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Etablissements scolaires : L’Exécutif corse étudie la création d’un lycée et d’un collège dans le Grand Aiacciu


Nicole Mari le Dimanche 31 Octobre 2021 à 20:24

De nouveaux lycées sont-ils nécessaires en Corse pour faire face à la dynamique démographique ? C’est l’avis du groupe de droite U Soffiu Novu qui a interpellé l’Exécutif, lors de la session de l’Assemblée de Corse, jeudi dernier, sur une double proposition à Borgo et Porticcio. La conseillère exécutive en charge de la culture et de l’Education, Antonia Luciani, a annoncé que la Collectivité de Corse travaillait à la question dans la région du Grand Aiacciu où pointe le risque de saturation des collèges à horizon 2030. Et expliqué que l’urgence est moins prégnante dans le Grand Bastia. Sans pour autant s’engager sur les lieux d’implantation.



Archives CNI.
Archives CNI.
La création d’un nouveau lycée sur la commune de Borgu est une demande récurrente de la mairesse, Anne-Marie Natali, qui en a même fait, lors des dernières Territoriales, un enjeu électoral. Jeudi matin, en ouverture de la session de l’Assemblée de Corse, Charlotte Terrighi, maire de Vignale et vice-présidente de la Communauté de Communes Marana Golu, a, au nom du groupe U Soffiu Novu, interpellé l’Exécutif sur le sujet. « Le Sud de Bastia et principalement la Marana sont en pleine expansion et nécessitent un accompagnement renforcé pour doter le territoire des infrastructures adéquates au premier rang desquelles celles scolaires. L’engorgement routier et l’accroissement démographique au Sud de Bastia nous ont conduit, nous élus locaux, à envisager l’implantation d’un lycée sur le territoire, permettant aux élèves des collèges de Biguglia, Lucciana et Folelli de poursuivre leur cursus sans avoir à perdre un temps précieux dans les transports et les embouteillages. Un lycéen bastiais sur deux venant du Sud de la ville, la création d’un nouvel établissement au cœur de la Marana soulagerait les lycées existants et désengorgerait l’accès au cœur de ville ». Cela entrainerait de fait, ajoute-t-elle : « une meilleure répartition territoriale du corps enseignant et des élèves, avec à la clef une rationalisation des transports scolaires, une baisse de la pollution, un gain environnemental... ».
 
Des évidences !
Pour la conseillère territoriale de droite, le lieu d’implantation ne souffre d’aucune discussion : « Borgo est l’évidence. Les communes alentours, Biguglia et Lucciana, disposent toutes deux d’un collège. Borgo dispose d’un complexe sportif d’envergure près duquel le futur établissement pourrait être bâti, d’un accès existant avec la quatre-voies et les échangeurs... C’est logique territorialement, entre Bastia et la Casinca, au cœur de la Marana, que le futur lycée, soit implanté à Borgo ». Le Conseil municipal a, précise-t-elle délibéré en ce sens. Dans le même ordre d’idée, elle plaide pour la construction d’un lycée à Porticcio, commune d’une de ses colistières, et qui a fait également l’objet en décembre 2020 d’une délibération « adoptée à l’unanimité » du Conseil communautaire de l’Ornano-Taravu. Pour elle, là aussi, « c’est l’évidence ! ». Et d’argumenter : « Un lycée à équidistance entre les communes de l’intérieur et le littoral. La commune dispose d’un espace foncier qu’elle met à disposition pour la réalisation du projet. Des moyens de transport publics et scolaires existent déjà. Il y a deux collèges dans l’intercommunalité : Sainte-Marie-Sicchè et la Rive Sud. Ce dernier étant trop exigu et devant être reconstruit, l’idéal serait de bâtir une cité scolaire réunissant les deux ». Elle demande, donc, clairement à l’Exécutif, s’il est prêt à engager la Collectivité de Corse (CDC) sur cette double proposition.

