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En Corse, près de 12 000 chasseurs ont repris le sentier des battues au sanglier


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 29 Août 2022 à 17:46

Les chasseurs corses de sangliers ont retrouvé le sentier des battues depuis le 15 août. Deux semaines après le début de la saison, près de 12 000 d’entre eux ont renouvelé leur permis de chasse pour une nouvelle année marquée par des conditions climatiques particulières.



Les sangliers s'aventurent toujours plus dans les exploitations agricoles et au cœur des villes. Photo d'illustration
Les sangliers s'aventurent toujours plus dans les exploitations agricoles et au cœur des villes. Photo d'illustration

La chaleur, ils connaissent. Comme chaque année à la mi-août, les passionnés de la chasse aux sangliers se retrouvent avant l’aube, plusieurs fois par semaine, pour régler les derniers détails de la battue à venir. La température est alors clémente. “C’est toujours comme ça au début de la saison. Les battues commencent et se finissent tôt, vers 10h”, explique Ange Manenti, président de la fédération des chasseurs de Corse-du-Sud. Mais cette année, il l’avoue, “les conditions climatiques compliquent encore un peu les choses”. 
 

La sécheresse, les vagues de chaleur à répétition de cet été et l’absence de pluie ont modifié les territoires de chasse et les habitudes. “En montagne ça peut aller mais en plaine il n’y a pas d’eau et les chiens souffrent beaucoup. Certaines équipes ont réduit le nombre de leurs battues par semaine”, indique Ange Manenti. En Haute-Corse, le constat est le même pour le président de la fédération de Haute-Corse Jean-Baptiste Mari : “les chiens morflent !”. 
 

La nature en général aussi. Et cela, les chasseurs en sont bien conscients. S’ils disposent d’une sensibilisation naturelle à la protection de leur environnement, cette année, la prudence face aux incendies est des plus fortes. “Dans certains endroits très secs, les chasseurs ne se sont pas risqué à faire des battues pour éviter de déclencher accidentellement un incendie”, explique Ange Manenti. 

 

Près de 12 000 permis renouvelés

Mais grâce aux pluies de ces dernières semaines, la majorité des 12 000 chasseurs à avoir renouvelé leur permis avant l’ouverture ont pu se retrouver pour exercer leur passion. Sans toutefois oublier les deux années de crise sanitaire passées. “Il y a encore des craintes par rapport au Covid”, note Jean-Baptiste Mari. L’heure n’est pas encore totalement aux retrouvailles autour des apéritifs et des repas fraternels d’après battues. “Il fait encore trop chaud et mieux vaut éviter de trop se rapprocher pour le moment”, précise Ange Manenti. 
 

78 % de taux de réussite au permis de chasse en Corse-du-Sud
 

Pas de quoi effrayer les nouveaux venus dans le monde de la chasse au sanglier. Ils seraient entre 150 et 180 nouveaux chasseurs par an en Corse-du-Sud grâce à un taux de réussite de 78 % au permis de chasse selon Ange Manenti. Dans le Nord, Jean-Baptiste Mari décèle “une très légère érosion du nombre de chasseurs mais en général, les départs et les arrivées s’équilibrent”. 

 

“Question sanglier c’est l’abondance !”

De la relève il en faudra bien. Tout d’abord pour perpétuer des traditions ancrées dans la culture rurale insulaire mais également pour veiller à remplir la mission de régulation d’une espèce toujours plus en expansion. “Les sangliers se multiplient toujours plus. Environ 18 000 ont été prélevés en Haute-Corse la saison dernière et encore, certains ne déclarent pas leurs prises”, indique Jean-Baptiste Mari. La tendance s’est confirmée dès l’ouverture du 15 août. “Les équipes à n’avoir rien prélevé sont extrêmement rares. Question sanglier c’est l’abondance !”, s’exclame Ange Manenti. 
 

Opportuniste, le sanglier n’hésite pas à saccager les potagers et exploitations agricoles mal clôturées et s’aventure de plus en plus près des centres urbains pour trouver de la nourriture facilement. “Le problème est qu’ils peuvent également véhiculer des maladies graves”, s’inquiète Ange Manenti. Dans le viseur des chasseurs, la peste porcine africaine qui a été détectée en Italie en janvier 2022 et qui est aux portes des Alpes françaises. “Si cela arrive en Corse et se transmet entre les sangliers et les exploitations porcines ce sera une hécatombe”, prévient Jean-Baptiste Mari.