuez-vous cette hausse de popularité, en particulier en Corse ?
- Cette hausse de popularité est le fruit d'un travail de terrain effectué en dehors des périodes électorales. C'est aussi la prise en compte des vrais problèmes que connaissent les insulaires (cherté de la vie, coûts des transports astronomiques et décalage entre la vie réelle et la perception des politiques). On peut également parler du manque d'infrastructures et de services publics, notamment dans le rural, les quelques crédits ne bénéficiant qu'aux deux grandes agglomérations. Aujourd'hui, nous pouvons dire, sans exagération, que le RN est la première force politique nationale en Corse. 


- Selon les derniers sondages, pensez-vous avoir de bonnes chances d'être élue au Parlement européen ? Comment réagissez-vous à ces prévisions ?
- Sans fausse modestie, en tenant compte des sondages, de la popularité et de l'accueil des personnes rencontrées sur le terrain, je peux vous dire que la Corse aura, pour la première fois, une femme corse députée au Parlement européen.

- Comment avez-vous mené cette campagne sur l'île alors que ce scrutin semble mobiliser peu de monde ? 
- Nous avons mené une campagne de proximité, sur le terrain, où nous avons visité environ 280 communes sur les 360 que compte l'île. Cette campagne de proximité a pu être réalisée grâce à la mobilisation de plusieurs dizaines de nos militants. L'accueil et les échanges que nous avons eu nous permettent de penser que le 9 juin, la victoire sera belle. Elle provoquera, grâce à notre mobilisation totale, un chamboulement dans les élections locales à venir. 


- Si vous êtes élue, quelle serait votre priorité en tant que députée européenne pour la Corse ?
- Il existe deux types de priorités, celles qui sont nationales et celles qui sont locales.
Concernant les nationales, elles se résument en quatre grands domaines : la sécurité des Français face à la montée de la violence, la fin del'immigration non choisie, mais subie, le pouvoir d'achat des Français ainsi que la préférence nationale pour les droits sociaux.
Concernant plus particulièrement la Corse, je mettrai tout en œuvre, avec le soutien de l'ensemble de mon groupe, afin que la Commission prenne en compte le handicap de l'insularité pour les Corses et leurs entreprises. D'autre part, dans le domaine de l'agriculteur et de la pêche, grands oubliés du député sortant, je ferai entendre leur voix.
Concernant l'agriculture, je demanderai à la Commission d'accorder aux agriculteurs corses les aides et subventions spécifiques réservées aux territoires ultrapériphériques qui favorisent les productions locales. Nos agriculteurs doivent pouvoir vivre de leur production et non de l'attribution d'aides. 
Je terminerai avec un projet pour la pêche qui permettra à nos pêcheurs de bénéficier d'embarcations leur permettant de prendre la mer quel que soit le temps et d'aller chercher le poisson aussi loin qu'il se trouve. Je veux, à travers cette initiative, que sur les étals des magasins et des grandes surfaces on puisse trouver très rapidement du poisson pêché en Corse. Je rappelle que la Corse est la région qui a le plus grand littoral de France.
Concernant la culture et la langue corse, je soutiendrai le financement de l'Institut de protection des langues régionales.

- La question de l'immigration est souvent au cœur des débats du RN. Quels sont vos projets concrets pour aborder ce sujet au niveau européen ?
- Concernant l'immigration, il existe aujourd'hui 3 types d’immigrations, la première étant celle du droit d'asile. Pour éviter les fraudes dans ce domaine, tout en sachant que toute arrivée pose un nombre considérable de problèmes pour les renvoyer, les demandes d'asile doivent se faire dans les ambassades dans les pays d'origine ou voisin et non sur le sol européen. Si cette procédure n'est pas respectée, les demandeurs doivent être reconduits sans que leur dossier ait été étudié. Il existe de nombreux cas de fraudes au droit d'asile,en effet, deux Afghans qui avaient obtenu le droit d'asile en juillet 2003 partaient 6 mois plus tard en vacances en Afghanistan aux frais du contribuable français. Ces situations ne sont plus acceptables.
Sur l'immigration légale, notre position est aussi claire.  Elle doit être choisie et non subie. Le prétexte de 300000 emplois en tension ne peut prospérer quand le pays a plus de 5 millions de chômeurs. Il nous faut, par une politique incitative, permettre aux chômeurs de se former et d'occuper ces emplois en tension. Nous ne pouvons plus accepter que la majeure partie des migrants considèrent la France comme un guichet social où l'on pose ses valises et où l'on bénéficie des avantages sans jamais avoir cotisé et bien souvent, sans le respect de ceux qui les accueillent. 