Antonia Luciani.  Photo Michel Luccioni.
Antonia Luciani. Photo Michel Luccioni.
Un sujet prégnant
La réponse de la conseillère exécutive en charge de la culture et de l’Education, Antonia Luciani, est à l’aune : claire, mais à tempo modulé. Elle agrée totalement, sur le principe, le besoin de nouveaux établissements scolaires (EPLE), que ce soit en matière de collège ou de lycée, notamment dans le Grand Aiacciu. « Il est vrai que la dynamique démographique des bassins de vie d’Aiacciu et de Bastia impose une réflexion concernant la création de nouveaux établissements ». Elle cite « l’étude relative à la nouvelle sectorisation des collèges du grand Bastia et du Grand Aiacciu », réalisée par l’Exécutif et approuvée par l’Assemblée de Corse en décembre 2018, qui « a démontré le risque fort de saturation à horizon 2030 des collèges du grand Aiacciu. Pour la région bastiaise, la problématique de la saturation des collèges est apparue moins urgente, la construction d’un nouveau lycée également ». Même si, reconnait-elle, « un nouveau lycée dans une commune de l’agglomération bastiaise permettrait, sans doute, un désengorgement de l’entrée Sud de Bastia, mais aussi des transports scolaires plus courts et un gain environnemental ». C’est donc, résume-t-elle, « un sujet prégnant pour notre collectivité ».
 
Le remplacement du Finosellu
Ceci posé, Antonia Luciani fait un point sur les actions déjà engagées pour le grand Aiacciu. « Au regard de l’urgence, un premier groupe de travail, avec les services du rectorat, a été mis en place afin de réfléchir à la création d’un nouveau collège et le remplacement du lycée du Finosellu ». Et sur les pistes étudiées : soit la création d’un nouveau collège et d’un nouveau lycée de façon indépendante, soit « la création d’une cité scolaire afin de mettre en commun de nombreux équipements, comme la restauration ou l’hébergement », mais aussi, de façon concomitante, une réflexion sur la carte des formations professionnelles et leur répartition au sein des lycées ajaccien. « Les réflexions issues de ce groupe de travail sont, aujourd’hui, quasiment abouties et feront l’objet d’une présentation devant notre assemblée au début de l’année 2022 », annonce la conseillère exécutive. Avant de préciser que le même travail sera mené, l’an prochain, pour la région bastiaise. « A priori, il s’agirait d’avoir, au-delà de la création d’un nouveau lycée, une analyse globale à travers la carte des formations professionnelles et les problématiques d’hébergement, qui s’avèrent là aussi nécessaires, car la structuration d’un nouveau lycée dépend étroitement des formations dispensées – ateliers, laboratoires, salles spécialisées… - et doit, de plus, être complémentaire avec l’existant ».
 
Des emplacements à définir
Si, donc, Antonia Luciani confirme clairement que le Conseil Exécutif s’est engagé depuis plusieurs mois sur cette problématique de création de nouveaux établissements « parce qu’au regard de l’évolution de la population de Corse, le sujet est, en effet, incontournable », elle reste très prudente, voire évasive, sur leurs lieux d’implantation. « Nous avons été saisis par d’autres communes pour des demandes d’implantation d’établissement sur leur territoire », révèle-t-elle. « Les espaces fonciers disponibles et les facilités d’accès pour le plus grand nombre d’usagers seront des paramètres fondamentaux. La construction d’un établissement, sans anticipation des problématiques de desserte routière, ferroviaire, accès piéton, et de parking, ne doit plus se reproduire », prévient-elle, en faisant référence au collège du Stilettu. « Avant de nous engager sur le choix des lieux d’implantation, il apparaît donc important de recenser, dans les bassins de vie concernés, les différentes communes susceptibles de répondre à ces priorités, puis d’engager, avec l’ensemble des acteurs impliqués, une réflexion permettant de définir le lieu d’implantation le plus pertinent ». Autrement dit, les évidences ne s’imposent pas à tout le monde de la même façon !
 
N.M.