- Comment envisagez-vous de représenter les intérêts des Corses au Parlement européen ?
- Notre seule boussole doit être l'intérêt général.


- Quel est le dossier corse le plus urgent que vous souhaitez défendre à Bruxelles 
- Comme je l'ai dit précédemment, le handicap de l'insularité et la cherté de la vie.


- Quelle serait votre position sur des dossiers tels que les transports, la PAC, la continuité territoriale pour la Corse ?
Concernant la Pac, même si beaucoup nous rejoignent aujourd'hui sur nos propositions d'imposer des clauses miroirs aux accords de libre-échange, nous favoriserons toujours le patriotisme économique.
En ce qui concerne les transports, nous sommes pour la mise à plat complète de l'enveloppe de continuité territoriale. En effet, celle-ci sert les intérêts de la grande distribution et non les intérêts des insulaires, car les entreprises de transports maritimes qui assurent le service public sont propriété de la grande distribution. Nous ne cachons pas que nous sommes pour une concurrence libre et non faussée au seul service des insulaires.

- Quelle est votre position sur l'autonomie de la Corse ? Comment cette question s'intègre-t-elle dans votre programme européen ?
La décentralisation en est toujours à l'âge de pierre. Elle n'a pas encore atteint sa plénitude. Il faut lui donner un second souffle pour permettre la respiration démocratique des territoires. Cela s'accompagne obligatoirement d'un pouvoir de contrôle pour empêcher les dérives mafieuses bien présentes dans l'île et les affairistes.
D'autre part, l'autonomie voulue par les nationalistes aura pour conséquences économiques et financières la fin des garanties collectives (santé, école, etc.) pour les plus démunis d'entre nous. Pour mémoire, la Corse compte 75000 personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. La situation actuelle à Nouméa nous montre qu'ils ont l'autonomie, les postes importants sont occupés par des indépendantistes et pourtant rien ne va. L'autonomie n'a pas apporté de solutions. Bien au contraire, elle a accentué les difficultés sur l'île. Les accords de Nouméa,  en gelant le corps électoral, privent des Français de leur droit de vote sur un territoire de la République. Tous ceux qui sont nés après 1994 sont privés de droit de vote. Il est curieux d'ailleurs que le parti La France Insoumise, qui exige le droit de vote des étrangers, ne se soucie pas des Français interdits de vote sur le territoire national. 
Les barons du nationalisme sont convertis à la macronie. Ils n'hésitent pas à afficher leur soutien. Ils ont les mêmes caractéristiques que Macron, ils sont comme l'eau, ils s'adaptent à tous les contenants. Mais cela ne fait pas une politique.
Enfin, nos propositions concernant cette question ont déjà été validées par le Bureau national du RN dont je rappelle que François à Filoni, délégué territorial, est membre. 

- Les députés corses ont eu souvent leur marotte. Quelle serait la vôtre ?
- Servir l'intérêt général 

- Travaillerez-vous en soutien avec la CdC ?
- Bien que nous soyons victimes de caricatures sans fondement, nous travaillerons avec tous ceux qui ont le cœur qui saigne pour la Corse.

- Comment comptez-vous travailler avec les autres députés européens, y compris ceux des autres groupes politiques, pour défendre les intérêts de la Corse et de la France ?
- Nous nous inspirons du Général de Gaulle qui, à la libération, a mis en place un gouvernement d'union nationale, au seul service du pays et de son redressement.